Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

grossesse (suite)

L’hydramnios aigu est rare. Il se manifeste précocement, entre le 4e et le 6e mois, et très rapidement. Étant très abondant (il peut atteindre 10 litres), il est éclatant dans ses manifestations. Le volume abdominal est énorme, sans rapport avec l’âge de la grossesse ; la peau de l’abdomen est tendue, luisante et parcourue d’une circulation collatérale. L’hydramnios aigu est toujours le témoin d’une grave anomalie fœtale. Dans la majorité des cas, l’évolution se fait vers l’avortement par rupture prématurée des membranes, soulageant immédiatement la femme et donnant naissance à un enfant non viable ou à deux fœtus de jumeaux univitellins mono-amniotiques.

L’hydramnios chronique est dix fois plus fréquent que l’hydramnios aigu. Il est tardif et ne se manifeste pas avant le dernier trimestre. Il ne met pas en danger la vie de la mère, mais, là encore, le pronostic fœtal doit être réservé. Près de la moitié des hydramnios chroniques reste sans cause reconnue ; quant à l’autre moitié des cas, ils peuvent être dus au diabète maternel, à une grossesse gémellaire, à la maladie hémolytique par incompatibilité Rhésus ou à des malformations fœtales.

4. Pathologie du cordon ombilical.

La pathologie du cordon ombilical est dominée par les accidents susceptibles d’entraver l’apport de sang oxygéné au fœtus et de mettre ainsi en danger sa vie. Les anomalies de longueur (brièveté ou, au contraire, excès de longueur) de même que les déplacements (procidence) n’ont guère de conséquences pendant la grossesse. Par contre, un nœud du cordon peut se former précocement, vers le 4e mois, à la suite d’un déplacement du fœtus, passant tout entier dans une boucle ; ce nœud peut entraîner la mort pendant la grossesse.

• Maladie gravidique précoce. C’est un syndrome caractérisé par des vomissements qui peuvent être simples ou très graves et s’accompagnant de troubles nutritionnels considérables. La théorie neuropsychogénique de ces vomissements semble prouvée par les résultats obtenus par la seule modification du milieu de la malade et sa mise en confiance. Le pronostic fœtal n’est jamais en cause. Les vomissements s’accompagnent souvent d’une hypersécrétion salivaire (ptyalisme) qui peut dépasser 1 litre par jour.

• Maladie gravidique tardive. C’est une maladie purement fonctionnelle, caractérisée par une triade faite d’albuminurie, de prise de poids anormale ou d’œdème et d’hypertension artérielle. Sa fréquence est grande, puisque, chez 5 p. 100 des femmes, on retrouve au moins l’un des signes de la triade à la fin de la grossesse. Elle atteint en général des primipares jeunes dans le dernier trimestre de la grossesse et est favorisée par le froid humide, le surmenage, la fatigue et les repas trop copieux.

L’évolution vers la stabilisation ou l’amélioration est la règle lorsque la maladie est dépistée et reconnue. Lorsque celle-ci est passée inaperçue, que le traitement n’a pas été suivi, des complications peuvent survenir.
1o L’enfant peut souffrir dans son développement. Il peut mourir soudainement in utero lorsque la maladie a évolué longtemps avec un taux élevé d’albuminurie. Sans mourir, il peut naître maigre et chétif (fœtus « araignée »).
2o La mère peut présenter des accidents paroxystiques du type éclampsie convulsive ou apoplexie utéro-placentaire. L’éclampsie est un état convulsif survenant par accès à répétition, suivi d’un état comateux. Fréquente autrefois, elle est devenue rare depuis le contrôle systématique du poids, de la tension artérielle et des urines chez les femmes enceintes. Pendant la grossesse, elle déclenche souvent l’accouchement. L’enfant est exposé à mourir in utero. L’apoplexie utéro-placentaire est un syndrome également paroxystique, allant du simple décollement du placenta par un hématome rétro-placentaire jusqu’aux raptus hémorragiques atteignant toute la sphère génitale. Elle se manifeste brutalement par une douleur abdominale vive, une hémorragie utérine modérée faite de sang noir et un état de choc. L’utérus, extrêmement hypertonique, est d’une dureté ligneuse, et la disparition des bruits du cœur fœtal témoigne de la mort du fœtus. La mort de la mère est devenue exceptionnelle, mais elle peut encore survenir du fait de l’apparition de phénomènes d’incoagulabilité sanguine ou d’anurie.

• Incompatibilité fœto-maternelle liée au facteur Rhésus. Cette maladie est la conséquence d’un phénomène d’immunologie : elle est conditionnée par la formation, dans le sang de la mère, d’anticorps (anti-Rhésus) suscités par la présence d’un antigène (absent dans ses propres hématies) dans les hématies de son fœtus. Cet antigène est le facteur Rhésus. Identifié vers 1940 par Karl Landsteiner, il est présent chez 85 p. 100 des êtres humains ; 15 p. 100 des humains en sont donc dépourvus et sont dits « Rhésus négatifs ». Seules les femmes Rhésus négatifs porteuses d’un enfant Rhésus positif, donc fécondées par un mari Rhésus positif, peuvent présenter la maladie. Les troubles affectent rarement la mère, mais frappent le fœtus et l’enfant. Des progrès récents considérables ont diminué la gravité, autrefois redoutable, de la maladie : exsanguino-transfusion à la naissance des enfants atteints ; surveillance des taux d’anticorps dans le sang maternel et des taux de bilirubine dans le liquide amniotique prélevé par ponction ; prophylaxie par injection de gammaglobulines anti-Rhésus aux mères. (V. transfusion.)


Maladies surajoutées à la grossesse

• Maladies infectieuses. D’une façon générale, la grossesse aggrave les maladies infectieuses. Celles-ci peuvent entraîner l’interruption de la grossesse ou avoir des répercussions sur le développement de l’enfant. Les perturbations de l’embryogenèse sont une menace grave au cours des trois premiers mois. En ce qui concerne la rubéole, la vaccination fera, dans un avenir proche, disparaître les risques de malformations. La tuberculose convenablement traitée n’est pratiquement pas aggravée par la grossesse ; l’avenir de l’enfant surveillé, isolé et vacciné (B. C. G.) est bon.

• Cardiopathies. Le taux de mortalité des cardiaques enceintes a été réduit considérablement à la suite des progrès médicaux (meilleure observation du repos et de la diététique) et des progrès chirurgicaux, qui permettent d’intervenir sur le cœur au cours même de la grossesse.

La grande majorité des cardiaques peut donc supporter sans risques une grossesse, à condition d’accepter une surveillance stricte.