Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

grossesse (suite)

Anomalies de la grossesse


Anomalies de nombre

La grossesse gémellaire est définie par le développement simultané de deux fœtus dans la cavité utérine. La fréquence en est sensiblement de 1 p. 100.

Dans la grossesse gémellaire biovulaire, il y a à l’origine deux ovules différents, fécondés chacun par un spermatozoïde, provenant d’un même coït ou de deux coïts successifs, et aboutissant au développement ultérieur de deux œufs différents, qui ne seront que contigus dans l’utérus. Ce sont les « faux jumeaux », ayant chacun un patrimoine héréditaire différent et pouvant être de sexes opposés. Chaque œuf a son placenta propre et son sac membraneux complet.

Dans le cas de la grossesse gémellaire uniovulaire, un seul ovule est fécondé par un seul spermatozoïde. La division de l’embryon est postérieure à la fécondation, et la date de cette division est variable et influe sur la disposition des membranes de l’œuf. Les deux fœtus (« vrais jumeaux ») provenant d’une fécondation unique ont donc un patrimoine génétique identique et sont obligatoirement de sexes identiques.

L’hérédité des grossesses gémellaires atteint ces deux formes de gémellité, mais les grossesses biovulaires sont plus fréquentes que les uniovulaires. La grossesse gémellaire, quel que soit son type, est marquée par une fatigue maternelle plus importante et des mouvements actifs fœtaux plus nombreux. L’abdomen est spécialement globuleux. La mensuration utérine peut avoisiner 40 cm à terme. La palpation du médecin peut permettre de reconnaître une tête ou un siège supplémentaires. Par contre, l’audition de deux foyers distincts de battements cardiaques est rarement possible. En fait, c’est l’examen radiographique qui, dès qu’il peut être pratiqué, permet le diagnostic. L’évolution de la grossesse gémellaire nécessite une surveillance spéciale. Elle va en effet rarement jusqu’au terme. L’accouchement prématuré ou même l’avortement sont fréquents et justifient un repos particulier pendant les derniers mois. Enfin, l’albuminurie, les œdèmes et l’hypertension artérielle menacent sérieusement les grossesses gémellaires.

Les grossesses triples et les grossesses à fœtus multiples sont beaucoup plus rares. Dans la grossesse triple, il peut s’agir soit d’une triovulaire, soit de l’association d’une gémellaire uniovulaire avec un œuf en plus ; rarement d’une triple uniovulaire.


Anomalies de siège

• Le lieu de la nidation de l’œuf est généralement situé au voisinage du fond de l’utérus et sur l’une de ses faces. La nidation dans un des angles de l’utérus, au voisinage d’une corne utérine, détermine une grossesse angulaire. Au début, le développement utérin est irrégulier. La corne gravide fait une saillie parfois apparemment séparée du corps utérin. Mais, très vite, la grossesse angulaire évolue vers la cavité utérine, et l’utérus se régularise. Elle peut, cependant, donner des hémorragies et évoluer vers un avortement. La grossesse extramembraneuse est une éventualité rare, qui s’observe lorsque s’est produite une rupture anormale, avant le 5e mois, de la poche des eaux destinée à protéger le fœtus. Celui-ci peut alors franchir l’orifice par où s’est écoulé le liquide amniotique et se développer en dehors des membranes, directement au contact de la muqueuse de l’utérus, mais toujours à l’intérieur de lui.

• En dehors de l’utérus se produisent les grossesses extra-utérines. Avec une fréquence, en effet, non négligeable (1 fois sur 150), l’œuf fécondé peut se greffer avant d’avoir atteint la cavité utérine. Il peut se développer dans l’ovaire lui-même ou à sa surface (grossesse ovarienne), ce qui est exceptionnel. Il peut se développer aussi, mais rarement, dans la cavité abdominale, sur le péritoine (grossesse abdominale). Le plus souvent, il s’arrête dans la trompe (grossesse tubaire), soit au niveau de son pavillon, soit au niveau de l’ampoule, ou encore au niveau de l’isthme. Cette dernière variété représente les neuf dixièmes des grossesses extra-utérines.

Il faut remarquer, cependant, que toute grossesse est extra-utérine à son début, puisque la fécondation se fait normalement dans le tiers externe de la trompe et que l’œuf fécondé met quelques jours pour arriver dans la cavité utérine. Les obstacles à la migration normale peuvent être réalisés par une malformation, une inflammation plus ou moins latente ou une obstruction de la trompe. Il n’est donc pas étonnant que cet accident survienne plus volontiers chez les femmes jusque-là stériles.

Les conséquences de cette implantation anormale de l’œuf sont graves. Les villosités placentaires perforent la mince paroi de la trompe, non préparée, comme la muqueuse utérine, pour recevoir les crampons placentaires. L’œuf, en grossissant, distend de plus en plus la trompe. Ces deux mécanismes entraînent la fissuration, puis l’éclatement de la trompe. L’œuf meurt, et la trompe, ainsi dilacérée, saigne dans la cavité abdominale, ce qui provoque une hémorragie interne grave.

La symptomatologie de la grossesse extra-utérine à son début n’est pas très marquante. Les troubles qui inquiètent la malade sont des perturbations menstruelles, des douleurs dans le bassin et des syncopes.

On peut croire à une autre affection gynécologique, telle qu’un avortement, une salpingite ou un kyste de l’ovaire, ou même à une affection chirurgicale telle qu’une occlusion ou une péritonite.

Les tests biologiques de la grossesse sont caractérisés par des taux de prolans très faibles en raison des difficultés de développement que connaît l’œuf extra-utérin. Actuellement on a recours au moindre doute à la cœlioscopie, examen endoscopique du petit bassin, qui permet de voir la trompe elle-même et d’affirmer ainsi de façon quasi irrécusable la localisation extra-utérine de la grossesse. Dès que le diagnostic est porté, l’intervention s’impose. La présence d’une grossesse en évolution dans une trompe constitue en effet « une véritable grenade amorcée dans le ventre ».