Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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grossesse (suite)

Anatomie de la femme enceinte


Cavité utérine et fœtus

La cavité utérine est comparable à un sac ovoïde à grosse extrémité supérieure et à petite extrémité inférieure. Le col est appendu au bas du sac, dont les parois musculaires convergent vers lui. Celles-ci représentent le moteur qui mettra en mouvement tout le mécanisme de l’accouchement. Le fœtus est situé à l’intérieur d’un œuf dont les parois sont formées par les membranes et le placenta ; il baigne dans le liquide amniotique, où il se tient recroquevillé et fléchi pour tenir le moins de place possible. Comme le sac utérin est plus large en haut qu’en bas, il a placé sa tête en bas, tandis que le siège et les membres inférieurs, repliés, occupent la partie haute, plus vaste. Cette attitude logique réalise l’accommodation du fœtus à la forme et aux dimensions de la cavité utérine.


Les voies d’évacuation de l’utérus

Le fœtus ne pourra s’échapper de l’utérus que par un seul orifice : le col. À celui-ci fait suite le vagin puis enfin la vulve. Le passage ne sera évidemment possible que si ce canal musculo-élastique se dilate. Celui-ci ne pourra, cependant, pas se dilater en toute liberté, car ses parois, en s’étendant de façon démesurée, après avoir refoulé le rectum et la vessie, prendront bientôt contact avec le mur osseux circulaire que représentent les parois du bassin. Ainsi, il ne passera à travers ce canal musculo-élastique que ce que le canal pelvien osseux pourra laisser passer aussi.

La gestation, en raison des modifications qu’elle entraîne dans l’organisme maternel, s’accompagne d’un cortège de symptômes dont l’intensité est variable, mais qui ne peuvent être tous considérés comme pathologiques. Il est donc souvent difficile de tracer une limite exacte entre le domaine de la grossesse normale et celui de la grossesse pathologique.


Grossesse normale

On peut admettre qu’une grossesse normale est une grossesse qui évolue jusqu’à son terme sans provoquer chez la mère d’altérations ou de troubles organiques, tout en assurant à l’enfant son plein développement. Elle dure de 270 à 280 jours, avec de petites variations en plus ou en moins, suivant les femmes.


Diagnostic de la grossesse

• Signes cliniques dans les premiers mois.
La survenue d’une grossesse a trois sortes de conséquences sur l’organisme maternel.
1. L’ovulation et la menstruation (les règles) sont supprimées, et il n’y a plus de cycle menstruel. La suppression des règles est donc le signe majeur de la grossesse, mais à condition qu’elles aient été normales auparavant dans leur date, leur durée et leur aspect. Une femme enceinte ne peut, en principe, avoir de menstruation, et toute perte de sang doit faire évoquer une anomalie.
2. La présence d’un œuf vivant entraîne des modifications générales de l’organisme maternel. Ce sont surtout des troubles subjectifs, apparaissant à la fin du 1er mois et cessant dans le courant du 4e. Les principaux sont les troubles digestifs, consistant en vomissements survenant le matin au réveil, au moment où la femme se déplace, ou en un état nauséeux plus ou moins marqué et accompagné ou non de salivation excessive. Il peut exister aussi une constipation et des brûlures gastro-œsophagiennes. Des troubles sympathiques peuvent aussi exister, consistant en bizarreries du goût et de l’odorat, en troubles du sommeil, en envies fréquentes d’uriner, tous signes évoquant une origine neuro-endocrinienne. Ces troubles ne sont jamais suffisants à eux seuls pour établir le diagnostic de grossesse et peuvent manquer.
3. Le développement de l’œuf entraîne enfin des modifications des seins et de l’utérus. Le gonflement et la tension des seins constituent l’un des signes les plus précoces de la grossesse. La peau en est tendue, et il s’y développe un réseau veineux et parfois quelques vergetures. L’aréole qui entoure le mamelon s’élargit, se pigmente et porte de petites saillies, en rapport avec la prolifération des glandes sébacées de la région, que l’on appelle les tubercules de Montgomery. Les modifications de l’utérus ne peuvent être reconnues à ce stade que par le médecin, en pratiquant un toucher vaginal associé au palper de l’abdomen. Le signe capital est l’augmentation de volume du corps utérin, qui apparaît en outre élastique, ramolli et qui se contracte sous la main.

• Signes biologiques.
Dans les cas où il est important de préciser rapidement le diagnostic, les examens de laboratoire viendront compléter l’examen du médecin.

Le diagnostic biologique de la grossesse est fondé sur la mise en évidence, dans les urines ou le sérum de la femme supposée enceinte, de gonadotrophines, ou « prolans », sécrétées par le placenta. On peut mettre ces hormones en évidence de deux façons : soit en recherchant leur action sur des animaux de laboratoire (souris, grenouille ou lapine), dont le tractus génital se modifie ; soit en les recherchant par des méthodes immunologiques, beaucoup plus précises et plus rapides. Ces dernières méthodes reposent sur l’inhibition, par les gonadotrophines présentes dans le sang ou les urines d’une femme enceinte, de la réaction d’agglutination qui se produit normalement entre des hématies tannées ou des particules de latex enrobées de gonadotrophines et mises au contact d’un sérum « antigonadotrophine » préparé par injection de gonadotrophine à des animaux tels que le lapin ou le cobaye. Ce test immunologique s’est imposé récemment du fait de sa facilité d’exécution, de sa rapidité et de son faible prix de revient. Il ne peut être pratiqué en France que sur ordonnance médicale et après présentation de la carte d’identité.

Les œstrogènes et la progestérone, hormones sexuelles sécrétées par le corps jaune gravidique de l’ovaire pendant le premier trimestre, puis par le placenta dans le dernier semestre, augmentent progressivement tout au long de la grossesse. Le dosage de ces hormones est moins utile pour le diagnostic de la grossesse que pour la surveillance ultérieure de la vitalité de l’œuf.