Grisons (suite)
La décadence de l’Empire incite l’évêque de Coire, au xive s., à reconnaître secrètement l’allégeance de l’Autriche. En 1367, pour défendre leur indépendance, les chapitres de Coire, la noblesse de l’évêché et les vallées s’unissent : c’est la ligue de la Maison-Dieu (Gotteshaus Bund), qui, gagnant progressivement de nouveaux adhérents, est étendue à toutes les vallées rhétiennes, donnant naissance en 1395 à la ligue Supérieure (Oberer Bund), ou ligue Grise (Grauer Bund), et en 1436 à la ligue des Dix Juridictions (Zehngerichte Bund).
Dès 1471, mais surtout après le traité de 1524, les trois ligues (Graubünden) font alliance, mettent peu à peu fin au régime féodal et forment une fédération dirigée par une Diète (Bundestag) et un Comité (Beitag). La menace autrichienne incite la fédération des ligues grisonnes à signer des traités d’alliance avec d’autres cantons suisses ; celle-ci participe victorieusement à la guerre de Souabe, mais demeure longtemps autonome, en marge de la Confédération.
La Réforme protestante pénètre aisément chez les Grisons ; dès 1526, la Diète déclare l’évêque de Coire déchu de son pouvoir temporel, mais proclame la liberté de conscience. Au xvie et au xviie s., les Grisons — à propos de la possession du duché de Milan, de la Valteline et des passages alpins — se divisent en parti autrichien-espagnol et en parti franco-vénitien. Ces luttes intestines profitent d’ailleurs aux Habsbourg, qui s’emparent de la basse Engadine, mais qui, à la suite d’une révolte paysanne (1622) et de l’intervention française, sont chassés (1624). Le duc de Rohan* reconquiert la Valteline (1635).
Les traités de Westphalie (1648) reconnaissent l’indépendance des Grisons, à qui l’Autriche reconnaît la possession de la Valteline, de la basse Engadine, de Bormio et de Chiavenna. Mais la Valteline est annexée à la république Cisalpine — donc à l’Italie — le 22 octobre 1797.
L’Acte de médiation (1803) a pour résultat l’entrée définitive des Grisons dans la Confédération helvétique. La Constitution cantonale conserve la division en trois ligues, mais la Diète est remplacée par un Grand Conseil, le Comité par un Petit Conseil permanent, le Congrès par une Commission d’État.
Les Constitutions de 1814 et de 1854 introduisent dans le canton des Grisons la division administrative moderne en districts, cercles et communes.
P. P.
M. Schmid, les Grisons (Erlenbach, 1960). / R. Weiss, Dos Alpenwesen Graubündens Wirtschaft, Sachkultur, Recht, Älplerarbeit und Älplerleben (Erlenbach, 1964).