Greco (Dhomínikos Theotokópoulos, dit le) (suite)
Le Greco reprend alors ses thèmes anciens, les figures de saints — que son atelier multiplie par ailleurs pour répondre à la demande pressante d’une vaste clientèle — et les scènes religieuses traditionnelles, comme l’annonciation, l’adoration des bergers, la Pentecôte, pour en faire autant de recherches picturales. On mesure l’importance des « transfigurations » qui s’ensuivent en comparant les premières et les dernières versions de thèmes comme le Christ au jardin des Oliviers, une composition à laquelle le peintre a réservé quelques-unes de ses plus grandes hardiesses d’expression (église d’Andújar) et surtout le Christ chassant les marchands du Temple. Encombré d’architectures et d’accessoires à l’origine, ce sujet se dépouille pour n’être plus en définitive que rythme et lumière (National Gallery de Londres).
Les dernières œuvres, celles qui précèdent de peu la mort, survenue en 1614, sont aussi celles où le vieux maître concentre le plus son imagination pour explorer cet au-delà vers lequel il se savait déjà en route (Vision de saint Jean, Metropolitan Museum de New York).
L’effort solitaire du Greco s’est soldé par d’étonnantes conquêtes picturales. D’une certaine manière, il anticipa sur les recherches de nos peintres modernes. Ceux-ci ne s’y sont d’ailleurs pas trompés, qui ont vu en lui le plus étonnant des précurseurs.
M. D.
M. B. Cossio, El Greco (Madrid, 1908 ; 2 vol.). / M. Barrès, Greco ou le Secret de Tolède (Emile-Paul, 1912). / A. L. Mayer, El Greco (Berlin, 1931). / J. Camón Aznar, Dominico Greco (Madrid, 1950 ; 2 vol.). / A. Vallentin, El Greco (A. Michel, 1954). / P. Guinard, Greco (Skira, 1956). / G. Marañon, El Greco y Toledo (Madrid, 1956). / F. J. Sánchez Cantón, Greco (Rome, 1961). / H. E. Wethey, El Greco and his School (Princeton, 1962 ; 2 vol.). / A. Emiliani, le Greco (Novara et Larousse, 1967). / E. Lafuente-Ferrari, Il Greco di Toledo e il suo espressionismo estremo (Milan, 1969). / Greco (Flammarion, 1971).