Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Grèce (suite)

Aux élections du 16 février 1964, il affermit encore sa position et, rappelé comme Premier ministre, il obtient une large confiance (30 mars). Mais la mort du roi Paul Ier et l’avènement de Constantin II, qui lui est peu favorable, sa politique extérieure hostile à l’Enossis » et surtout l’entrée dans son cabinet de son fils Andhréas (né en 1919) créent une tension telle qu’il démissionne le 15 juillet 1965 sur la demande du roi. Le leader centriste devient alors l’âme de l’opposition ; de violentes manifestations se déroulent en sa faveur.

Il est arrêté aux toutes premières heures du putsch du 21 avril 1967, puis libéré dès le mois d’octobre.


Le centre au pouvoir et le coup d’État

À partir du 11 juin 1963, la situation se fait un peu moins calme, et une crise plus importante que les autres amène une réaction sous forme d’un coup d’État.

• Période de l’union du centre (1963-1965)
Les élections du 3 novembre 1963 assoient la nouvelle position du centre, et celles du 16 février 1964 la confirment en lui assurant la majorité. Papandhréou est le grand vainqueur de ces consultations. Le 6 mars 1964, le roi Paul 1er meurt. Son fils, Constantin II, monte sur le trône et épouse, le 18 septembre, la princesse Anne-Marie de Danemark.

Papandhréou ne laisse pas ignorer son intention de faciliter l’instauration d’une démocratie de tendance sociale et de procéder à l’abolition des mesures autoritaires de son prédécesseur. Jouissant d’une assez large popularité, il gouverne dans le calme au cours de l’année 1964. Mais, dès le début de 1965, la question de Chypre* et ses nouveaux développements vont provoquer une crise grave, qui annonce déjà des réactions qui ne manqueront pas de se produire. L’affaire de Chypre, l’enquête sur le mouvement « Aspídha » et l’hostilité du jeune roi Constantin seront les causes principales de la démission du Premier ministre le 15 juillet 1965.

• La réaction (1965-1967)
La crise de juillet 1965 ne trouve sa solution qu’en septembre, avec le ministère Stéfanos Stefanópoulos (né en 1899), qui fait immédiatement preuve d’autorité. Le fils de G. Papandhrérou, Andhréas, est accusé de faire partie d’un mouvement d’officiers prônant un neutralisme de gauche, l’Aspídha (bouclier). Une enquête est menée, et vingt-huit officiers supérieurs sont convaincus de haute trahison et jugés en novembre 1966. Le mois précédent s’est ouvert le procès des assassins de Lambrákis. Un conflit aigu oppose le gouvernement à l’Église, des évêques ayant été élus sans autorisation préalable. Des manifestations se déroulent en faveur de G. Papandhréou, et le gouvernement de Stefanópoulos ne parvient pas à se rendre maître de la situation de façon satisfaisante. Au sein même du ministère, des dissensions au sujet de la question de Chypre se font jour, les uns soutenant Mgr Makários, les autres, son ennemi de toujours, le colonel, puis général G. Ghrivas.

Stefanópoulos démissionne en décembre 1966, quand il ne se sent plus soutenu par Kanellópoulos et l’E. R. E. ; douze officiers sont condamnés dans l’affaire de l’Aspídha, et le ministère Ioánnis Paraskevópoulos (né en 1900) ne dure que quelques mois. Kanellópoulos prend la tête du gouvernement, dissout la Chambre (14 avr. 1967) et annonce des élections pour la fin de mai.

Depuis Marathon, les soldats grecs connaissent la valeur de la rapidité. Le 21 avril, dans la nuit, tout est prêt pour offrir aux citoyens grecs, à leur réveil, la surprise d’un changement de régime. Un grand nombre de personnalités, dont G. Papandhréou, sont arrêtées, et tout se déroule très vite et sans effusion de sang. Konstándhinos Kóllias (né en 1901) est nommé Premier ministre, et le général Ghrighórios Spandidhákis (né en 1909), chef d’état-major de l’armée, ministre de la Défense nationale, Premier ministre adjoint. Participent aussi au putsch le général Stylianós Pattakós (né en 1912), le colonel Gheórghios Papadhópoulos (né en 1919), le colonel Nikólaos Makarézos. Le roi, mis devant le fait accompli, cautionne ce nouveau régime.


La stabilité dictatoriale

Les premières mesures de sécurité et de restriction sont peu à peu levées, sauf le couvre-feu et la censure. Une semaine après le coup d’État, le roi assure que la Grèce reviendra à un régime de gouvernement parlementaire et de démocratie véritable. Les colonels annoncent un référendum et une modification de la Constitution. En octobre, Kanellópoulos entre en résidence surveillée, alors que Papandhréou en sort.

Le 13 décembre, le roi essaie de reprendre les rênes du pays par un contre-coup d’État. Sa tentative échoue, et il s’embarque pour Rome. Le général Gheórghios Zoïtákis (né en 1910) est aussitôt nommé régent. Les colonels et généraux donnent leur démission de leurs fonctions militaires et forment un cabinet civil. Papadhópoulos devient Premier ministre. Une nouvelle Constitution, où le roi n’a plus que de très symboliques pouvoirs, est adoptée par référendum le 29 septembre 1968. Douze de ses articles sont momentanément suspendus. Alékas Panaghoúlis, auteur d’un attentat manqué contre Papadhópoulos, est condamné à mort en novembre 1968.

En avril 1969, le gouvernement annonce la mise en application de trois des douze articles de la Constitution suspendus. En octobre, c’est un retour à une certaine liberté de presse, à des garanties constitutionnelles, etc. La loi martiale instituée en avril 1967 est levée le 1er janvier 1972 sauf pour la région d’Athènes et les villes de Thessalonique et du Pirée.

Le 1er juin 1973, le roi est officiellement déposé ; le 29 juillet, un référendum fonde la IIer république grecque dont le chef, désigné pour huit ans, est G. Papadhópoulos, le vice-président étant le général Anghelis ; des mesures d’amnistie sont prises aussitôt.

Konstandínos Karamanlís

De souche paysanne, Karamanlís naît à Sérroi en 1907. Il débute au barreau et, dès 1935, se consacre à la politique. À partir de 1946, il exerce diverses fonctions ministérielles, notamment à la Défense nationale (1950), où il se révèle partisan de l’Alliance atlantique, et aux Travaux publics (1952). À la mort du maréchal Papághos (1955), il lui succède comme président du Conseil, déjà très populaire par les travaux d’utilité publique qu’il a entrepris (entre autres, voirie d’Athènes).

En 1956, il fonde l’Union nationale radicale (E. R. E.), qui regroupe la majeure partie des amis de Papághos. Premier ministre (oct. 1955 - mars 1958, mai 1958 - sept. 1961, nov. 1961 - juin 1963), il jouit de la confiance du roi et de l’armée ainsi que de l’appui des puissances alliées, appui renforcé par le règlement (1959) de la question cypriote au mieux de leurs intérêts.