Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Grèce (suite)

• Par-dessus tout, Venizélos — à défaut de la « Grande Idée » — veut appliquer, en accord avec Kemal Atatürk, une autre constante idéologique de son peuple : l’helléno-turquisme ; il pose les bases d’une fédération orientale gréco-turque, se rend à Ankara (oct. 1930), reçoit Ismet Inönü (1931) et refuse de soutenir le mouvement nationaliste cypriote. Mais les événements rendront impossible la réalisation de ce rêve.

• 1932 : la position de Venizélos est ébranlée par une grave crise monétaire ; la drachme est encore dévaluée ; la multiplication des partis rend difficile la vie politique ; Venizélos démissionne (mai), puis revient momentanément au pouvoir (juin-nov. 1932). Les élections de septembre renforcent la position de Panaghíis Tsaldháris (1867-1936), chef du parti populaire, vis-à-vis de Venizélos, leader des libéraux.

• 1933 : Tsaldháris forme coup sur coup (en janvier, puis en mars) deux cabinets de coalition qui encadrent un éphémère ministère Venizélos (janv.-mars).

• 1934 : un traité de défense balkanique est signé par Tsaldháris (févr.) ; c’est un coup porté à l’œuvre de Venizélos. Zaímis est réélu président de la République (avr.).

• 1935 : un coup d’État vénizélien en Crète échoue (mars). Venizélos part pour Paris, où il mourra un an plus tard. Kondhýlis forme un gouvernement favorable au retour du roi (juin) ; régent, il organise un plébiscite qui permet à Georges II de rentrer à Athènes (nov.). La Constitution de 1911 est rétablie.

• 1936 : l’anarchie politique favorise l’arrivée au pouvoir du général Ioánnis Metaxás (1871-1941), chef d’état-major général, qui, le 4 août, assume des pouvoirs dictatoriaux sous la menace d’un « complot communiste ». Il dissout le Parlement.


Metaxás et la Seconde Guerre mondiale (1936-1944)

• 1936-1941 : la dictature de Metaxás est efficace sur le plan administratif et économique. À l’extérieur, Metaxás essaie de maintenir la neutralité de la Grèce : traité de non-agression avec la Bulgarie (juill. 1938) ; garantie des frontières grecques par la Grande-Bretagne après l’annexion de l’Albanie par l’Italie (avr. 1939).

• Mais, le 28 octobre 1940, les Italiens envahissent la Grèce : le général Aléxandhros Papághos (1883-1955) les refoule en Albanie — partiellement occupée par les Grecs — jusqu’à ce que les Allemands — par la Bulgarie et la Yougoslavie — entrent à leur tour en Grèce (avr. 1941). Dès le 27 avril, Athènes tombe ; tout le pays et la Crète sont bientôt occupés.

• Metaxás mort (29 janv. 1941), son successeur se suicide, tandis que Georges II et le gouvernement Emmanouíl Tsoudherós (1822-1956) partent pour la Crète — un temps défendue par les Britanniques —, puis pour Le Caire.

• Les Allemands établissent en Grèce un gouvernement fantoche dirigé par le général Gheórghios Tsolákoghlou (1886-1948), mais la Résistance grecque se révèle singulièrement efficace. Cependant, la capitulation italienne (sept. 1943) ouvre une ère de conflits internes (communistes contre groupements rivaux). L’entente sera recréée un temps, lors de l’évacuation de la Grèce par les Allemands (net. 1944).

P. P.


La Grèce contemporaine


L’après-guerre (1944-1950)

L’après-guerre est caractérisée par le refus, de la part de la majorité des éléments composant la Résistance — d’obédience gauchisante, sinon communiste — d’un régime qu’elle n’aurait pas choisi, l’ingérence britannique dans les affaires du pays, le succès des royalistes et l’influence grandissante des États-Unis.

Les mouvements de résistance grecs (1941-1945)

E. A. M. (Front national de libération)

Fondé les 27-28 septembre 1941 par le K. K. E. (parti communiste), le jeune parti E. L. D. (Démocratie populaire), diverses personnalités et organisations syndicales, en même temps que son armée, l’E. L. A. S. (Armée nationale populaire de libération), comprenant également l’E. L. A. N. (marine de l’E. L. A. S.), l’E. P. O. N. (organisme de jeunesse), etc.

Créa le 10 mars 1944 le P. E. E. A. (Comité politique de libération nationale).

Centre d’activité principal : montagnes et campagne.

E. K. K. A. (Mouvement de libération sociale et nationale)

Fondé en 1942 par diverses personnalités militaires de tendance démocrate.

Chef : Dhimítrios Psarrós (1893-1944).

Activité : jusqu’en avril 1944 (assassinat de Psarrós).

Centre d’activité principal : région du mont Parnasse.

E. D. E. S. (Union nationale grecque démocratique)

Fondée à la même époque par le même genre d’officiers.

Chef : Napoléon Zérvas (1891-1957).

Centre d’activité principal : Épire.

• La libération et ses suites (1944-1946)
1944
Mars-avril : le P. E. E. A. tente de mettre en place un gouvernement par un ultimatum à Tsoudherós, Premier ministre.
26 avril : Gheórghios Papandhréou Premier ministre.
Mai : accords du Liban. Unification des partis et des forces de résistance acceptée en principe.
Septembre : les prétentions de l’E. A. M. - P. E. E. A. quant à sa participation au gouvernement se font moins dures. Les Britanniques reçoivent l’accord des Russes et des Américains pour faire de la Grèce une de leurs zones d’influence après la Libération. Ils appuient l’action de Papandhréou.
12 octobre : libération d’Athènes et du Pirée.
14 octobre : débarquement d’une brigade britannique sous les ordres du général Ronald Mackenzie Scobie, qui doit théoriquement prendre également le commandement des troupes de l’E. L. A. S., selon les accords de Caserte.
29 novembre : rupture entre l’E. A. M. et Papandhréou.
3 décembre : violentes manifestations à Athènes, réprimées non moins violemment. Les extrémistes de gauche entrent en lutte armée ouverte avec les forces britanniques.
Vers Noël : Churchill se rend à Athènes pour tenter de faire revenir le calme.
30 décembre : la régence est confiée à Mgr Dhamaskinós (1890-1949), métropolite d’Athènes.
1945
5 janvier : Athènes est évacuée par les troupes de l’E. L. A. S.
11 janvier : un armistice est signé avec les communistes. Mgr Damaskinós confie le gouvernement au général Plastíras.
12 février : accords de Várkiza, établis entre les Britanniques, le gouvernement Plastíras et 1’E. A. M. - E. L. A. S. Ils stipulent : le dispersement des troupes et la restitution des armes ; la démocratisation de l’armée et de la sécurité publique ; la création des conditions nécessaires à des élections générales.

Une campagne faite par les éléments de droite, avec des méthodes souvent violentes, se développe par tout le pays et ne cessera que vers les élections de 1946. Cette « terreur blanche », comme on l’a souvent appelée, n’est pas étrangère au déclenchement de la guerre civile.

La « campagne » des extrémistes de droite porte, si l’on peut dire, ses fruits, car les résultats des élections du 31 mars 1946 donnent 206 sièges, sur les 354 de la Chambre, à l’Union des nationalistes. Entre le mois de janvier et la fin mars, il n’y a pas moins de huit gouvernements.

Ces élections permettent de procéder à un plébiscite qui, le 1er septembre 1946, ramène sur le sol grec Georges II, qui meurt dès l’année suivante et est remplacé par son frère Paul Ier (avr. 1947).

• La guerre civile (1946-1950)
Les anciens résistants communistes de l’E. A. M. - E. L. A. S., munis des armes que, contrairement aux accords de Várkiza, ils n’ont pas restituées, se regroupent dans les montagnes du Nord et créent, le 28 octobre 1946, 1’« armée démocratique de la Grèce ».