Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Grèce (suite)

Les traités.
1. P. Hibeh 13 (1906) ; 280-240 av. J.-C. ; traité sur les effets moraux de la musique (Hippias d’Elis [?], un contemporain de Socrate) ; fragments recueillis sur deux momies.
2. P. Hibeh 231 (1955) ; vers 250 av. J.-C. ; traité de musique avec notation (?) ; provenant d’un cartonnage trouvé en 1903.
3. P. Tebtunis 694 (1933) ; iiie s. ; traité sur la musique.
4. P. Reinach 5 (1905) ; traité sur la musique ou dialogue philosophique (?) ; iie s. ; très petits fragments acquis à Gizeh.
5. P. Herculanum 1497 (découvert en 1752-1754) ; écrit à Athènes vers 50 av. J.-C. ; Philomène de Gadara (philosophe épicurien), De musica.
6. P. Oxyrhynchus 667 (1904) ; iiie s. apr. J.-C. ; Aristoxène (?) ; analyse de certaines échelles musicales.
7. P. Oxyrhynchus 9 (1898) et 2687 (1968) ; deux fragments d’un même livre trouvés à soixante-dix ans d’intervalle ; iiie s. ; Aristoxène (?), Éléments rythmiques (?).

Sources byzantines

Les Byzantins n’ont pas conservé pour leur usage la notation musicale grecque ; mais ils nous ont transmis, dans des manuscrits datés du xiie/xiiie - xvie s., trois hymnes et des traités.

Les partitions.
1. De Denys d’Alexandrie (?), un hymne à la Muse ; tétramètre iambique catalectique ; not. voc. : lydien.
2. 3. De Mésomède de Crète (vers 130 apr. J.-C.), un hymne au Soleil et un autre à Némésis ; dimètre anapestique catalectique ; not. voc. : lydien ; étudiés par V. Galilei dans Dialogo della musica antica e della moderna (Florence, 1581).

Les traités.
1. Aristote, ive s. av. J.-C. (ou Pseudo-Aristote) : Problèmes musicaux.
2. Aristoxène de Tarente (ive s. av. J.-C.), musicien, disciple d’Aristote : Éléments harmoniques. Quelques fragments des Éléments rythmiques.
3. Euclide, le géomètre (iiie s. av. J.-C.) : Division du canon.
4. Pseudo-Plutarque (50 av. - 50 apr. J.-C.) : le dialogue De la musique.
5. Cléonide le musicien (iie s. apr. J.-C.) : Introduction harmonique, attribuée, dans certains manuscrits, à Euclide le géomètre.
6. Claude Ptolémée, mathématicien (iie s. apr. J.-C.) : Harmoniques, complétées par le Commentaire de Porphyre de Tyr, iiie s. apr. J.-C.
7. Nicomaque de Gérase, pythagoricien (début du iie s. apr. J.-C.) : Manuel d’harmonique.
8. Sextus Empiricus, philosophe sceptique (vers 200 apr. J.-C.) : Contre les musiciens.
9. Aristide Quintilien, musicien (iie - iiie s. apr. J.-C.) : De musica.
10. Bacchios l’Ancien, musicien (iiie - ive s. apr. J.-C. [?]) : Introduction à l’art musical.
11. Gaudence, musicien (iiie - ive s. apr. J.-C. [?]) : Introduction harmonique.
12. Alypios, musicien (ive s. [?]) : Introduction musicale.
13. Boèce, philosophe (475/480 - 524) : Institution musicale (en latin).
14. Deux traités anonymes, publiés par J. F. Bellermann ; exemples musicaux en lydien instrumental.
15. Hê koinê hormasia, transmise à la fin des traités de Ptolémée, sorte de tablature citharodique (?), avec mention des mains droite et gauche ; not. voc. et instr. : lydien.

D. J.

 A. Böckh, De metris Pindari libri tres (Leipzig, 1811). / C. E. Ruelle, Collection des auteurs grecs relatifs à la musique (Firmin-Didot, 1870-1898 ; 6 vol.). / C. von Jan, Musici scriptores Graeci (Leipzig, 1895). / F. A. Gevaert et J. C. Vollgraff, les Problèmes musicaux d’Aristote (Hoste, Gand et Picard, 1903). / L. Laloy, Aristoxène de Tarente, disciple d’Aristote, et la musique de l’Antiquité (Soc. fr. d’impr. et de libr., 1904). / M. Emmanuel, « Grèce », dans Encyclopédie de la musique, sous la dir. de A. Lavignac et L. de la Laurencie (Delagrave, 1913). / Th. Reinach, la Musique grecque (Payot, 1926). / R. Winnington-Ingram, « Ancient Greek Music, 1932-1957 » (bibliographie critique) dans la revue Lustrum (1958). / E. Moutsopoulos, la Musique dans l’œuvre de Platon (P. U. F., 1959). / J. Chailley, l’Imbroglio des modes (Leduc, 1960). / R. A. Pack, Greek and Latin Literary Texts from Greco-Roman Egypt. (Ann Arbor, Michigan, 1963 ; 2e éd., 1965). / G. Prudhommeau, la Danse grecque antique (C. N. R. S., 1965 ; 2 vol.).
Pour les ouvrages parus depuis 1957, on consultera l’Année philologique (Paris, C. N. R. S.).


L’histoire de la Grèce de la période byzantine à nos jours


La Grèce byzantine

Le déplacement du centre de l’Empire romain de Rome à Byzance en 330 n’influa pas sur le sort des populations de la Grèce ; la période qui va jusqu’à la fin du ive s. n’est que la prolongation de la vie antique. Les razzias des Goths d’Alaric, des Huns d’Attila, puis des Goths de Théodoric* au ve s. ne seront que des péripéties : elles ne provoquent aucune coupure, ni ethnique, ni économique, ni politique. Depuis longtemps, les souvenirs éclatants du grand passé vont s’estompant : la population végète, le commerce périclite, des villes jadis florissantes tombent au rang de simples villages, d’autres sont désertées, toute la province est appauvrie et paraît vivre en léthargie. Le paganisme, désabusé, est surclassé par le christianisme, en pleine expansion intellectuelle et culturelle ; de surcroît, des empereurs, surtout Constance II (337-361) et Théodose II (408-450), prennent des mesures aptes à faire de Byzance le rendez-vous de la culture. Les trésors de la Grèce sont dilapidés : les uns servent à l’embellissement de la nouvelle capitale ; d’autres sont détruits par la nature, les Barbares ou les chrétiens. Son éloignement et son renom culturel épargnent un temps Athènes, où fleurissent des écoles philosophiques que même des chrétiens ne dédaignent pas de fréquenter, mais ce refuge du néo-platonisme païen était, à vrai dire, à peu près déserté quand l’empereur Justinien* ordonna sa fermeture par son édit de 529. Au vie s., la Grèce n’est qu’une modeste province, mais sa position excentrique ne la préservera pas des remous qui vont bouleverser ethniquement et politiquement la péninsule des Balkans.


Les invasions slaves

En 517, des tribus slaves (les Antes ?) razzient la Macédoine et la Thessalie jusqu’aux Thermopyles. Puis des masses sklavènes, branche des Slaves du Sud, poussées et encadrées par les Bulgares, foncent en 540 sur la Grèce et la dévastent jusqu’aux abords de Corinthe. Vers 561-62, de nouveaux venus, plus redoutables pour Byzance, les Avars, apparaissent sur le Danube : ils s’assujettissent les tribus sklavènes, qui joueront à leur profit le rôle de masse de manœuvre. Celles-ci, en raison de leur importance numérique, s’infiltrent partout et submergent presque toute la péninsule, mais elles ne se bornent plus à piller : elles commencent à s’installer dans les provinces romaines et représentent une menace grandissante. Thessalonique est assaillie par elles pour la première fois entre 584 et 586, puis assez fréquemment au cours des décennies suivantes. La ville résiste à tous leurs assauts, mais la région environnante reste aux mains des Sklavènes, dont le flot déferle sur la Thessalie « à pied, groupe par groupe, à petit bruit, à la faveur de la solitude qu’eux-mêmes avaient faite » (A. Rambaud), sur toute l’Achaïe, l’Épire et le Péloponnèse ; quelques bandes entraînées à la navigation passent dans les îles et débarquent même en Crète* en 623. Presque toute la Grèce est ainsi, lentement, pacifiquement et aussi très inégalement selon les régions, submergée par les Sklavènes : elle restera sous leur domination durant deux siècles et fera partie de la région dite « des Sclavinies », sans qu’il faille en conclure que la population autochtone ait été absorbée et que le territoire ait été entièrement slavisé. « Le pays fut largement occupé par des peuplades inorganiques, de civilisation inférieure et surtout agricole ou pastorale, peu guerrières, qui n’ont rien apporté au territoire sur lequel elles ont vécu ; occupation de fait, sans arrière-plan politique, sans programme de colonisation » (P. Lemerle). De fait, l’influence slave se limitera à la toponymie et il ne subsistera rien de la langue et de la religion des nouveaux venus. La population gréco-romaine trouva refuge dans des grandes villes, dans les régions côtières et les îles adjacentes ; sa présence permanente permettra plus tard à l’administration byzantine de reprendre pied dans le pays et de lui faire recouvrer son caractère grec.