Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Grèce (suite)

Néron s’exhiba dans les grands jeux, dont il décala les dates pour sa convenance personnelle. Il projeta de reprendre les travaux de percement d’un canal à travers l’isthme de Corinthe. Il proclama la liberté des Grecs, ce qui les dispensait du tribut. Vespasien devait réduire la portée de cette mesure. Trajan restreignit l’exportation de l’huile, qui ne faisait que l’affaire des gros marchands. Hadrien (117-138) séjourna à Athènes, qu’il combla de privilèges et où il fonda une fédération panhellénique destinée à célébrer les fêtes annuelles des panhellénies, et construisit des édifices (temple de Zeus Panhellenios, Olympieion). L’Attique, de son temps, redevenait prospère.


Le Bas-Empire et les Barbares

La paix de la Grèce devait être troublée prématurément par les invasions barbares. Aux environs de 170, les Costoboci, venus de Scythie, tondirent sur la Grèce. Ils allèrent jusqu’à Éleusis. En 267-269, les Goths pillèrent Athènes, Corinthe, Sparte. Sur mer, ils attaquèrent les îles et les côtes. En 396-97, Alaric vint à son tour ravager la Grèce pendant des mois : de nombreux habitants furent massacrés ou emmenés. À cette date, la Grèce faisait définitivement partie de l’empire d’Orient. La fondation de Constantinople (330) avait revigoré le commerce maritime en Égée, mais aussi drainé une nouvelle fois les richesses et les élites de la Grèce. C’était une rude concurrence pour Athènes, dont les intellectuels battaient par ailleurs en retraite, mais lentement, devant les progrès du christianisme. Malgré une évangélisation précoce, la Grèce ne se laissa christianiser que peu à peu, tant elle était orientée vers des traditions d’un autre âge. Sous Théodose (379-395), les païens subirent de violentes persécutions : les temples reçurent des destinations profanes, et les jeux Olympiques eux-mêmes furent interdits. Les écoles d’Athènes devaient être fermées en 529.

R. H.

➙ Achéens / Antigonides / Athènes / Bronze (âge du) / Corinthe / Crète / Délos / Delphes / Doriens / Grèce d’Asie / Grèce d’Occident / Hellénistique (monde) / Lagides / Macédoine / Médiques (guerres) / Parthes / Péloponnèse / Pergame / Rhodes / Rome / Séleucides / Sparte.
Voir également les biographies des principaux personnages de l’histoire grecque.

 G. F. Hertzberg, Die Geschichte Griechenlands unter der Herrschaft der Römer (Halle, 1866-1875, 3 vol. ; trad. fr. Histoire de la Grèce sous la domination des Romains, Leroux, 1887-1890 ; 3 vol.). / J. B. Bury, A History of the Greece to the Death of Alexander the Great (Londres, 1913 ; 3e éd., 1951). / G. Glotz, le Travail dans la Grèce antique (Alcan, 1920) ; la Cité grecque (A. Michel, coll. « Évolution de l’humanité », 1925 ; nouv. éd., 1968). / J. Kromayer et G. Weith, Heerwesen und Kriegsführung der Griechen und Römer (Munich, 1928). / W. W. Tarn, Hellenistic Civilisation (Londres, 1930 ; 3e éd., 1952 ; trad. fr. la Civilisation hellénistique, Payot, 1936). / P. Couissin, les Institutions militaires et navales de la Grèce (Les Belles Lettres, 1933). / V. Martin, la Vie internationale dans la Grèce des cités, vie-ive s. av. J.-C. (l’Institut, Genève, 1940). / M. Rostovtzeff, The Social and Economic History of the Hellenistic World (Oxford, 1941). / A. Aymard et J. Auboyer, l’Orient et la Grèce antique (P. U. F., 1953). / T. A. Sinclair, History of Greek Political Thought (Londres, 1953 ; trad. fr. Histoire de la pensée grecque, Payot, 1953). / A. Bonnard, Civilisation grecque (Clairefontaine, Lausanne, 1954-1959 ; 3 vol.). / H. Bengtson, Griechische Geschichte von den Anfängen bis in die römische Kaiserzeit (Munich, 1960 ; nouv. éd., 1968). / V. Ehrenberg, The Greek State (Oxford, 1960 ; 2e éd., 1969). / R. W. Hutchinson, Prehistoric Crete (Harmondsworth, 1962 ; nouv. éd., 1968). / C. W. Blegen, Troy and the Trojans (Londres, 1963). / F. Chamoux, la Civilisation grecque à l’époque archaïque et classique (Arthaud, 1963). / P. Lévêque, l’Aventure grecque (A. Colin, 1964) ; Empires et barbaries, iiie s. av. J.-C. - ier s. apr. J.-C. (Larousse et Libr. gén. fr., 1968). / W. Taylour, The Mycenaeans (Londres, 1964). / E. Vermeule, Greece in the Bronze Age (Chicago, 1964). / W. G. Forrest, The Emergence of Greek Democracy (Londres, 1965 ; trad. fr. la Naissance de la démocratie grecque, Hachette, 1966). / M. Meuleau (sous la dir. de), le Monde antique (Bordas et Laffont, 1965 ; 2 vol.). / P. Dewambez, R. Flacellière et P. M. Schuhl, Dictionnaire de la civilisation grecque (Hazan, 1966). / C. Mossé, le Travail en Grèce et à Rome (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1966) ; les Institutions grecques (A. Colin, coll. « U 2 », 1967) ; Histoire des doctrines politiques en Grèce (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1969). / N. Platon, Crète (Nagel, 1966). / E. Will, Histoire politique du monde hellénistique, 323-30 av. J.-C. (Berger-Levrault, 1966-1968 ; 2 vol.). / L. Gernet, Anthropologie de la Grèce antique (Maspéro, 1968). / J. A. O. Larsen, Greek Federal States. Their Institutions and History (Oxford, 1968). / G. et M.-F. Rachet, Dictionnaire de la civilisation grecque (Larousse 1968). / H. Van Effenterre, l’Âge grec, 550-270 av. J.-C. (Larousse et Libr. gén. fr., 1968). / J. P. Vernant (sous la dir. de), Problèmes de la guerre en Grèce ancienne (Mouton, 1968). / G. Lafforgue, la Haute Antiquité. Des origines à 550 av. J.-C. (Larousse et Libr. gén. fr., 1969). / G. Rachet, Archéologie de la Grèce préhistorique (Gérard, Verviers, 1969) ; l’Univers de l’archéologie (Gérard, Verviers, 1970 ; 2 vol.). / D. Kerschensteiner, Die mykenische Welt in ihren schriftlichen Zeugnissen (Munich, 1970). / N. Scoufopoulos, Mycenaen Citadels of Mainland Greece (Göteborg, 1970). / S. Hood, The Minoans, Crete in the Bronze Age (Londres, 1971). / M. Austin et P. Vidal-Naquet, Économies et sociétés en Grèce ancienne (A. Colin, coll. « U 2 », 1972).


La littérature grecque ancienne

La littérature grecque ancienne s’étend sur quinze siècles environ. Cette longévité exceptionnelle se double d’une richesse qui ne lest pas moins. Le génie grec est tel qu’il a su embrasser tous les genres et être aussi fécond dans l’exploitation de la veine épique, lyrique et dramatique que dans celle des grands mouvements de pensée qui agitent toute civilisation, que ce soit en histoire ou en philosophie. Ajoutons que ce peuple est un maître d’éloquence : si Démosthène paraît, à lui seul, dominer l’art oratoire, il est dans cette littérature toute une tradition de discours. Par ailleurs, outre leur perfection même, la nature de ces chefs-d’œuvre transmis par le temps est profondément originale. Sans doute la Grèce a-t-elle été constamment ouverte à des horizons nouveaux et sensible aux apports des autres nations : il reste que ses réussites ne proviennent que d’elle-même, que ses œuvres sont l’expression d’une pleine liberté et le fruit d’un caractère purement hellénique, et que ce qu’elle doit aux autres n’est rien en regard de ce qu’elle leur a donné.