Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Grande-Bretagne (suite)

En 1955, le cinéma britannique dans son ensemble est en pleine décadence. Pour lutter contre le traditionalisme essoufflé de la production courante, un mouvement se forme autour de Lindsay Anderson et Karel Reisz, le Free Cinema. Ce petit groupe, étroitement lié au mouvement littéraire des Angry Young Men (Jeunes* Gens en colère), se place sous la protection du néo-réalisme italien et du documentarisme de Grierson, se proposant d’exalter à la fois la liberté de l’individu et la signification profonde des réalités quotidiennes.

Tony Richardson avec les Corps sauvages (Look back in Anger, 1958) et Jack Clayton avec les Chemins de la haute ville (Room at the Top, 1958) précèdent Karel Reisz (Samedi soir, dimanche matin [Saturday Night and Sunday Morning, 1960]) et Lindsay Anderson (le Prix d’un homme [This Sporting Life, 1963]). Comme la nouvelle vague française, le Free Cinema est davantage un mouvement de protestation contre un système économique contestable et un conformisme artistique qu’une véritable école de théoriciens. Chaque réalisateur, après avoir assimilé les leçons du Free Cinema, retrouve sa propre individualité.

Dans les années 1960, le cinéma britannique dépend étroitement des capitaux américains, épousant par là même les fluctuations économiques des major companies. Mais le bilan artistique semble ne pas trop se ressentir de cet état de crise latente et d’instabilité. À côté des grands succès populaires (la série des James Bond, les films des Beatles), plusieurs auteurs se révèlent dont le talent semble fortement individualisé. En marge se situe l’Américain Joseph Losey*, qui, fuyant le maccartisme, est venu en Grande-Bretagne poursuivre une carrière très brillante (Temps sans pitié, l’Enquête de l’inspecteur Morgan, les Criminels, The Servant, le Messager). Mais Richard Lester (le Knack, 1964), Peter Brook (Marat-Sade, 1967), John Boorman (Leo the Last, 1969), Ken Russell (Love, 1970 ; Music Lovers, 1970 ; les Diables [The Devils, 1971]), Ken Loach (Kes, 1970 ; Family Life, 1972), John Schlesinger (qui, après plusieurs films tournés en Grande-Bretagne, a connu le succès international grâce à ses films « américains »), Peter Watkins semblent refléter diverses tendances particulièrement intéressantes du « nouveau cinéma britannique ». La Grande-Bretagne devient également terre d’élection pour plusieurs cinéastes étrangers comme Fred Zinnemann, Michelangelo Antonioni, Franco Zeffirelli, François Truffaut, Billy Wilder, Roman Polanski, venus y diriger certains de leurs meilleurs films.

J.-L. P.


Quelques réalisateurs de cinéma britanniques


Lindsay Anderson

(Bangalore, Inde, 1923). Après avoir été à l’origine du mouvement Free Cinema, il réalise plusieurs longs métrages : le Prix d’un homme (This Sporting Life, 1963), The White Bus (1966), If (1968), O. Lucky Man (1972).


Anthony Asquith

(Londres 1902 - id. 1968), Fils du Premier ministre Herbert Henry Asquith, il débute brillamment dans Shooting Stars (coréalisateur A. V. Bramble, 1927). Parmi ses principaux films on peut citer : Underground (1928), Tell England (1930), Pygmalion (1938), le Chemin des étoiles (The Way to the Stars, 1945), l’Ombre d’un homme (The Browning Version, 1951), Il importe d’être constant (The Importance of being Earnest, 1952).


Alfred Hitchcock.

V. l’article.


David Lean

(Croydon 1908). Il dirige (avec Noel Coward) sa première mise en scène en 1942 : Ceux qui servent en mer (In which we serve). Il réalise notamment Heureux Mortels (This Happy Breed, 1944). L’esprit s’amuse (Blithe Spirit, 1945), Brève Rencontre (Brief Encounter, 1945), les Grandes Espérances (Great Expectations, 1946), Oliver Twist (1948). Ce sont ensuite des productions à gros budgets pour les compagnies américaines depuis 1957 : le Pont de la rivière Kwai (Bridge on the River Kwai, 1957), Lawrence d’Arabie (1962), Docteur Jivago (1965), la Fille de Ryan (Ryan’s Daughter, 1970).


Laurence Olivier.

V. l’article.


Carol Reed

(Londres 1906). Assistant de Basil Dean, il signe son premier long métrage en 1935. Parmi ses meilleurs films, on citera : Sous le regard des étoiles (The Stars look down, 1939), Kipps (1941), The Young Mr. Pitt (1942), The Way ahead (1944), la Vraie Gloire (documentaire, coréalisateur Garson Kanin, 1945), Huit Heures de sursis (Odd Man out, 1947), Première Désillusion (The Fallen Idol, 1948), le Troisième Homme (The Third Man, 1949), le Banni des îles (Outcast of the Islands, 1957), la Clé (The Key, 1958), Oliver (1968).


Karel Reisz

(Ostrava, Tchécoslovaquie, 1926), Critique et théoricien, il est un des meilleurs éléments du Free Cinema. Après quelques courts métrages et documentaires (Momma don’t allow, 1955, coréalisateur T. Richardson ; We are the Lambeth Boys, 1958), il signe : Samedi soir, dimanche matin (Saturday Night and Sunday Morning, 1960), la Force des ténèbres (Night must fall, 1964), Morgan (1966), Isadora (1969).


Tony Richardson

(Shipley, Yorkshire, 1928). Metteur en scène de théâtre, il s’intéresse au mouvement littéraire des Angry Young Men (v. Jeunes Gens en colère) et côtoie les partisans du Free Cinema. En 1958, il réalise les Corps sauvages (Look back in Anger), film clef du « nouveau cinéma » britannique. Parmi ses films les plus notables, on peut citer : le Cabotin (The Entertainer, 1960), Un goût de miel (A Taste of Honey, 1961), la Solitude du coureur de fond (The Loneliness of the Long-Distance Runner, 1962), Tom Jones (1963), la Charge de la brigade légère (The Charge of the Light Brigade, 1968).


Herbert Wilcox

(Cork, Irlande, 1892). Il est l’auteur de nombreux films (fort inégaux), cherchant à imiter le « style hollywoodien » par la somptuosité des décors et de la mise en scène. C’est un adepte du star-system et des films spectaculaires. Ses principaux films sont : Nell Gwyn (1927 ; remake en 1934), l’Aube (Dawn, 1928), Goodnight Vienna (1932), Victoria the Great (1937).

 R. Low et R. Manvell, The History of the British Film, 1896-1929 (Londres 1949-1951 ; 3 vol.). / C. O. Oakley, Seventy Years of the British Film Industry (Londres, 1964). / J. Belmans, le Jeune Cinéma anglais (Serdoc, Lyon, 1967). / D. Gifford, British Cinema (Londres, 1968). / R. Manvell, New Cinema in Britain (Londres, 1969).