Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Grande-Bretagne (suite)

La population

Malgré des conditions relativement peu favorables offertes par la nature, la Grande-Bretagne est l’un des pays les plus densément peuplés d’Europe : 55 millions d’habitants, plus que la population française sur une superficie égale à 40 p. 100 de celle de la France, et une densité de 245 habitants au kilomètre carré, qui n’est dépassée en Europe que par les densités de la Belgique et des Pays-Bas, autres pays riverains de la mer du Nord. La population britannique est donc obligée de pallier la rareté de ses ressources et l’exiguïté de son territoire par son ingéniosité, son esprit d’entreprise, son sens du commerce, jadis aussi par l’exploitation de ses colonies.


L’évolution démographique et les migrations externes

L’augmentation de la population a été modérée au xxe s. Jusqu’en 1930, elle s’est effectuée uniquement par excédent des naissances sur les décès, et en dépit d’un fort courant d’émigration. Le taux de natalité était encore élevé au début du siècle (moyenne 1901-1910 : 27 p. 1 000), et le taux de mortalité relativement bas (moyenne 1901-1910 : 15,7 p. 1 000) grâce à la diffusion précoce des soins médicaux et des préceptes d’hygiène. Mais cet excédent naturel a diminué rapidement ; les pratiques malthusiennes abaissaient le taux de natalité à 18,7 p. 1 000 (moyenne 1920-1930), tandis que le taux de mortalité diminuait plus lentement (moyenne 1920-1930 : 12,5 p. 1 000). L’émigration nette, surtout vers les dominions blancs et les États-Unis, prélevait 2 350 000 personnes de 1900 à 1930. La population britannique n’en passait pas moins entre ces deux dates de 37 millions à 43 800 000.

Depuis 1930, la situation démographique se caractérise : par la quasi-stagnation du taux de mortalité (il oscille, selon les années, de 11,2 à 11,7 p. 1 000) ; par l’évolution en dents de scie du taux de natalité (chute de ce taux pendant la crise économique des années 30, remontée au-dessus de 20 p. 1 000 au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, tassement en 1948-1955, remontée de 1955 au maximum secondaire de 18,7 p. 1 000 en 1964, nouvelle diminution depuis 1964 ; il atteint 16,8 p. 1 000 en 1969) ; surtout par le renversement du courant migratoire séculaire (de 1930 à 1968, le nombre des immigrants a dépassé de 575 000 le nombre des émigrants).

L’émigration n’a pas cessé, loin de là. Chaque année, 100 000 à 140 000 Britanniques s’expatrient, surtout vers l’Australie, et, dans une moindre mesure, vers le Canada, les États-Unis, l’Afrique du Sud, la Nouvelle-Zélande. La Grande-Bretagne est même aujourd’hui le premier pays d’émigration d’Europe. Mais cette émigration est plus que compensée par des mouvements de sens contraire.

L’immigration blanche l’a emporté de 1930 à 1957 : retours de Britanniques déçus par les pays d’outremer, afflux d’Allemands, de Polonais et d’Italiens au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, de Hongrois en 1956-57, apport régulier d’Irlandais, etc. De 1958 à 1962, une forte vague de gens de couleur (Coloured), originaires des Antilles, des Indes, du Pākistān et, dans une moindre mesure, d’Afrique, de Malaisie et de Hongkong, a déferlé sur la Grande-Bretagne. Son importance numérique a amené le Parlement à prendre une série de mesures législatives en vue de réduire ce courant, pourtant nécessaire à l’économie britannique. Les Coloured, immigrés ou nés dans le pays, sont au nombre de 1 200 000, un peu plus de 2 p. 100 de la population totale ; dans les grandes villes industrielles comme Leeds, Birmingham et dans la banlieue de Londres, leur pourcentage peut s’élever à 6 ou 7 p. 100. Les emplois occupés par les Coloured sont surtout nombreux dans les services publics (transports en commun, voiries municipales, personnel de nettoyage des hôpitaux), dans l’hôtellerie et dans certaines industries (industrie textile, fonderies et, en général, industries où les travailleurs sont exposés à de hautes températures). Depuis 1963, le courant migratoire de sortie l’emporte à nouveau, mais de peu, sur le courant d’entrée, celui-ci se composant surtout de Coloured et d’Irlandais.

Grâce au bilan migratoire positif et à l’excédent naturel, la population de la Grande-Bretagne est passée de 48 900 000 en 1951 à 53 200 000 en 1966 et à environ 55 millions en 1972.


La répartition actuelle

La population est très inégalement répartie. En Écosse et dans le Sud gallois, on passe sans transition de landes désertes à des agglomérations surpeuplées. Une grande partie du pays est presque vide ; les régions où la densité s’abaisse au-dessous de 20 habitants au kilomètre carré couvrent 30 p. 100 de la superficie nationale et n’abritent que 2 p. 100 de la population ; il s’agit surtout des montagnes et hauts plateaux écossais, de la chaîne pennine et du district des Lacs (en dehors des vallées), des plateaux gallois, de l’Exmoor Forest et du Dartmoor dans la péninsule du Sud-Ouest, et même des plus hautes cuestas de l’Angleterre sédimentaire.

Les régions purement rurales ont des densités qui oscillent de 30 à 60 habitants au kilomètre carré : les Marches galloises, le Val de York, les Fens, l’Est-Anglie, les plateaux crayeux du sud de l’Angleterre, le centre du Weald.

Le gros de la population s’accumule dans les conurbations industrielles, souvent situées sur les bassins charbonniers ou à proximité, bassins qui furent à l’origine de leur essor au xixe s., ainsi que dans l’agglomération londonienne et le long de la côte de la Manche ; 40 p. 100 de la population anglaise se rassemblent dans les six principales conurbations, celles de Londres (près de 8 millions d’habitants), Birmingham (2 350 000), Leeds (1 700 000), Manchester (2 400 000). Liverpool (1 400 000) et Newcastle (850 000), sur 4 p. 100 du territoire. Le bassin charbonnier gallois et le Val de Glamorgan abritent les deux tiers de la population de la principauté sur le huitième de sa superficie. Quant à la population écossaise, un tiers vit dans la conurbation de Glasgow.

La population britannique est la plus urbanisée du monde : 90 p. 100 des habitants résident et travaillent dans des agglomérations de statut urbain, 5 p. 100 vivent dans un district de statut rural mais travaillent en ville ; les vrais ruraux ne constituent que 5 p. 100 de la population totale du pays.