Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Grande-Bretagne (suite)

• 1628-29 : le troisième Parlement convoqué par le roi manifeste une violente opposition à la politique royale. Mené par John Eliot, Edward Coke, John Pym et John Selden, il adopte la « pétition du Droit » (Petition of Right), que le roi, pressé par ses besoins d’argent, est forcé d’accepter. Mais le Parlement voulait aussi que le roi arrêtât de lever les taxes dites Tonnage and Poundage, ce qu’il faisait sans son autorisation. Le roi alors fit dissoudre le Parlement et jeter ses leaders, dont Eliot, à la tour de Londres.

Le gouvernement sans le parlement (1629-1640)
Dès lors, le roi essaie de gouverner seul, entouré de William Laud (1573-1645, archevêque de Canterbury en 1633), du lord trésorier Richard Weston (comte de Portland en 1634) et de Thomas Wentworth (1593-1641, comte de Strafford en 1640), à qui est confiée l’Irlande.

• 1629 : paix avec l’Espagne

• 1630 : paix avec la France. Charles Ier se retire du conflit allemand au moment même où les campagnes de Gustave-Adolphe font triompher la cause protestante.

• 1634 : institution du ship money, que payent d’abord les comtés maritimes, puis les comtés de l’intérieur pour permettre au roi d’équiper sa marine. La résistance est grande contre cet impôt impopulaire (cas J. Hampden, en 1635). Les difficultés financières du roi continuent.

• 1637 : le nouveau livre de prières (Prayer Book), préparé par Laud, entre en vigueur. Très hostile aux puritains, Laud a renforcé délibérément les aspects proches du catholicisme qui pouvaient subsister dans l’anglicanisme. Une véritable atmosphère de persécution religieuse se développe, Laud chassant impitoyablement tous les prêtres suspects de sympathies pour le presbytérianisme.

Au reste, cette politique n’a pas que des conséquences néfastes : chassés par l’épiscopalisme, les puritains s’installent, de 1628 à 1638, en de nombreux points de l’Amérique du Nord (Salem, Boston), rejoints en 1634 par quelques catholiques (Maryland).

Mais c’est pourtant sa politique religieuse qui met Charles en péril : épiscopaliste zélé, il veut appliquer les mesures de Laud à l’Écosse, tout entière presbytérienne. Une armée de vingt mille hommes — c’est tout ce que ses finances permettent à Charles de réunir — ne peut venir à bout des Écossais, menés par Argyll, Montrose et Leslie (première « guerre des évêques », terminée par le traité de Berwick en 1639). Ne voulant pas renoncer, Charles fait venir Strafford d’Irlande et engage immédiatement la seconde « guerre des évêques ». Cette fois-ci, son armée est battue à Newburn (août 1640) ; il faut décidément de l’argent au roi, et, pour cela, il n’y a qu’un moyen : convoquer le Parlement.

La crise du régime et les débuts de la révolution
Le Parlement qui se réunit en novembre 1640, le « Long Parlement », compte une grande majorité de membres hostiles au roi (comme Pym, Hampden ou encore un inconnu, Oliver Cromwell*). Il commence par envoyer Laud à la tour de Londres et Strafford à l’échafaud (mai 1641). Le roi y consent. Le ship money, les tribunaux d’exception qu’a utilisés le roi sont abolis. Les excès des parlementaires finissent par constituer un puissant parti autour du roi, surtout composé d’anglicans modérés. Mais le roi décourage ses partisans par de grosses fautes politiques, par exemple en négociant secrètement avec les catholiques irlandais révoltés. Le Parlement finit par soumettre au roi les Dix-Neuf Propositions (juin 1642), véritable ultimatum qui lui ôte tout pouvoir réel. Il refuse : la guerre civile s’ouvre.

La première révolution* d’Angleterre

• La révolution sous la monarchie.
La première guerre civile a lieu. Le Parlement et le roi ont tôt fait de lever chacun une armée. On trouve des représentants de tous les secteurs de la société dans les deux camps. Mais, même si ce sont d’abord les critères religieux qui ont déterminé les choix, il y a finalement plus d’éléments dynamiques dans le camp parlementaire. Londres, les ports, les villes industrielles s’y sont rangés ; par exemple, si le Yorkshire est dans l’ensemble royaliste, les villes textiles du West Riding sont pour le Parlement.

• 1642 : des combats indécis (Edgehill) tournent au bénéfice du roi. Mais celui-ci est incapable d’exploiter cet avantage.

• 1643 : les forces royalistes ont l’avantage, mais ne peuvent opérer leur jonction, car elles sont retenues par le siège des trois villes de Gloucester, Hull et Plymouth. Les 20 et 21 septembre, la bataille de Newbury est une victoire des parlementaires, qui, après la bataille de Winceby, peuvent conquérir le Lincolnshire. Les chances des royalistes d’obtenir une victoire rapide s’estompent : tandis qu’ils resserrent leurs liens avec les Irlandais, les parlementaires concluent un Covenant avec les Écossais, se rangeant ainsi sous l’égide du presbytérianisme.

• 1644 : les parlementaires remportent une victoire décisive dans le Nord, à Marston Moor (2 juill.), où Cromwell joue un rôle déterminant. Seule l’incurie du général parlementaire, le comte de Manchester, sauve Charles Ier d’une défaite définitive à la seconde bataille de Newbury.

• 1645 : Manchester ayant été limogé, Cromwell a réorganisé l’armée parlementaire : l’« armée nouveau modèle » est victorieuse à la bataille de Naseby (14 juin). En septembre, Montrose, qui avait pris le parti du roi en Écosse et qui semblait devoir l’emporter, est écrasé par Leslie (bataille de Philiphaugh).

• 1646 : au mois de mai, Charles se rend aux Écossais de Leslie, qui l’abandonnent aux Anglais en janvier 1647.

• Le temps des discussions : 1646-47.

En fait, deux séries de débats se déroulent :
— il y a tout d’abord des négociations « triangulaires » entre le roi, les Écossais et la majorité parlementaire, qui, presbytérienne, est prête à s’entendre avec Charles ;
— il y a ensuite toute une série de débats au sein de l’armée, où sont représentés tous les groupes extrémistes (les Niveleurs, par exemple), et entre l’armée, puritaine, et le Parlement (où la minorité puritaine, refusant toute entente avec le roi, fait appel à elle).