Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Gnétophytes

Groupe de plantes à graines dont les caractères botaniques sont profondément originaux.


Le groupe des Gnétophytes, ou Chlamydospermaphytes, est composé de trois ordres, ne comprenant chacun qu’une seule famille, elle-même à un seul genre. L’absence de fossiles très anciens ne permet pas de préciser exactement les rapports phylogénétiques des Gnétophytes. Certains auteurs les rapprochent, à cause de leur pollen, des Bennettitales, d’autres en font les descendantes des Cordaïtes. Chez ces plantes, l’ovule n’est pas nu comme chez les Gymnospermes, ni complètement enfermé comme chez les Angiospermes ; il est cependant protégé par deux téguments.


Éphédrales

Éphedra (une quarantaine d’espèces, dont deux en France) possède une aire disjointe en Amérique du Nord et du Sud ainsi qu’en Asie et en Europe ; ce sont des plantes ligneuses, rampantes ou grimpantes ; les feuilles, opposées, sont très réduites, et ce sont, en conséquence, les rameaux verts qui servent à l’assimilation. Les structures anatomiques montrent pour ces plantes des affinités avec divers groupes (stomates analogues à ceux des Cordaïtes, bois formé de trachéides comme chez les Abiétacées, mais aussi présence de cellules compagnes dans le liber, affirmant un caractère de Gymnosperme).

Les espèces d’Éphedra, dioïques (les deux sexes sont sur des plantes différentes), ont leurs fleurs groupées en petites inflorescences, ressemblant comme structure aux cônes femelles des Conifères. La formation des anthérozoïdes est nettement du type gymnospermique, ainsi que celle de l’organe femelle et le développement de l’embryon. Il semble toutefois qu’il y ait pour certaines espèces double fécondation. Ces plantes contiennent de nombreux alcaloïdes (éphédrines) ; elles servent maintenant de plus en plus dans la pharmacopée européenne ; elles auraient, entre autres, une action préventive et curative contre l’asthme.


Welwitschiales

Cet ordre n’est représenté que par une seule espèce, extraordinaire, Welwitschia mirabilis, qui vit uniquement dans les régions désertiques littorales de l’Angola et du Damaraland. Cette plante, qui est rampante sur le sol, est constituée, principalement, d’une grosse racine pivotante surmontée sensiblement au niveau du sol d’une masse centrale plus ou moins plate (jusqu’à 1 m de diamètre) et divisée en deux. C’est à partir de ce massif que se développent les deux uniques feuilles rubanées, pouvant atteindre 2 à 3 m de long et 30 à 40 cm de large : elles sont dures comme du vieux cuir et croissent uniquement par leur base, l’extrémité se déchiquetant progressivement avec l’âge. Les inflorescences, des petits cônes, sont disposées sur le pourtour de la masse centrale : chaque fleur mâle contient six étamines, les anthères étant à trois loges. Les fleurs femelles, à l’aisselle des bractées opposées, sont elles aussi groupées en un cône ; si les fleurs mâles possèdent dés rudiments d’organes femelles, l’on ne retrouve pas de restes d’étamines dans les fleurs femelles. La fécondation serait tout à fait extraordinaire pour le règne végétal, puisque le noyau femelle irait au-devant de la cellule reproductrice mâle vers le tube pollinique, où la fécondation et la formation de l’œuf auraient lieu. Le fait reste toutefois incertain.

La structure anatomique de cette plante rappelle celle des Araucarias. Certains auteurs pensent que Welwitschia présenterait un phénomène de néoténie : sur une plante végétativement non adulte se développeraient des organes sexuels fonctionnels. De nombreuses hypothèses phylogénétiques peuvent être avancées : par exemple, il se pourrait que ces plantes soient d’anciennes Angiospermes maintenant à l’état sénile et que se différencient des caractères anatomiques et physiologiques qui rappellent ceux des Gymnospermes, leurs très lointains ancêtres.


Gnétales

L’ordre des Gnétales ne possède qu’un seul genre, Gnetum, vivant dans les régions tropicales ; de nombreuses espèces sont des lianes. On distingue deux types de rameaux : les uns sont longs, ne portent que des écailles, alors que les autres sont courts (mésoblastes) et ont des feuilles opposées, semblables à celles des Dicotylédones. Les plantes, dioïques, ont des inflorescences en épis simples ou ramifiés, ordinairement axillaires. La formation des gamètes est assez voisine de celle des Angiospermes.

Comme chez les plantes des deux ordres précédents, l’anatomie des Gnétales possède à la fois des caractéristiques des Gymnospermes et des Angiospermes.

Les fruits de ces plantes sont comestibles.

J.-M. T. et F. T.

gnostiques

Ensemble de sectes des trois premiers siècles de notre ère, où la rencontre des tendances les plus syncrétistes du judaïsme tardif et de l’hellénisme impérial avec l’enseignement de la foi chrétienne produisait un système de pensée fondant le salut de l’homme sur un rejet de la matière et une connaissance supérieure des choses divines.


Les doctrinaires du gnosticisme et leurs disciples ont suscité un mouvement de révolution spirituelle dont l’apogée se situe vers le milieu du iie s. Subversion radicale de la culture et de la religion pour les uns, libération décisive de l’homme pour les autres, ce mouvement complexe a fait l’objet de nombreuses études depuis une cinquantaine d’années.

Le lieu d’origine du gnosticisme est à chercher dans les zones marginales, au sens géographique et spirituel, du judaïsme orthodoxe. Sur toute cette sphère culturelle, la formation des plus célèbres écoles gnostiques suit une loi d’apparition où l’on peut distinguer trois étapes : celle du judaïsme hétérodoxe, dès le seuil du ier s. ; celle du judéo-christianisme hétérodoxe, faisant passer du ier au iie s. ; celle enfin du gnosticisme proprement dit, qui recouvre tout le iie s. et débouche avec Manès (Mani), mort en 274 ou 277, dans la religion mondiale qui constituerait par la suite le manichéisme.

En Samarie, le messianisme syncrétiste de Dosithée précéda la carrière de Simon le Mage, dont il est question dans les Actes des Apôtres (viii, 9-24). Simon, en conflit avec le christianisme naissant, semble avoir subi l’influence de la magie iranienne. Après l’effondrement de la nation juive en 70, les disciples de Simon feront de lui une sorte de « premier Dieu » venu libérer les hommes de la domination des anges, cette domination à l’encontre de laquelle l’apôtre Paul exaltera de son côté la seigneurie céleste du Christ. Ce qui deviendrait le gnosticisme apparaît d’emblée comme une réaction violente contre la conception du monde divin et du sort ultime de l’homme dans l’apocalyptique du judaïsme tardif. Le principal disciple de Simon sera Ménandre, un Samaritain également, premier représentant à Antioche (v. 70 - v. 100) de la lignée syrienne des écoles gnostiques.