Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

glucides (suite)

• Les glucides alimentaires sont dégradés au niveau du tube digestif grâce aux enzymes élaborées soit par l’organisme, soit par les Bactéries qui constituent la flore intestinale. Ils sont dégradés dans des proportions diverses : ainsi, le saccharose se trouve complètement clivé, tandis que la cellulose, par exemple, ne subit pratiquement pas de transformations et sera utilisée comme lest fécal. Les oses, et singulièrement le glucose, ainsi présents dans le suc intestinal traversent les membranes des cellules de la paroi grâce à l’énergie fournie par le métabolisme des cellules. Ils sont ensuite véhiculés par la veine porte jusqu’au foie, où ils se condensent sous forme de glycogène. Cette condensation est l’aboutissement d’une série de réactions contrôlées par des enzymes, où les oses sont toujours engagés sous forme d’esters phosphoriques. Les glycogènes sont des glucosanes de poids moléculaire dépassant 5 000 000 ; ils correspondent chez les animaux à l’amidon des végétaux, et leur degré de condensation est intermédiaire entre celui de l’amylose et celui de l’amylopectine (composants de l’amidon). L’ensemble de ces processus constitue la glycogénogenèse.

• On appelle glycogénolyse l’ensemble des processus qui tendent à dégrader le glycogène stocké dans le foie pour fournir le glucose nécessaire aux besoins de l’organisme, tout en maintenant constant le taux du glucose sanguin, ou glycémie, entre 0,80 et 1 g par litre. Ce résultat est obtenu par le jeu de deux systèmes hormonaux antagonistes : l’un hyperglycémiant, comprenant la S. T. H. (Somato Trophine Hypophysaire) et l’A. C. T. H. (Adreno Cortico Trophic Hormone) de l’hypophyse antérieure, les glucorticoïdes de la cortico-surrénale, le glucagon des cellules A des îlots de Langerhans du pancréas, l’insulinase du foie, qui détruirait l’insuline ; l’autre hypoglycémiant, constitué par l’insuline des cellules B des îlots de Langerhans. Ces mécanismes sont troublés dans les maladies de la nutrition, notamment les diabètes ; d’où l’intérêt considérable du dosage de la glycémie.


Rôle des glucides

Les glucides ont une importance considérable :
— d’ordre physiologique, puisqu’ils constituent les tissus de soutien des organismes vivants et fournissent l’énergie nécessaire à l’entretien de la vie cellulaire ;
— d’ordre thérapeutique : les hétérosides végétaux sont souvent des médicaments très actifs, d’activités variées ; le lactose et le glucose sont des diurétiques très utilisés, ce dernier en perfusions ; le saccharose constitue, par définition, la base des sirops médicamenteux ;
— d’ordre économique : il suffit de rappeler l’énorme importance du bois, du papier (cellulose), du saccharose (sucres de Canne ou de Betterave), des gommes (industrie des vernis).

R. D.

Gluck (Christoph Willibald, chevalier von)

Compositeur allemand ou tchèque (Erasbach, près de Weidenwang, Haut-Palatinat, 1714 - Vienne 1787).


Trois ans après sa naissance, sa famille s’installe en Bohême, où Alexander Gluck, son père, est maître des eaux et forêts successivement de la duchesse de Toscane (1717) à Reichstadt (Zákupy), du comte Kinský (1722) à Kreibitz, puis du duc de Lobkovic (1727) à Eisenberg. Le jeune Gluck prend ses premières leçons de musique à Kreibitz, étudie le violon et sent bientôt s’éveiller en lui une véritable vocation musicale ; mais il se heurte à l’incompréhension de son père, qui, jouissant d’une situation aisée, souhaite le voir choisir le même métier que lui. Vers 1730, il décide de quitter la maison paternelle et parcourt le pays en chantant et en jouant de la guimbarde pour gagner sa vie. En 1731, il s’inscrit à l’université de Prague et poursuit en même temps sans doute — les documents font défaut — ses études musicales. Aidé par les Lobkovic et peut-être par son père, avec lequel il s’est réconcilié, il se rend en 1735 (ou début 1736) à Vienne ; le prince lombard Antonio Maria Melzi le remarque, l’emmène à Milan, l’attache à sa chapelle privée (1736) et le met en rapport avec Giovanni Battista Sammartini. Auprès de ce maître qui pratique — fait rare chez les Italiens de l’époque — un art essentiellement instrumental, Gluck acquiert un solide métier. Mais il s’intéresse surtout à la musique dramatique et, cinq ans plus tard, fait représenter son premier opéra, Artaserse (Milan, 26 déc. 1741). Il ne s’arrêtera plus d’écrire pour le théâtre. Chaque année, il compose un opéra pour Milan (par contrat) et pour d’autres villes d’Italie (Venise, Crema, Turin). De ces premiers ouvrages, on ne connaît guère que des fragments. Le futur réformateur du genre obéit à l’idéal conventionnel de l’opéra italien et utilise les livrets à la mode, la plupart de Métastase. En 1745, il se rend à Londres en passant non par Paris — on a affirmé sans preuve qu’il connut à ce moment-là Rameau et l’opéra français —, mais par Bruxelles. La Grande-Bretagne est alors déchirée par la lutte entre les partisans du prétendant Charles-Edouard Stuart et ceux de la maison régnante de Hanovre. Dès son arrivée, Gluck se classe rapidement, à côté de Händel, parmi les musiciens italiens qui divertissent les Anglais. Tandis qu’une vague de xénophobie déferle sur le monde musical, on rouvre à son intention le théâtre de Haymarket, fermé en raison des événements, pour y donner deux de ses opéras opportunément inspirés de l’actualité politique, La Caduta de’ Giganti (la Chute des géants), sous-titré La Rebellione punita (18 janv. 1746) — allusion à la prochaine défaite des Écossais —, puis Artamene (15 mars 1746). Le 31 mars, il fait entendre dans un concert des airs de ses opéras et exécute son Concerto sur vingt-six verres à boire accordés par l’eau de source. De retour en Allemagne à la fin de 1746, il continue de mener une vie errante. Il se fait engager dans la troupe ambulante d’opéra italien des frères Mingotti et la suit à Dresde, où elle doit participer aux fêtes données en l’honneur d’un double mariage princier, celui du prince Friedrich-Christian de Saxe avec la princesse Maria-Antonia-Walpurga de Bavière et celui du prince-électeur Maximilien-Joseph avec la princesse Marie-Anne de Saxe. Il y rencontre pour la première fois le danseur et chorégraphe français J. G. Noverre*, surnommé plus tard le « Gluck de la danse », qui sera maintes fois son interprète. Le 29 juin 1747, Gluck fait représenter à Pillnitz, résidence d’été de la Cour, Le Nozze d’Ercole e d’Ebe (le Mariage d’Hercule et d’Hébé), où s’affirme l’influence de J. A. Hasse, qui a fait de Dresde la capitale de l’italianisme, de N. Jommelli et de G. B. Sammartini. Malgré l’emploi des castrats, cet opéra se distingue des précédents par l’expression musicale des sentiments et des situations des personnages, et — grâce à une nouvelle utilisation des instruments — par une recherche du pittoresque dans les passages évoquant la nature. Gluck en retire d’ailleurs un grand bénéfice artistique.