Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Glasgow (suite)

Les chantiers navals de la Clyde, trop nombreux et mal outillés, résistent difficilement à la concurrence du Japon, de l’Allemagne fédérale et de la Suède. Les plus vétustés ont cessé toute activité. D’autres se regroupent et passent à la fabrication de caravanes de tourisme ou de machines d’imprimerie. Ceux de Clydebank, qui pourtant construisirent des paquebots géants (le Queen Mary et le Queen Elizabeth avant 1939 et, plus récemment, le Queen Elizabeth II), n’ont été sauvés de la faillite en 1970 que grâce à un prêt massif de l’État.

Conscient des difficultés économiques de l’agglomération, le ministère du Commerce lança dès 1937 une efficace politique d’aide à l’industrie, marquée surtout par la fondation de domaines industriels bien aménagés (trading estates), financés par l’État et loués aux entreprises à des taux de faveur. La conurbation de Clydeside en compte une quinzaine, celui de Hillington, avec 20 000 emplois, est le plus important de toute la Grande-Bretagne. De grandes firmes britanniques et étrangères (États-Unis, Italie, Pays-Bas) se sont installées sur ces trading estates, en particulier des usines de construction automobile, d’électronique. Les zones industrielles de Hillington, Glasgow, Vale of Leven, Cumbernauld ont maintenant les principales usines britanniques de machines de bureau (calculatrices, machines à écrire, etc.). Greenock fabrique des ordinateurs ; Glasgow, des véhicules à chenilles ; East Kilbride, des moteurs d’avion, Linwood, des automobiles de tourisme. Glasgow est, par ailleurs, le principal centre britannique pour l’horlogerie et les appareils chronométriques et l’un des principaux pour la boulonnerie, les câbles, les chaudières, le matériel de levage, de dragage, de terrassement et de manutention. La métallurgie garde donc de loin la première place dans la gamme industrielle de la conurbation, malgré l’effacement des chantiers navals. Les industries alimentaires transforment les produits importés (biscuiterie, raffinage du sucre) et procèdent au mélange et au vieillissement du whisky. L’industrie chimique n’a qu’une importance secondaire ; l’estuaire de la Clyde devrait avoir bientôt sa première raffinerie de pétrole.

L’industrie fournit la majorité des emplois en banlieue, mais 40 p. 100 seulement du total à Glasgow, où les services sont bien représentés. L’une des trois grandes banques écossaises y a son siège social. Glasgow a aussi la seconde Bourse des valeurs britanniques après Londres, de nombreuses firmes de courtages et d’assurances, deux universités, un grand journal quotidien, des services commerciaux et hospitaliers dont le rayonnement s’exerce sur les deux tiers occidentaux de l’Écosse. De toutes les métropoles provinciales britanniques, c’est elle qui a la plus vaste zone d’influence.

Parallèlement à la rénovation de la structure de l’emploi, Glasgow s’attache au rajeunissement nécessaire de son patrimoine immobilier. Les quartiers proches du port, où, en 1955, s’entassaient encore près de 700 000 habitants dans des logements exigus et inconfortables, sont en voie de démolition et de reconstruction. Les tenements de jadis, longs immeubles de quatre étages construits sans fantaisie selon un strict plan en damier, font place à des tours et à de petits blocs d’appartements, et la densité de population a été réduite de moitié. De même, la municipalité travailliste édifie une trentaine de grands ensembles résidentiels sur les rares terrains disponibles de la périphérie, une exploitation houillère imprudente ayant rendu de vastes surfaces inconstructibles.

L’allégement des densités urbaines a pour conséquence une diminution de la population : Glasgow avait 1 100 000 habitants en 1951, 1 055 000 en 1961, 979 000 en 1971. De même, l’ensemble de la conurbation n’a plus que 1 600 000 habitants, car les villes de banlieue pratiquent des méthodes de rénovation semblables à celles de Glasgow.

Pour recaser l’excédent de population chassé par les grands travaux d’urbanisme et pour soulager les finances de la ville gravement obérées, une cinquantaine de municipalités écossaises, grandes et petites, ont accepté de recevoir des contingents d’habitants de Glasgow et de construire pour eux des logements locatifs. L’État britannique, de son côté, pour venir en aide à la grande cité, construit à ses frais trois villes nouvelles pour les travailleurs et les industries originaires de Glasgow : East Kilbride en 1947, Cumbernauld en 1956, Irvine en 1966. La première a déjà 66 000 habitants et 200 firmes industrielles en 1970, et la deuxième 32 000 habitants et 90 firmes. Irvine est plus exactement une ville ancienne (elle avait 35 000 hab. et 60 firmes industrielles en 1966) à laquelle on ajoute des quartiers supplémentaires ; elle a 42 000 habitants et 80 firmes industrielles en 1970. Ces villes nouvelles adoptent les meilleures techniques de l’urbanisme moderne ; elles doivent toutefois tenir compte des modestes ressources, inférieures à la moyenne nationale, des familles ouvrières de la conurbation. Cette dernière se desserre, diversifie ses activités, s’embellit, se débarrasse de ses taudis, renonce à l’aspect prolétarien qu’elle avait naguère.

C. M.


L’école de Glasgow

L’école de Glasgow occupe une place à part dans l’histoire de l’Art* nouveau. Bien qu’elle en ait subi l’influence, elle ne peut être confondue avec le mouvement anglais qui se développe après 1860 à l’instigation de John Ruskin et de William Morris. Dans le souci de réagir contre la médiocrité de la production industrielle, Morris et à sa suite le mouvement des Arts and Crafts (1888) de Charles Robert Ashbee partent en guerre contre la machine, lui opposent le métier manuel et donnent en exemple le Moyen Âge, où ils trouvent les structures sociales qui satisfont leurs théories (v. design). Il s’agit pour eux de réhabiliter le cadre de la vie quotidienne en créant une architecture et un art décoratif simples, familiers et « sains ». Après le Domestic Revival, représenté par Philip Webb (1831-1915) et Richard Norman Shaw (1831-1912), des architectes comme Ashbee et surtout Charles F. Annesley Voysey s’attachent à bâtir des maisons rationnelles, pratiques, en harmonie avec leur environnement et qui, sans copier le passé, ne rompent cependant pas réellement avec la tradition. Ces architectes sont aussi décorateurs et n’imaginent pas de dissocier le contenu du contenant : pour leurs maisons, ils dessinent meubles, tissus, papiers peints, objets.