Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Ghāna (empire du) (suite)

Des débuts du Ghāna, nous ne savons à peu près rien. D’après les ta’rikh, vingt souverains auraient régné avant l’hégire et autant après, ce qui placerait la fondation du Ghāna vers le iiie-ive s. apr. J.-C. Les premiers souverains auraient appartenu à un petit groupe nomadisant à la limite des populations sédentaires sarakolés (dont l’habitat actuel forme des îlots dispersés sur le territoire de l’ancien Ghāna), dans lesquelles il se serait rapidement fondu, après les avoir asservies grâce à sa supériorité militaire.

Koumbi-Saleh, où l’on a découvert l’ensemble de ruines le plus important du Sahel mauritanien (l’agglomération aurait pu abriter 15 à 20 000 habitants, chiffre énorme pour une région où l’eau est rare), a été identifiée à la Ghāna d’al-Bakrī. Malheureusement, les campagnes de fouilles menées à Koumbi-Saleh et à Tegdaoust (probablement Aoudaghost) n’ont encore livré que du matériel arabo-berbère musulman, postérieur à la conquête almoravide. Le Ghāna animiste et authentiquement négro-africain garde, à ce jour, tout son mystère.

D. B.

➙ Afrique noire / Mali.

 R. Mauny, Tableau géographique de l’Ouest africain au Moyen Âge (I. F. A. N., Dakar, 1961) ; les Siècles obscurs de l’Afrique noire (Fayard, 1971). / H. Deschamps (sous la dir. de), Histoire générale de l’Afrique noire, de Madagascar et des archipels, t. I : Des origines à 1800 (P. U. F., 1970).

Ghāna (république du)

État de l’Afrique occidentale, sur l’Atlantique.



Le milieu

Le Ghāna se présente comme un territoire grossièrement quadrangulaire compris entre 4° 45′ et 11° 11′ de lat. N. (690 km du nord au sud ; 480 km en moyenne d’est en ouest), avec une façade maritime au sud, sur le golfe de Guinée.

Géologiquement, le territoire se subdivise en deux grandes unités : le socle antécambrien, qui occupe en gros le Nord, l’Ouest et le Sud (gneiss au sud-est, schistes birrimiens à l’ouest avec des affleurements de granites et de quartzites, granites au nord) ; le synclinal voltaïque au centre-est (sédiments primaires subhorizontaux à l’ouest [cours moyen de la Volta], comportant grès, argiles, conglomérats et calcaires ; sédiments primaires plissés à l’est, tranchés par l’érosion, mais donnant des reliefs d’allure montagneuse du fait de la dureté de leurs principaux composants, les quartzites). En marge s’établit la plaine côtière, où le socle antécambrien ou primaire est partiellement recouvert de sédiments récents, du Crétacé au Quaternaire, et où les falaises littorales alternent avec les cordons littoraux séparant des lagunes de l’Océan.

Le relief se caractérise par des altitudes modestes : la moitié du territoire a une altitude inférieure à 150 m ; les zones dépassant 300 m sont peu étendues : elles forment un arc de cercle du sud-est au nord-ouest, avec un modelé où se succèdent « pains de sucre » (dans les gneiss du Sud-Est), collines et inselbergs séparés par de larges vallées au sud-ouest (pays Achanti), plateaux souvent cuirassés au nord. Mais c’est à la frontière est, sur la rive gauche de la Volta, que les arêtes de quartzites donnent les points culminants (930 m au mont de Torogbani). Le Centre-Est est occupé par la plaine de la Volta, parfois marécageuse en raison de la médiocrité des pentes.

La Volta s’encaisse par un couloir relativement étroit à travers la zone littorale, d’altitude plus élevée, et se termine par un énorme delta. La construction, en ce couloir, site privilégié, du barrage d’Akosombo a converti les zones naguère marécageuses ou simplement basses en un immense lac artificiel couvrant 8 481 km2, étiré sur plus de 400 km et dont la largeur dépasse parfois 40 km.

Comme dans la Côte-d’Ivoire voisine, on peut distinguer trois zones climato-végétales, qui se succèdent en fonction de la latitude. Au sud-ouest, une zone subéquatoriale est occupée à l’état naturel par la forêt dense ; elle se caractérise par des pluies abondantes, avec deux maximums séparés par une saison sèche de trois à quatre mois, sans rigueur, centrée sur l’hiver, et une courte rémission au mois d’août ; les températures sont élevées et constantes (moyennes mensuelles d’Accra : maximum en mars 32 °C ; minimum en août 27 °C). On y distingue une variété côtière plus humide à l’ouest (plus de 1 800 mm de pluies par an), une variété plus sèche à l’est (moins de 1 800 mm).

Au centre, une zone intermédiaire est à deux saisons pluviométriques (sèche et humide) bien tranchées, de durées sensiblement équivalentes ; la végétation naturelle est constituée par une forêt sèche, où dominent les espèces à feuilles caduques.

À l’extrême nord, dans la zone proprement soudanienne, la durée de la saison sèche commence à l’emporter sur celle de la saison des pluies, c’est le domaine classique de la forêt claire sèche et de la savane arborée.

J. S.-C.


L’histoire

La Gold Coast (Côte-de-l’Or) britannique, le jour où elle fut le premier État colonisé d’Afrique noire à accéder à l’indépendance (6 mars 1957) se donna le nom de Ghāna, choix symbolique, car il n’y a aucune continuité entre l’empire médiéval du Ghāna et l’État actuel, situé en bordure du golfe de Guinée, à plusieurs centaines de kilomètres au sud-est du précédent.

Le Ghāna fut constitué dans ses frontières actuelles en 1919, par la réunion, sous l’administration britannique, de peuples dont certains avaient un passé prestigieux (confédération achantie de la zone de la forêt ; royaumes moins connus, mais fort anciens du Gondja, du Dagomba, du Mampoursi [Mamprussi] dans les savanes du Nord).


La colonisation

Les Anglais avaient éliminé d’autres Européens. Les Portugais, arrivés en 1471, nommèrent cette portion de côte d’après le principal produit qu’ils en tirèrent. Au début du xviie s., la traite des esclaves supplanta le commerce de l’or, et les Portugais furent éliminés par leurs rivaux (1637, prise de leur principal fort, Elmina, par les Hollandais). Vers le milieu du xviie s., les Anglais, les Suédois, les Danois, même les Brandebourgeois disputaient le monopole de la traite aux Hollandais, fondant sur la côte de nombreux forts, inextricablement mêlés et qui changèrent fréquemment de mains. Finalement, seuls demeurèrent les Anglais (principal fort : Cape Coast Castle), les Hollandais (principal fort : Elmina) et les Danois (principal fort à Accra : Christiansborg, jouxtant le fort hollandais de Crèvecœur et le fort anglais de James). Les rapports des compagnies privilégiées de marchands, auxquelles les souverains européens accordaient un monopole de commerce et de navigation, avec les populations locales, qui appartenaient à des ethnies diverses et fort divisées, se rattachant au groupe akan à l’ouest (principal peuple : les Fantis) et au groupe ga-adangmé à l’est, étaient réglés par des « notes », engagements écrits des Européens stipulant un loyer en poudre d’or en faveur des chefs et notables de qui dépendait le territoire sur lequel était construit le fort. Les Anglais, d’après les calculs les plus récents, auraient emmené de la Gold Coast 473 000 esclaves de 1690 à 1807, avec un maximum de 6 000 par an vers 1740.