Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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gérontologie (suite)

Les maladies des vieillards

Il faut distinguer les maladies communes à tous les âges, qui prennent un aspect particulier chez les gens âgés, mais qui relèvent de mesures analogues à celles qu’on prend aux autres âges, et les maladies propres à l’âge avancé, qui ne semblent pas exister chez les gens plus jeunes.

• L’infection. Commune à tous les âges, c’est elle qui était la plus grande cause de mortalité jusqu’au début du xxe s. Les découvertes de Pasteur, les vaccinations et surtout les antibiotiques ont totalement bouleversé le pronostic des infections des vieillards, et ces progrès constituent le facteur le plus important d’augmentation de l’âge moyen de la vie. Au niveau de l’appareil respiratoire, notamment, la facilité avec laquelle on jugule les pneumopathies bactériennes a presque supprimé les cas de mort par pneumonie. Le vieillard présente toutefois vis-à-vis de l’infection un comportement spécial : tantôt il a une immunité solide, acquise au cours des ans (certaines maladies, telle la poliomyélite, ne se voient presque jamais après 60 ans) ; tantôt ses défenses sont diminuées, il ne « réagit » pas à l’infection, et celle-ci prend un aspect torpide, voire chronique, qui peut retarder le diagnostic et permettre au mal de se développer.

• L’inflammation. Si elle est le plus souvent en rapport avec l’infection, elle peut se manifester sans cause apparente : c’est le cas de nombreux rhumatismes dits « inflammatoires ». Leur incidence chez les gens âgés n’est pas très différente de celle chez les adultes.

• Les processus dégénératifs. Ils constituent le principal aspect de la pathologie propre du vieillard.

L’appareil génital est l’objet d’une involution rapide chez la femme (la ménopause), progressive chez l’homme (l’andropause). Cette involution est caractérisée par des modifications cellulaires (touchant le noyau, les mitochondries, etc.) et tissulaires (atrophie, diminution du débit sanguin) s’accompagnant de la suppression ou de la diminution de la formation des gamètes. Ces modifications s’accompagnent d’une diminution des sécrétions endocrines, qui retentit sur tous les organes, et notamment sur le squelette (ostéoporose).

L’appareil circulatoire est, à plus ou moins longue échéance, atteint par le processus d’artériosclérose (v. artère), ce qui conditionne la déchéance de presque tous les autres organes : cerveau, reins, muscles (notamment myocarde), selon l’ancien adage « on a l’âge de ses artères ». Les travaux modernes sont largement orientés sur ces problèmes, et si la notion de surcharge des parois vasculaires par des substances bien définies (cholestérol, autres graisses, calcium) est universellement admise, elle n’explique pas les différences constatées sur des sujets différents.

La détérioration ostéo-articulaire, l’arthrose, est pour beaucoup la signature de la vieillesse ; en réalité, nombre de cas d’arthrose débutent dès l’âge adulte (entre 20 et 40 ans), et certaines arthroses ont des causes connues, évidentes parfois (traumatismes vertébraux répétés des parachutistes, des charbonniers, poussées rhumatismales à répétition ou arthrites infectieuses notoires, etc.), sans rapport avec l’âge. Par contre, certaines arthroses ont une étiologie encore mystérieuse, et il est difficile de dire si c’est l’âge qui est en cause.

Hygiène et thérapeutiques des vieillards

• L’hygiène des vieillards. L’arrêt des activités physiques et psychiques entraîne le plus souvent un déclin de la personnalité qui ne peut plus être surmonté ensuite. D’où l’intérêt à s’entretenir tant sur le plan physique (par une bonne utilisation des forces restantes) que sur le plan intellectuel (par des loisirs attrayants, qu’il convient, évidemment, de trouver pour chaque individu). Toutefois, de grandes différences existent entre les sujets de personnalités différentes ou provenant de milieux socioculturels différents, et il serait vain de vouloir fixer des règles générales trop rigides.

Des régimes sont conseillés, qui doivent être mis en œuvre bien avant l’âge de la sénescence afin de retarder son apparition.

• Les médicaments. Ce sont pratiquement les mêmes que ceux qui sont employés chez les adultes. Leur utilisation doit être prudente, en raison, d’une part, de leur élimination plus lente du fait de la déficience fonctionnelle des reins et, d’autre part, de l’augmentation de la sensibilité de divers organes.

L’hormone mâle (la testostérone) permet chez l’homme de lutter contre l’asthénie et d’entretenir une certaine activité sexuelle. Elle a également une action frénatrice sur l’adénome de la prostate.

Les dérivés non virilisants de la testostérone sont employés dans les deux sexes pour améliorer la trophicité des tissus (lutte contre l’arthrose et l’ostéoporose).

Les hormones femelles (œstrogènes surtout) sont employées après la ménopause pour lutter contre les troubles qu’elle entraîne, mais aussi beaucoup plus tard, à petite dose, pour lutter contre certains prurits et contre certaines atrophies. Les œstrogènes de synthèse ont une remarquable action frénatrice sur le cancer de la prostate de l’homme.

La plupart des vitamines sont utilisées, le plus souvent en association, selon les cas cliniques. Le calcium et le phosphore sont opposés à l’ostéoporose. Le magnésium a une action trophique et serait antitumoral.

De nombreux vaso-dilatateurs luttent contre l’insuffisance circulatoire. Citons notamment les substances extraites de l’ergot* de seigle, la papavérine, etc. La procaïne est employée contre les spasmes vasculaires ; elle aurait une action entrophique spécifique chez les sujets âgés.

Des extraits placentaires (de placenta humain) ou embryonnaires (d’embryons de bovidés), dont l’efficacité est certaine dans la cicatrisation des plaies torpides et des ulcères, ont été employés avec plus ou moins de succès en vue de rétablir les métabolismes diminués, de « rajeunir ». Des injections de cellules fraîches, préparées extemporanément (pour conserver leurs propriétés, qui seraient supportées par des « stimulines »), ont été employées dans certains pays étrangers : leur innocuité et surtout leur efficacité sont très discutables, et elles n’ont pratiquement pas dépassé le stade expérimental.

Citons enfin les sérums anti-réticulo-cytotoxiques, dont le plus connu est le sérum de Bogomoletz, qui s’opposeraient au développement des fractions néfastes du tissu conjonctif, donc de la sclérose, et qui n’ont pas donné les résultats escomptés.

• La physiothérapie, les cures thermales. Elles représentent de bons moyens de maintenir les différentes fonctions en état, voire de restaurer celles qui pourraient être défaillantes. Les stations spécialisées dans les troubles circulatoires, dans les affections ostéo-articulaires, dans les affections métaboliques sont particulièrement indiquées.

Au-delà des moyens purement médicaux, le problème qui se pose le plus souvent est celui du placement des vieillards aux différents stades : valides, invalides, grabataires. Ces problèmes entrent dans le cadre de la gérontologie, et l’action sociale, complétée par un soutien psychologique compréhensif, est alors essentielle.

J. B.

C. B.

 L. Binet, Gérontologie et gériatrie, la lutte contre les années (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1961 ; 3e éd., 1969). / F. McKeown, Pathology of the Aged (Londres, 1965). / P. Monod-Broca, la Chirurgie du vieillard (Baillière, 1968). / F. Bourlière, Progrès en gérontologie (Flammarion, 1969).