Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

géotropisme (suite)

Théorie électrique

Une autre explication a été proposée : on sait que, lorsqu’un organe est en position horizontale, il existe entre les parties supérieure et inférieure une différence de potentiel appréciable (une dizaine de millivolts en moyenne). Les hormones de croissance migreraient alors par électrophorèse, assurant ainsi un allongement plus actif des cellules de la partie supérieure de la racine ; mais cette explication n’est pas retenue par tous ; certains pensent en effet que, au contraire, c’est la variation électrique qui serait due à l’accumulation des substances de croissance (auxines*).

Quoi qu’il en soit, c’est à l’action des auxines que revient l’explication de la courbure ; de nombreuses expériences ont été faites, en particulier par Went et son école, qui montrent le rôle primordial de l’extrémité de la tige, de la racine et des coléoptiles dans l’élaboration de ces substances et leur effet sur la zone subterminale. La tige et la racine réagissent différemment à ces substances en raison de la différence de sensibilité de leurs cellules aux taux d’hormones que l’on peut y déceler.

La concentration en auxine est proportionnelle au temps de présentation de l’organe ; on retrouve ici le phénomène cumulatif, enfin l’accumulation est d’autant plus rapide que la force à laquelle est soumis l’organe est plus importante. Toutes ces constatations semblent bien démontrer l’action directe des auxines.

J.-M. T. et F. T.

Géraniales

Ordre de plantes généralement herbacées, les unes à fleurs parfaitement régulières (Géraniacées, Oxalidacées, Limnanthacées), les autres à fleurs plus ou moins irrégulières (les Tropæolacées et les Balsaminacées).



Oxalidacées

Cette famille (environ 1 000 espèces et moins d’une dizaine de genres) est originaire principalement de l’Amérique du Sud et de l’Afrique australe. Le genre Oxalis est le plus important, avec presque 900 espèces ; il a des représentants dans les zones tempérées, quatre vivent en France ; ce sont presque exclusivement des plantes herbacées possédant des organes souterrains charnus. Les fleurs sont soit isolées, soit groupées en cymes ; elles sont du type 5, les étamines étant au nombre de 10, et l’ovaire a 5 carpelles. Chez certaines espèces (Oxalis acetosella), on a constaté des mouvements des feuilles : les lobes s’étalent le jour et se replient la nuit (nyctinastie) ; pour d’autres (Biophytum sensitivum), ces mouvements peuvent être provoqués par simple choc, comme aussi pour le Mimosa pudica (séismonastie).

Toutes les plantes de cette famille, acaules ou au contraire dressées, renferment de l’acide oxalique, ce qui leur donne une saveur assez agréable ; elles proviennent surtout du Pérou, du Chili, de la Bolivie, du Mexique et de l’Afrique australe. L’Oxalis acetosella, ou pain de coucou, est une plante commune en France dans les lieux ombragés, humides et qui est souvent cultivée dans les jardins, ainsi que d’autres espèces. Certaines ont des tubercules comestibles (O. crenata), après toutefois qu’on les a mis à dessécher au soleil ou au four pour leur faire perdre leur acidité. Comme autres genres, on peut citer les Averrhoa, qui sont des arbres de Malaisie, les Dapanica d’Insulinde et les Hypreocharis des Andes.


Géraniacées

Les espèces de la famille des Géraniacées (12 genres, 800 espèces) ont des feuilles le plus souvent lobées, composées, voire même laciniées ; les fleurs, du type 5 (pétales et sépales entièrement libres), sont ordinairement groupées en cymes bipares, le style est allongé, et le fruit sec, en « bec d’oiseau », s’ouvre en autant de lanières qu’il y a de carpelles ; après la déhiscence, ces lanières restent attachées au sommet de la colonne centrale : douées de propriétés hygroscopiques, on les voit, aux changements d’humidité, se tordre plus ou moins et libérer ainsi les graines en les projetant avec force. En France, deux genres (Geranium et Erodium) seulement sont représentés à l’état sauvage : 23 espèces de Géraniums, sur plus de 300 vivant dans le monde entier, et 14 espèces d’Erodiums, ou « becs de héron », à feuilles extrêmement divisées, sur une centaine environ réparties principalement dans la zone méditerranéenne. Le fruit de cette espèce est indéhiscent et ne libère pas les graines.

Les « géraniums des horticulteurs » sont en réalité des plantes appartenant au genre Pelargonium (300 espèces), ayant leur origine en Afrique du Sud. Ce sont des espèces suffrutescentes (espèces ligneuses mais de petite taille), vivaces dans nos régions quand les conditions climatiques le permettent (hivers très doux), à feuilles munies d’un léger duvet (pubescentes) et très odorantes ; les fleurs, légèrement dissymétriques, sont groupées en ombelles pouvant avoir parfois jusqu’à 40 fleurs.

Le Géranium rosat (Pelargonium capitatum, introduit dès 1790) est un arbrisseau d’un mètre de haut environ ; une essence est extraite des feuilles et des tiges ; c’est un succédané de l’essence de rose ; P. odoratissimum, cultivé dès 1724, produit une essence analogue.

La très petite famille des Limnanthacées d’Amérique du Nord, rattachée à cet ordre, peut suivant certains auteurs se ranger également près des Sapindacées.


Tropæolacées

Cette famille (deux genres et une centaine d’espèces en Amérique du Sud) est surtout connue par le genre Tropæolum — la Capucine —, qui est pratiquement le seul (100 espèces). Ce sont des plantes un peu charnues à feuilles souvent « peltées », c’est-à-dire à limbe circulaire, le pétiole aboutissant au centre ; les fleurs, isolées, d’assez grande taille, possèdent un éperon très aigu. La fleur est du type 5, dissymétrique, et l’ovaire a trois loges.

Une des espèces les plus connues est le Tropæolum majus, grande Capucine, plante grimpante originaire du Pérou ; elle a été introduite en Europe vers 1684 ; ses graines et ses boutons floraux confits dans le vinaigre servent parfois comme succédané des câpres, les fleurs étant employées autrefois pour décorer la salade. Certaines espèces de Tropæolum (T. tuberosum) ont des tubercules comestibles.