Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Géorgie (suite)

L’Église orthodoxe géorgienne

Soumise à l’origine (ive s.) au patriarcat d’Antioche, autonome vers le viiie s., autocéphale au xiiie s., incorporée à l’Église russe après l’annexion de 1801, l’Église géorgienne a retrouvé son indépendance en 1917, mais son catholicos élu n’a été reconnu par l’Église russe qu’en 1943. Elle compte une quinzaine de diocèses. Comme les Melkites (l’Église a rompu au vie s. avec l’Arménie monophysite), les Géorgiens adoptèrent la liturgie byzantine dans leur langue nationale : celle-ci s’est conservée dans la liturgie géorgienne malgré les efforts des Russes pour imposer le slave.

P. P.

➙ Tbilissi / U. R. S. S.

 W. E. D. Allen, A History of the Georgian People (Londres, 1932). / La Géorgie, situation politique et économique (Impr. Navarre, 1958). / D. M. Lang, A Modern History of Georgia (Londres, 1962). / La Géorgie (La Documentation française, 1962). / G. Charachidzé, le Système religieux de la Géorgie païenne (Maspéro, 1968) ; Introduction à l’étude de la féodalité géorgienne (Droz, 1971).


L’art en Géorgie


Période préchrétienne

De l’âge du bronze au début du christianisme, il ne nous est guère parvenu que du matériel funéraire, mais d’une telle abondance et d’une telle qualité qu’on peut facilement se faire une idée des grands courants culturels. Les outils, idoles et objets de parure en bronze apparurent précocement (milieu du IIe millénaire) ; ils furent rapidement remplacés dans les tombes riches par des objets de métal précieux. Dès le début du IIe millénaire, on a trouvé des vases d’or ornés en repoussé de personnages et d’animaux (Kouroutach) dont le style est voisin de celui des objets contemporains recueillis au Kouban et en Iran du Nord, des vases d’or sertis de pierres précieuses (Trialeti). Plus tard, un abondant matériel de bijoux, de coupes d’or, de phiales d’argent portant des ornements qui les rapprochent tantôt de l’art achéménide (trésor de Vani, vie-iiie s. av. J.-C.), tantôt de l’art hellénistique (trésor d’Armazi, ive s. av. - iie s. apr. J.-C.). Pendant presque tout le Ier millénaire av. J.-C., on trouve dans les tombes des plaques de ceinture en bronze ajouré, ciselé d’animaux hautement stylisés dont les rapports avec l’art des steppes sont évidents.


Période du Haut Moyen Âge (ive-viie s.)

À cette époque, l’art de la Géorgie s’intègre, avec celui de l’Arménie*, dans une culture commune à la Transcaucasie, où se mêlent influences gréco-romaine et iranienne.


L’architecture

La basilique à trois nefs voûtées est bien représentée (Bolnisi, v. 490), mais les édifices à plans rayonnants divers et à coupole sont plus fréquents. Les établissements rupestres (Ouplistsikhe, Vardzia) ont conservé des peintures d’époque plus tardive.


La sculpture

Elle est habituellement réduite, sur les églises, à la décoration en rinceaux des fenêtres et des portes, de facture réaliste. Les stèles funéraires, retrouvées en grand nombre, portent sur leurs quatre faces des rinceaux, des entrelacs, des croix et des scènes bibliques.


Période du Bas Moyen Âge (ixe-xve s.)

Après la conquête arabe et en dépit des invasions turque et mongole, l’art géorgien a brillé d’un vif éclat, en particulier de la fin du xiie s. au milieu du xiiie.


L’architecture

Très traditionalistes, les Géorgiens conservèrent les plans primitifs, en privilégiant la croix inscrite de type grec (Mtskheta, 1029) et surtout le triconque à bras ouest allongé et galerie (Ochki, xe s. ; Koutaïssi, 1003 ; Alaverdi, xie s.). C’est de cette période que datent les grands ensembles monastiques. En raison des invasions incessantes, il fallut fortifier les villes et les couvents, édifier des châteaux aux points stratégiques ; certains villages flanquèrent même chaque maison de hautes tours de guet et de refuge (Haute-Svanétie).


La sculpture

À partir du xe s., les façades des églises s’ornent d’arcatures, de colonnes engagées finement sculptées de rinceaux, palmettes et torsades perdant progressivement tout réalisme pour aboutir au xive s. à un véritable baroque. La sculpture figurée (scènes évangéliques ou vies de saints) se voit essentiellement sur des chancels (Safara ; Chio-Mgvime, xie-xiie s.).


La peinture

Comme les Byzantins, les Géorgiens décorèrent leurs églises de peintures, dont beaucoup se sont conservées. Au xe et au xie s., le style est hésitant, peut-être influencé par l’Asie Mineure, mais quand même original (Ateni, xie s.). Au xiie s., l’influence byzantine* s’impose tant en peinture murale (Akhtala) qu’en mosaïque (conque de l’église de Gelati, v. 1130, avec la Vierge entre les deux archanges). Au début du xiiie s., un certain maniérisme rappelant l’art de l’époque des Comnènes se remarque dans les beaux décors de Kintsvissi et de Bertoubani. De même, aux xive et xve s., le style de l’époque des Paléologues s’affirme en Géorgie. À côté de la peinture murale, la peinture d’icônes, attestée dès le xiiie s., reste d’obédience byzantine, de même que la miniature, où joue également l’influence arménienne.


L’orfèvrerie

Elle a connu une singulière fortune en Géorgie, et sous plusieurs aspects. Les émaux cloisonnés, apparus dès le viie s. mais répandus surtout à partir du xe s., ornaient icônes, reliquaires et reliures. On faisait parfois appel à des artistes grecs, mais il est aisé de distinguer leurs œuvres (icône de Hahul, xe s.) des émaux géorgiens aux visages expressifs et aux couleurs chaudes, dues à l’emploi du manganèse. L’orfèvrerie au repoussé est illustrée par Ivan Monisdze (milieu du xie s.) et Bek Opizari (fin du xiie s.). La joaillerie, enfin, n’était pas moins florissante (croix de Tamar).


Période moderne (xvie-xixe s.)

Malgré la décadence politique, l’activité des artistes géorgiens ne se dément pas au xvie et au xviie s. Les églises, les clochers, souvent en brique, atteignent des dimensions considérables (Chouamta, xvie s.). La décoration sculptée subit l’influence perse (Ananouri, xvie-xviie s.), mais la peinture reste pendant tout le xvie s. conforme au style byzantin ; ce n’est qu’au xviie s. que la décadence devient évidente.

Au xixe s., l’art n’est plus que populaire, presque folklorique ; en peinture, les œuvres de Niko Pirosmanachvili (v. 1860-1918) sont, à cet égard, typiques. En musique, les chants populaires sont d’une variété et d’une originalité peu communes.

J.-M. T.

 C. Amizanachvili, les Émaux de Géorgie (Éd. Cercle d’art, 1962) ; l’Art des ciseleurs géorgiens (Gründ, 1971) ; Histoire de l’art géorgien (en russe, Moscou, 1963). / N. Djawbezidza, Architectural Monuments in Georgia (Tbilissi, 1965). / La Miniature géorgienne (en russe, Moscou, 1966).