Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Géorgie (suite)

L’effort d’industrialisation a consisté à moderniser et à diversifier les industries légères de qualité transformant les produits locaux (le quart des investissements durant le plan 1966-1970) : ainsi, les filatures et tissages de coton, de laine et surtout la soie naturelle. Roustavi, en aval de Tbilissi, est un petit centre sidérurgique (1,5 Mt d’acier par an). L’industrie chimique s’est développée à Batoumi et Roustavi. La ville de Tchiatoura demeure un centre important de la production du manganèse, bien que les mines tendent à s’épuiser. Les carrières (marbre, tufs volcaniques) exportent leur production dans le reste de l’Union. La seconde ville de la Géorgie, Koutaïssi (161 000 hab.), est le siège d’industries mécaniques, chimiques et textiles.

Enfin, la république est l’une des plus développées sur le plan de l’équipement touristique et accueille un nombre croissant d’étrangers empruntant soit des bateaux de croisière sur la mer Noire, soit la route transcaucasienne ou l’avion jusqu’à Tbilissi, devenu centre de redistribution vers l’Arménie, les sites archéologiques ou artistiques de la région ou les stations de villégiature du Caucase.

A. B.


L’histoire

Les sites néolithiques ne manquent pas en Géorgie ; quant au Caucase, il fut l’un des plus importants foyers d’activité de l’âge de bronze. Les peuples établis au sud du Caucase, ou Kolchu, vraisemblablement refoulés de Mésopotamie au viie s. av. J.-C., formèrent d’abord les trois royaumes de Kakhesh à l’est, de Karthli au centre et de Colchide à l’ouest. Soumis aux Perses, puis à Alexandre, les Géorgiens formèrent l’important royaume d’Ibérie qui finit par tomber sous l’hégémonie de Rome (65 av. J.-C.). Vers 300, l’Ibérie (Géorgie orientale) subit le protectorat sassanide, tandis que la Colchide constituait un État client de Rome.

C’est alors qu’apparut le christianisme, introduit, selon la tradition, par l’esclave cappadocienne Nino. Aux ive-ve s., tandis que la Colchide (Lazique) était incluse dans l’Empire byzantin, le reste de la Géorgie passait sous la domination iranienne. Après une courte période d’indépendance, la Géorgie forma un ensemble de principautés sous la suzeraineté successive de l’Iran, de Byzance puis des Arabes (viie s.). En fait, les Arabes laissèrent le pouvoir à l’aristocratie locale.

Après une période d’anarchie, la Géorgie fut réunifiée à la fin du xe s. par le roi Bagrat III ; le royaume géorgien atteignit son apogée sous la reine Thamar (de 1184 à 1213), qui étendit ses conquêtes jusqu’à Trébizonde et présida à un remarquable développement matériel et culturel inspiré de Byzance. Les invasions mongoles, à partir de 1220, mirent fin à cet âge d’or. Il fallut le règne de Georges V (de 1314 à 1346) pour qu’on assistât à une renaissance qui fut gênée par les incursions de Timūr (Tamerlan), de 1386 à 1403.

Au xve s., la division du royaume en trois principautés par le roi Alexandre Ier (de 1412 à 1442) affaiblit encore la Géorgie, que la prise de Constantinople par les Turcs (1453) isola de l’Occident. Dès lors, l’islām put s’implanter ; l’Iran finit par annexer la partie orientale de la Géorgie, tandis que les Ottomans occupaient le Sud-Est. Le reste, divisé en principautés féodales plus tard réunies par des membres de la lignée bagratide, connut des années d’anarchie, au xviiie s. notamment.

En 1736, la Géorgie, étant tombée sous le protectorat perse, se tourna vers la Russie : en vain. En 1783, Irakli II, menacé par les Turcs, se plaça délibérément sous le protectorat de Catherine II : le traité de Georgiïevsk garantit l’indépendance et l’intégrité de la Géorgie. Cela ne suffit pas pour éloigner la menace perse, qui se traduisit par de sauvages incursions (1791-1796). Si bien que le roi Georges XII (de 1798 à 1800) conclut en 1799 avec le tsar Paul Ier un traité réservant à ce dernier le titre de roi de Géorgie, les Bagratides n’étant plus que régents. Alexandre Ier, Nicolas Ier et Alexandre II annexèrent successivement (1801-1864) toutes les principautés géorgiennes ; quant aux ports de la mer Noire, ils furent arrachés aux Turcs au cours de guerres dont la plus décisive fut celle de 1877-78.

Cependant, les Russes maintinrent dans son intégrité la nation géorgienne. Sous le vice-roi Mikhaïl Semenovitch Vorontsov (de 1844 à 1854), la Géorgie — notamment Tbilissi — connut une grande prospérité tout en s’ouvrant aux influences modernes. Entre 1864 et 1871, les serfs des différentes régions bénéficièrent de l’abolition du servage, intervenue en Russie sous Alexandre II ; la question agraire n’en fut pas réglée pour autant, ce qui explique les révoltes paysannes. Parallèlement, l’exploitation du manganèse (Tchiatoura) et le développement de l’industrie à Tiflis (Tbilissi) à la suite de l’achèvement, en 1883, du chemin de fer Bakou-Batoumi donnèrent naissance à une question sociale liée au développement du prolétariat ouvrier. Aussi, dès la fin du xixe s. se forma un parti socialiste démocratique géorgien, au sein duquel militera Staline. D’autre part, la politique tracassière de russification pratiquée par Alexandre III et Nicolas II exacerba un nationalisme géorgien qui s’exprima de mainte façon, et d’abord par la renaissance d’une littérature nationale, illustrée notamment par le prince Ilia Grigorievitch Tchavtchavadze (1837-1907) et Georgi Efimovitch Tsereteli (1842-1900) et s’inspirant de préoccupations sociales, voire socialisantes et marxistes.

Si bien que la révolution de 1905 fut violente en Géorgie : il fallut l’intervention brutale des cosaques pour l’écraser. Lors de la révolution de 1917, la Géorgie, contrôlée par les mencheviks, se constitua en gouvernement autonome (11 nov.). Le 26 mai 1918 se réunit à Tbilissi une diète de Transcaucasie (Arménie, Géorgie, Azerbaïdjan), qui, avec l’appui des Allemands, proclama l’indépendance de la Transcaucasie. Celle-ci fut reconnue de facto par les Alliés en janvier 1920, de jure en janvier 1921. C’est alors que l’armée rouge, avec Staline, envahit la Géorgie, où avaient éclaté des révoltes paysannes : dès le 25 février 1921, le régime soviétique était installé à Tbilissi (Tiflis). Puis la Géorgie fut incorporée à la République fédérée socialiste de Transcaucasie ; les nationalistes géorgiens furent écartés. La politique agraire appliquée par les communistes n’empêcha pas la révolte paysanne de 1924, révolte qui fut écrasée par l’armée rouge.

Le 5 décembre 1936, la République transcaucasienne fut dissoute, et fut créée la République socialiste soviétique de Géorgie, englobant les républiques autonomes d’Abkhazie et d’Adjarie et la région autonome de l’Ossétie du Sud.