Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Georges de Poděbrady (suite)

Mais Enea Silvio Piccolomini, ancien légat de l’empereur en Bohême, où il a bien connu Georges, devenu pape sous le nom de Pie II, veut abolir les Compactata. Georges s’y refuse et applique dans ses États une complète tolérance religieuse, moins par principe que par sagesse politique ; il prend seulement des mesures contre les assemblées secrètes d’un nouveau groupe de réformateurs, l’Unité des frères de Bohême.

Pie II prépare une croisade contre la Bohême lorsqu’il meurt en 1464. Son successeur, Paul II, encourage les nobles mécontents du parti catholique à former le 28 novembre 1465 une ligue à Grünberg (auj. Zielona Góra) et à se révolter ; le 23 décembre 1466, le pape excommunie solennellement et dépose Georges, « roi des hérétiques ». Le roi de Hongrie, Mathias Hunyadi (Corvin), envahit alors la Moravie et se fait proclamer, le 3 mai 1469 à Olomouc, roi de Bohême. Mais Georges obtient la neutralité de la Pologne en proclamant pour son successeur le prince Ladislas Jagellon, fils du roi Casimir IV, et, malgré quelques pertes territoriales, il peut préserver l’essentiel : l’autorité et l’indépendance du royaume, la tolérance religieuse, qui seule permet de maintenir l’unité de la Bohême.

B. M.

➙ Bohême.

 E. Denis, la Fin de l’indépendance bohême (Colin et Cie, 1890 ; 2 vol.). / F. G. Heymann, George of Bohemia, King of Heretics (Princeton, 1965). / J. Macek, Georges de Podiebrad (en tchèque, Prague, 1967).

Géorgie

En russe Grouziia, une des trois républiques de l’U. R. S. S. composant la « grande région économique » de Transcaucasie ; 69 700 km2 ; 4 688 000 hab. (Géorgiens).


Environ la moitié de la population vit dans les villes. La Géorgie englobe : deux républiques autonomes, celle d’Abkhazie (8 600 km2 et 487 000 hab. [contre 212 000 en 1926 et 405 000 en 1959], avec, pour capitale, Soukhoumi, 65 000 hab.) et celle d’Adjarie (3 000 km2 et 310 000 hab. [contre 132 000 en 1926 et 245 000 en 1959], dont la capitale est Batoumi, 101 000 hab.) ; une région, ou province (oblast) autonome, l’Ossétie du Sud (3 900 km2 ; 100 000 hab. [contre 87 000 en 1926 et 97 000 en 1959], avec, pour capitale, Tskhinvali). La capitale de la Géorgie est Tbilissi*, qui regroupe environ le cinquième de sa population totale.

La population se compose pour les deux tiers de Grousiens ou Géorgiens, vieux peuple de religion chrétienne, ayant connu un brillant passé qui s’exprime par les monuments, les églises et la culture contemporaine. Les Arméniens représentent 10,7 p. 100 de la population totale, les Azerbaïdjanais, 4,6 p. 100, les peuples slaves (Russes et Ukrainiens), 8,5 p. 100. Adjares et Abkhazes ont été seuls islamisés, le pays ayant connu les dominations perse et ottomane.

Les régions géographiques sont assez contrastées. La Géorgie occidentale se compose des vallées du bassin du Rion (Rioni), en forme d’entonnoir. C’est la partie la plus fertile et la plus peuplée. La chaîne du Caucase abrite les plaines voisines de la mer Noire des vents froids venus des steppes septentrionales, et les dépressions régénérées au-dessus de la mer apportent des précipitations annuelles de plusieurs mètres. L’ensemble, au moins jusqu’à l’altitude de 1 200 m, jouit d’un climat de type subtropical. Le littoral, marécageux et bas, n’est guère utilisé. Poti et Soukhoumi sont de petits ports de pêche et de cabotage. Batoumi, terminus de l’oléoduc venant de Bakou, a une raffinerie de capacité moyenne. Des stations climatiques de repos sont installées au pied de la chaîne qui domine la côte. Le delta du Rion et sa plaine inférieure ont été drainés et portent de belles cultures maraîchères, fourragères, fruitières. Les collines bien exposées ont été conquises à la fin du xixe s. par les vergers d’agrumes et de théiers : la république fournit la quasi-totalité de la production soviétique. Les sovkhozes constituent des modèles d’organisation et de productivité. D’autres cultures tropicales s’y associent : palmiers, kakis, oléagineux, mûriers. La vigne donne des crus renommés. Au-dessus de la zone de cultures, la forêt exubérante du versant méridional du Caucase est encore à peine exploitée, tandis qu’au sud les montagnes et plateaux volcaniques de Transcaucasie voisins de l’Arménie appartiennent déjà au domaine pontique, plus massif, plus sec, moins peuplé, et constituent une zone d’élevage transhumant des ovins.

La Géorgie intérieure comprend la vallée supérieure du Rion et celle de la Koura, séparées par un col aisément franchissable, à 1 200 m. Elle est plus sèche : Tbilissi ne reçoit que 400 mm par an, et l’irrigation (300 000 ha) devient nécessaire. Elle comprend les versants plus arides du Caucase central (Ossétie du Sud), des bassins intérieurs (Kakhétie) et, au pied du col Krestovy (de la Croix), emprunté par la route qui traverse le Caucase, le bassin moyen de la Koura, de Tbilissi à la frontière de l’Azerbaïdjan.

Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, la Géorgie était restée un pays pastoral et agraire. La colonisation russe, à la fin du xixe s., a progressé lentement. Le pays a été désenclavé par la construction de la route du littoral de la mer Noire en 1890, de la « magistrale » Bakou-Batoumi en 1883 ; la voie ferrée venant de Novorossisk n’a été achevée qu’en 1930.

La mise en valeur date des derniers plans. Les ressources énergétiques, relativement faibles, sont exploitées : charbon à Tkvarcheli et Tkibouli (plus de 2 Mt par an), un peu de pétrole à Mirzaani, à l’extrémité orientale de la république ; la production d’énergie hydro-électrique s’accroît rapidement : plus de 8 TWh en 1969 (0,74 en 1940), grâce à l’équipement des fleuves de la mer Noire, du Rion et de la Koura. La principale centrale, « Lénine », est située en amont de Tbilissi ; la retenue ravitaille en eaux urbaines et industrielles l’ensemble de la région. Le gazoduc de Bakou atteint Tbilissi.