Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

aménagement des établissements industriels (suite)

Tout établissement industriel peut être assimilé à un organe ayant des fonctions à remplir. La première de ces fonctions est commerciale : c’est la recherche du profit. Il s’y ajoute une fonction sociale, étant donné qu’une implantation industrielle se traduit par la création d’emplois, donc par l’existence d’un pouvoir d’achat qui sera en grande partie dépensé localement. L’aménagement d’un établissement industriel nécessite donc préalablement :
— la détermination des objectifs visés ;
— le choix des procédés de fabrication ;
— la désignation de l’emplacement (site) imparti pour la mise en place des équipements ;
— l’adoption d’un programme d’étude et de réalisation, concrétisé par un planning prévisionnel et des engagements financiers.


Détermination des objectifs

Les objectifs se résument à la définition (qualité, quantité, prix de revient, etc.) du ou des produits à fabriquer, du délai imparti pour le lancement de la fabrication et du budget prévu pour la mise en œuvre du programme correspondant. Selon la règle de Nichols, le coût global est proportionnel au produit de la production globale par le prix unitaire. Le coefficient de proportionnalité varie de 2 (opérations laissant peu de bénéfice) à 0,5 (opérations laissant un profit honnête), le chiffre 1 étant couramment adopté aux États-Unis. D’autre part, l’objectif consiste à créer une nouvelle usine ou, plus modestement, à aménager plus ou moins partiellement une usine existante.


Choix des procédés

Un établissement industriel se compose d’un certain nombre d’unités réparties, aussi fonctionnellement que possible, à l’intérieur du périmètre définissant les limites territoriales de celui-ci. Cette répartition fait l’objet d’un plan appelé plan-masse, sur lequel sont également portées les routes et dessertes. D’autre part, ces dites unités se subdivisent en unités de production, chargées d’élaborer les produits destinés à la clientèle, et en unités auxiliaires (centrale électrique, chaufferie, station d’air comprimé, magasins, etc.), desservant les précédentes. Toutes ces unités entretiennent donc des liaisons, lesquelles sont mises en évidence au moyen de schémas dits schémas de principe. De plus, et chaque fois que cela s’impose, le fonctionnement interne d’une unité est explicité par un schéma de procédé, sur lequel apparaît, outre les principaux appareils, les données qualitatives et quantitatives qui définissent le cycle de fabrication. L’élaboration de tels schémas constitue une spécialité, l’engineering. Elle est parfois précédée d’une expérimentation préalable, souvent à échelle réduite, installation ou unité pilote. Pour être pleinement utilisables, ces schémas sont complétés d’une part par des spécifications relatives aux appareils y figurant ou à l’aménagement du local destiné à abriter l’ensemble de l’installation, d’autre part par des schémas d’instrumentation précisant les automatismes qui régissent le cycle de fabrication, l’ensemble des schémas de principe et de procédés, ainsi que des documents de complément, constituant le flow-sheet, à partir duquel les études d’implantation deviennent possibles.

Engineering

Capacité de rédiger des projets de travaux industriels et d’assurer la direction de ces travaux, ou, par extension, l’activité correspondante. (L’aménagement des usines représente donc un aspect particulier de l’engineering.)

L’engineering fait appel à un certain nombre de techniques, depuis le génie civil jusqu’aux dispositifs automatiques de contrôle et de régulation. Le personnel technique utilisé comprend donc des spécialistes et des coordinateurs. Ces derniers, souvent appelés ingénieurs de projet, ou encore ingénieurs d’affaires, assurent la liaison avec le futur exploitant, c’est-à-dire le client. De telles activités se sont développées depuis près d’un demi-siècle dans les pays industrialisés, les premiers secteurs touchés étant le pétrole et la métallurgie. Ce développement s’explique par l’importance des programmes de travaux, leur caractère accidentel, la nécessité de rassembler une équipe opérationnelle en vue d’un objectif précis. Certaines grandes sociétés, prévoyant une continuité suffisante dans les programmes en question, ont créé leurs propres services d’engineering. On a assisté parallèlement à l’éclosion d’entreprises ayant l’engineering pour seule activité et vendant les prestations correspondantes. Suivant le cas, ces prestations se limitent au procédé (process), à un projet plus ou moins élaboré, à l’ensemble des documents permettant de lancer les consultations de fournisseurs et enfin à l’usine clés en main. Un pourcentage de l’ordre de 15 p. 100 des exportations françaises se traite par ce canal.

Les activités d’engineering se trouvent réparties entre plusieurs centaines d’organismes, intégrés ou non au sein d’une entité plus large, chacun possédant sa ou ses spécialités. En France, on peut distinguer :
— des filiales de sociétés étrangères, notamment américaines (Bechtel France S. A., Foster Wheeler française, Société française des techniques Lummus, etc.), avec, en règle générale, une vocation pétrolière assez prononcée ;
— des organismes intégrés au sein de certaines grandes compagnies, comme Pechiney ou les Ciments Lafarge, ces organismes travaillant, suivant le cas, au profit de leur employeur ou d’un client extérieur ;
— des filiales d’engineering dont le fonctionnement n’est guère différent des organismes précédents, mais qui, à l’inverse de ceux-ci, possèdent la personnalité morale (cas de la société ENSA, qui appartient au groupe Schneider, de la Société générale d’exploitations industrielles [SOGEI], filiale commune de la Société générale d’entreprises [SGE], de la Compagnie générale d’électricité [CGE], etc.) ;
— des engineerings couvrant un large secteur d’activités (Heurtey, Serete, etc.) ;
— des engineerings nettement spécialisés (Sofremines, Sofrerail, Technip, Groupement atomique Alsthom-Alsacienne-Atlantique, etc.) ;
— des groupements mis sur pied pour la réalisation d’un objectif déterminé, comme ce fut le cas de l’USSI, société chargée de la construction d’une usine de séparation isotopique et de l’architecture industrielle du centre de Pierrelatte.

A. O.