Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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génétique (suite)

Le daltonisme, ou cécité pour les couleurs, doit son nom à John Dalton*, qui décrivit parfaitement un trouble qui l’empêchait, dit-on, de reconnaître la couleur de sa robe professorale. Il existe cependant plusieurs variétés de daltonisme, liées à une série d’allèles différents d’un ou de plusieurs gènes portés par le chromosome X. L’impossibilité de distinguer le vert du rouge est la forme la plus commune, mais la confusion des couleurs peut être beaucoup plus subtile et ne porter que sur des teintes et des demi-teintes. Souvent l’anomalie ne peut être mise en évidence que par des épreuves délicates.

La myopathie est une maladie grave, caractérisée par une atrophie progressive des muscles qui entraîne une impotence progressive et parvient à confiner le malade au lit en entraînant la mort avant l’âge adulte. Il s’agit, ici encore, d’une maladie qui, liée au sexe, frappe exclusivement les garçons.

Dans certains cas, la maladie peut se manifester chez les femmes hétérozygotes. C’est alors une maladie liée au sexe. Il semble que ce soit le cas d’une forme particulière de rachitisme, dit « rachitisme vitamino-résistant », du fait de sa résistance aux doses habituelles de vitamine D.

Parmi les autres maladies liées au sexe on peut encore citer une forme de diabète dite « diabète insipide », une dysplasie ectodermique anhydrotique, etc.

La détection des filles hétérozygotes a, ici, un intérêt considérable, car celles-ci mettent en jeu leurs descendances lorsqu’elles sont les sœurs de garçons atteints. A priori, une sœur de malade a une probabilité de 1/2 d’être elle-même hétérozygote et donc une probabilité de 1/2 × 1/4 = 1/8 d’avoir un garçon atteint. Ce risque est très élevé et ne doit pas être couru dans certains cas, comme la myopathie ou l’hémophilie. On conçoit donc l’importance de pouvoir dire à une telle femme si elle est hétérozygote ou non. Grâce à nos techniques modernes, il devient de plus en plus possible de fournir cette réponse. C’est le cas, en particulier, de la maladie grave qu’est la myopathie, pour laquelle on peut, avec une confiance de l’ordre de 90 p. 100 environ, dire à une femme si elle est hétérozygote ou non.

On conçoit que la consanguinité joue un rôle non négligeable dans le cas des maladies liées au sexe ; il faut évidemment qu’un homme atteint s’abstienne d’épouser une femme apparentée à lui.


Les maladies métaboliques

Les maladies métaboliques constituent un groupe de maladies de connaissance relativement récente et pour lesquelles la médecine et la génétique ont fait des progrès considérables au cours des dernières années. Elles sont dues à l’incapacité pour l’organisme de synthétiser une enzyme donnée. Elles correspondent à un blocage enzymatique. La figure 8 schématise le métabolisme d’un acide aminé particulier, la phénylalanine. On voit que, fourni par l’alimentation, il se transforme en un grand nombre de composés différents selon des voies métaboliques particulières. Or, chacune de ces voies métaboliques est sous le contrôle d’une enzyme particulière. Ces enzymes sont elles-mêmes sous le contrôle direct des gènes. Une mutation d’un de ces gènes entraîne l’impossibilité de fabriquer correctement l’enzyme correspondante, donc un blocage métabolique. On voit dans la figure des sites pour lesquels on connaît de tels blocages métaboliques. Un blocage en I entraîne une maladie particulière, la phénylalaninémie, caractérisée par une accumulation de phénylalanine dans le sang ainsi que de ses dérivés en amont du blocage. Cette maladie est grave : elle entraîne une débilité mentale profonde. On sait maintenant non pas la guérir, mais pallier de manière très appréciable les effets du blocage, en supprimant précisément la phénylalanine de l’alimentation de l’enfant. Un blocage en II donne une autre maladie, caractérisée par l’accumulation de la tyrosine : c’est la tyrosinose. Un blocage en III est responsable d’une accumulation d’acide homogentisique, et celle-ci est typique d’une maladie appelée l’alcaptonurie, caractérisée essentiellement par une coloration noirâtre des urines. L’alcaptonurie a été la première maladie métabolique connue chez l’Homme ; elle a fait l’objet des travaux classiques de sir Archibald Garrod au début de ce siècle. Enfin, un blocage en IV est responsable de l’albinisme du fait du défaut de synthèse de la mélanine, c’est-à-dire de la substance qui constitue le pigment cutané.

On connaît de nombreux autres exemples de ce type. Par exemple, le métabolisme du glycogène, qui est la forme sous laquelle le sucre est stocké dans le foie, est sous le contrôle de nombreuses enzymes, et nous connaissons pour chacune d’elles une maladie correspondant au blocage de l’enzyme considérée. Ce sont les glycogénoses, responsables, dans la grande majorité des cas, de la mort de l’enfant peu après sa naissance. Le métabolisme du glucose est lui-même sous le contrôle de très nombreuses enzymes, et l’on connaît, ici encore, de nombreuses maladies affectant ce métabolisme. Il en est de même pour le métabolisme des lipides, en particulier des lipides cérébraux. On connaît de nombreuses maladies héréditaires des enzymes digestives : des troubles de l’hormono-synthèse surrénalienne ou thyroïdienne ; les rachitismes vitamino-résistants ; les anomalies héréditaires du métabolisme du potassium, du sodium, du chlore ; les diabètes insipides héréditaires. On voit que la liste est longue de toutes ces maladies qui affectent les métabolismes essentiels nécessaires à la vie. Il s’agit toujours de maladies récessives pour lesquelles la détection des hétérozygotes devient chaque jour mieux connue.


Maladies héréditaires et malformations congénitales

Il est très important de ne pas confondre maladies héréditaires et maladies congénitales. Toutes les maladies congénitales, c’est-à-dire celles que l’on apporte avec soi à la naissance, ne sont pas nécessairement héréditaires. Certaines peuvent être dues à un événement survenu pendant la grossesse ; d’autres peuvent être dues à une aberration chromosomique.