Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Gênes (suite)

La plupart des activités tertiaires sont dérivées du port. C’est d’abord le grand nombre d’emplois dans les transports, le commerce d’import-export, les assurances, les activités financières diverses. Il s’y ajoute le commerce de détail d’une grande ville, les emplois dans le siège des sociétés par actions fixées à Gênes. Mais il y a aussi des activités indépendantes du port, comme la fonction universitaire ou éditoriale, pour lesquelles Gênes retrouve un rôle régional qui s’étend à la Ligurie et à la province piémontaise d’Alexandrie.

Les industries forment le deuxième grand volet de l’économie génoise. Le panorama industriel est assez complet avec une spécialisation dans la métallurgie et la mécanique, liées, au moins dans le passé, aux constructions navales ; le raffinage du pétrole s’est développé tardivement, et la pétrochimie est encore absente. Née au xixe s. sous l’initiative du groupe Ansaldo, la sidérurgie génoise a été transformée à partir de 1953 avec la mise en service du complexe sidérurgique intégré de Cornigliano (groupe Italsider). L’ensemble couvre 161 ha avec des hauts fourneaux, des fours Martin-Siemens, un laminage à chaud et un train de laminoir à froid. D’autres usines plus modestes renforcent cet ensemble, qui fait de Gênes un des quatre grands centres sidérurgiques italiens avec Piombino, Bagnoli et Tarente. Pendant des décennies, l’industrie mécanique a été dominée par le groupe Ansaldo. Celui-ci possédait, outre des chantiers de réparations navales, de vastes chantiers navals, notamment à Sestri Ponente, où se construisaient les grands paquebots (le Michelangelo). Mais, en 1967, l’Ansaldo a été plus étroitement liée à l’Italcantieri (IRI), qui, par la création de la grande forme de Trieste-Monfalcone, entrave les progrès de Gênes au moment où la crise s’abat sur le secteur des constructions navales. Parmi les autres productions (chaudières, moteurs, turbines, équipement de précision...), les plus importantes sociétés sont sous contrôle de la Finmeccanica (IRI). L’industrie chimique assure 12 p. 100 des emplois manufacturiers. De vieille tradition est la savonnerie (Mira Lanza à Rivarolo). Il y a aussi des usines de vernis et de colorants, quelques laboratoires pharmaceutiques. Mais la perspective la plus large est ouverte par la pétrochimie. Elle se limite pour l’instant à cet ensemble de cinq raffineries échelonnées dans la vallée du Polcevera. La mise en service d’oléoducs vers la plaine padane freine l’essor de la capacité de raffinage. À côté de ces grandes branches, il y a toute une série d’industries diverses. On peut relever l’importance de la confiserie, de la sucrerie, de la conserverie, des huileries. L’activité ancienne de la tannerie se maintient, tandis que l’industrie textile décline. Au total, Gênes est le troisième foyer industriel italien (après Milan et Turin).


L’organisation spatiale de l’agglomération

L’évolution économique, ainsi que les dispositions des divers plans d’urbanisme ont conduit à une division de la ville en quartiers bien différenciés. Près du Vieux Port, entre la gare principale et la piazza della Vittoria, s’étend le centre-ville, où se rassemblent les activités tertiaires de haut niveau ; son point principal est la piazza De Ferrari. Ce quartier présente de forts contrastes entre les grandes artères et les pittoresques ruelles (les Carruggi) du centre historique. L’industrie n’est présente ici que dans le port (réparations navales). Le centre est flanqué au nord, au-delà d’un anneau de boulevards courant le long des collines, par une « Gênes haute » occupée par des résidences aisées. Vers l’est se trouvent surtout des quartiers d’habitations, tantôt très récents, tantôt conservant un ancien centre villageois, comme à Sturla, à Quarto dei Mille, à Quinto al Mare ; on y voit seulement quelques ateliers (textiles, alimentaires). À l’extrémité orientale, Nervi tient une place à part à cause de sa fonction touristique. On ne trouve l’industrie que dans la vallée du Bisagno (tanneries). À l’ouest du centre s’étale l’industrie lourde, mêlée à des résidences ouvrières. C’est d’abord Sampierdarena (mécanique) et la vallée du Polcevera jusqu’à Pontedecimo (sidérurgie, mécanique, raffineries), puis Cornigliano (sidérurgie), Sestri Ponente (aéroport, chantier naval, port pétrolier), enfin Pegli, Pra, Voltri, où le paysage industriel devient moins obsédant.


Les problèmes

Gênes est confrontée avec de sérieux problèmes. Sur le plan économique, la présence d’industries lourdes dominantes rend difficiles les adaptations rapides à la conjoncture. La grande place prise par les capitaux publics (Istituto per la ricostruzione industriale [IRI]) dans les sociétés génoises enlève à la ville la maîtrise de ses décisions économiques. Pour continuer à progresser, il faut trouver des espaces et améliorer les communications. Gagner des terrains sur la mer est très onéreux ; aussi, les Génois cherchent-ils de nouvelles surfaces dans l’arrière-pays (des terrains ont été achetés à Rivalta Scrivia pour des entrepôts). Pour assurer leurs communications, les Génois ont taraudé la montagne et demandent sans cesse de nouvelles réalisations. Le raccord, par le viaduc du Polcevera, entre les autoroutes venant de Milan, de Vintimille et de Massa-Carrare est un progrès majeur. Ainsi, par des réalisations coûteuses et un travail opiniâtre, Gênes maintient sa place de grande métropole économique italienne.

E. D.

➙ Chypre / Commerce / Corse / Croisades / Foire / Italie / Ligurie / Pise / Sardaigne / Venise.

 R. Doehaerd, les Relations commerciales entre Gênes, la Belgique et l’Outremont aux xiiie et xive siècles (Palais des Académies, Bruxelles, 1941 ; 3 vol.). / Y. Renouard, les Hommes d’affaires italiens au Moyen Âge (A. Colin, 1950 ; nouv. éd., coll. « U2 », 1968) ; les Villes d’Italie de la fin du xe siècle au début du xive siècle (C. D. U. et S. E. D. E. S., 1962 ; nouv. éd., 1969 ; 2 vol.). / Storia di Genova (Gênes, 1958 et suiv.). / D. Gioffre, Gênes et les Foires de change de Lyon à Besançon (S. E. V. P. E. N., 1960). / J. Heers, Gênes au xve siècle. Activité économique et problèmes sociaux (S. E. V. P. E. N., 1961 ; éd. abrégée, Flammarion, 1971). / C. Merlo, Liguria (Turin, 1961). / J. Day, les Douanes de Gênes, 1376-1377 (S. E. V. P. E. N., 1964 ; 2 vol.). / J.-E. Hermitte, l’Économie industrielle des rivages méditerranéens entre Toulon et La Spézia (Ophrys, Gap, 1966). / G. Ferro, Contributi alla geografia urbano di Genova (Gênes, 1969).