Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

gendarmerie (suite)

La gendarmerie mobile, créée en 1926 sous le nom de garde républicaine mobile (son personnel porte les attributs dorés sur son uniforme), est une réserve de force militaire à la disposition du gouvernement. Plus spécialement destinée au maintien de l’ordre, elle est articulée en groupements, groupes et escadrons soit blindés, soit portés, soit mixtes (automitrailleuses), qui comprennent tous une brigade motocycliste. En 1971, elle s’est renforcée d’un escadron parachutiste organisé à Mont-de-Marsan.

La gendarmerie comprend en outre un certain nombre de formations adaptées à des missions particulières :
— la garde républicaine de Paris (v. garde) ;
— la gendarmerie de l’air (créée en 1943, intégrée dans la gendarmerie nationale en 1947 et, depuis 1956, spécialisée dans son emploi au bénéfice exclusif de l’armée de l’air), chargée de la surveillance et de la police de ses bases et de ses établissements ;
— la gendarmerie maritime, issue des compagnies de prévôté de la marine du xviiie s., qui, après avoir relevé du département de la marine, a été intégrée en 1970 dans la gendarmerie nationale et qui est chargée de la sécurité et de la police des ports, des arsenaux, des bases de l’armée de mer ;
— la gendarmerie des transports aériens, créée en 1953 et chargée de la sûreté et de la police des aérodromes civils ;
— la gendarmerie des Forces françaises d’Allemagne, qui comprend des groupements de prévôté (détachements, pelotons et postes prévôtaux) et des formations dans le secteur français de Berlin ;
— la gendarmerie de l’armement créée en 1973 et employée dans les établissements d’armement ;
— enfin la gendarmerie stationnée dans les départements et territoires d’outre-mer ainsi que les détachements d’assistance technique auprès des gouvernements des jeunes nations africaines francophones.

La gendarmerie aux armées en temps de guerre

Dans l’ancienne France, les noms de plusieurs grands prévôts attestent déjà la vaillance des membres de la maréchaussée : Jean Montaigne, tué à la bataille navale de l’Écluse en 1340 ; le Gallois de Fougières, tué à Azincourt en 1415, dont les restes, retrouvés en 1934 dans l’église d’Auchy-lès-Hesdin (Pas-de-Calais) par le chef d’escadron et historien Georges Benoit-Guyod (1886-1968), reposent dans le monument élevé à Versailles en 1945 à la gloire des gendarmes ; Charles de Monchy d’Hocquincourt (1599-1658), nommé maréchal de France en 1651, après s’être distingué en Espagne. Il faut cependant attendre la fin du xviiie s. pour que Louis XVI décide que la maréchaussée participera sous ses propres étendards aux opérations de guerre, et ce n’est qu’en 1792 que la gendarmerie constitue pour la première fois des unités combattantes.

En 1793, une division de gendarmerie s’illustre à Hondschoote. Sous le Consulat et l’Empire, la gendarmerie d’élite, comme la garde de Paris, participe à toutes les campagnes et se distingue notamment à Dantzig et à Friedland (1807), à Alcolea et à Burgos (1808), à Villodrigo (1812), batailles qui seront inscrites sur leurs drapeaux et étendards. À partir de 1830, les gendarmes se battent en Algérie, où ils participent à la prise de la smala d’Abd el-Kader, puis sont engagés en Crimée (1855). Pendant la guerre de 1870-71, la gendarmerie fournit plusieurs régiments à pied et à cheval qui se battent au siège de Paris (Châtillon), aux armées de la Loire et dans l’Est avec Bourbaki. Aucune unité de gendarmerie n’est constituée en 1914-1918, mais les gendarmes participent largement à l’encadrement des formations de réserve. Il en sera de même en 1939-40, où la gendarmerie formera en outre un bataillon de chars légers (le 45e) engagé au sud de Sedan dans la 3e division cuirassée (mai 1940). Durant l’Occupation, de très nombreux gendarmes facilitent l’action de la résistance ou s’y enrôlent secrètement avant de combattre à découvert dans les rangs de la Ire armée française, où deux escadrons se battent à Strasbourg en 1944-45. Sur les champs de bataille, dans les prisons allemandes et les camps de concentration, la gendarmerie laisse 2 500 morts. De 1945 à 1954, trois légions de marche de gendarmerie participent aux opérations d’Indochine, dernier nom figurant aujourd’hui sur ses drapeaux et étendards.

Le personnel de la gendarmerie

Partie intégrante des armées, la gendarmerie nationale comprenait en 1972 environ 2 000 officiers et 63 000 sous-officiers. Depuis 1971, et dans la limite de 10 p. 100 de ses effectifs, elle incorpore, pour la durée de leur service militaire, quelques milliers de jeunes gens du contingent, volontaires pour servir dans ses rangs en qualité de gendarmes auxiliaires.

Les officiers de gendarmerie proviennent soit directement de Saint-Cyr, soit — après concours — des officiers subalternes des armées ou des meilleurs sous-officiers de l’arme, soit des adjudants-chefs et adjudants (dans la limite de 20 p. 100 des emplois vacants), soit enfin, exceptionnellement, de jeunes officiers de réserve. Quelle que soit leur origine, tous ces officiers suivent les cours de l’École des officiers de gendarmerie, installée à Melun en 1946, où elle a pris la suite de l’ancienne École d’application de gendarmerie de Versailles de 1919 à 1939.

Les gendarmes, qui sont tous sous-officiers, sont recrutés sur examen parmi les candidats ayant accompli leurs obligations militaires et remplissant certaines conditions d’âge, d’aptitude physique, de moralité et d’instruction. Ils reçoivent ensuite leur formation militaire et technique dans une des écoles préparatoires de gendarmerie, puis sont ensuite affectés soit dans la gendarmerie mobile, soit dans la gendarmerie départementale. Les officiers, les gradés et certains gendarmes (après examen) possèdent la qualité d’officier de police judiciaire civil et militaire (les autres gendarmes sont agents de police judiciaire).

Dès leur titularisation, les militaires de la gendarmerie sont tenus de prêter, devant le tribunal de grande instance siégeant en audience publique, le serment suivant : « Je jure d’obéir à mes chefs en tout ce qui concerne le service auquel je suis appelé et, dans l’exercice de mes fonctions, de ne faire usage de la force qui m’est confiée que pour le maintien de l’ordre et l’exécution des lois. »

A. D.

➙ Garde / Protection civile / Territoire.

 G. Benoit-Guyod, Histoires de gendarmes (Gallimard, 1937). / Revue historique de l’armée, numéro spécial (1961). / M. Diamant-Berger et C. de Cruzel, Huit Siècles de gendarmerie (Larrieu-Bonnel, Toulouse, 1967). / La Gendarmerie nationale (la Documentation française, « Notes et études documentaires », 1970).