Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

gaz (suite)

Conversion

Quand le gaz naturel arrive dans une région où l’on distribue du gaz manufacturé, on a intérêt à distribuer le gaz naturel en l’état et non sous forme de gaz manufacturé après réformage. Cette solution implique la transformation de tous les appareils des abonnés et une adaptation du réseau de distribution. Cette « conversion » demande une organisation très bien structurée pour que la clientèle éprouve le moins de perturbations possible par le changement de gaz. Cette opération est d’ailleurs d’autant plus facile que les appareils sont « tous gaz ». Une conversion analogue doit être opérée quand on remplace le gaz manufacturé par du propane, de l’air propané ou de l’air butané.

Les différentes sortes de gaz combustibles

gaz de cokerie, gaz produit dans les cokeries sidérurgiques et minières par la distillation de la houille dans les fours à coke.

gaz à l’eau, gaz contenant principalement de l’hydrogène et de l’oxyde de carbone et obtenu en décomposant de la vapeur par du coke porté à 1 000-1 200 °C.

gaz de haut fourneau, gaz recueilli à la sortie du gueulard des hauts fourneaux au cours de l’élaboration de la fonte.

gaz de houille, gaz obtenu par pyrogénation ou distillation de la houille.

gaz manufacturé, gaz obtenu par des opérations physiques et chimiques effectuées sur des combustibles de toutes natures solides, liquides ou gazeux.

gaz naturel, ensemble d’hydrocarbures gazeux qui se trouvent en roche-réservoir dans les gisements pétrolifères, d’où on les extrait pour servir de combustibles ou de matière première pétrochimique.

gaz pauvre ou gaz à l’air, gaz obtenu par combustion incomplète du coke et contenant principalement de l’oxyde de carbone, un peu d’hydrogène et de l’azote.

gaz réformé, gaz provenant d’une opération de conversion (cracking ou reforming des molécules d’hydrocarbures).

gaz de ville, gaz de houille distribué par canalisations au domicile des usagers. (On disait autrefois gaz d’éclairage.)

Le Gaz de France

Par la loi du 8 avril 1946, le premier gouvernement du général de Gaulle nationalisait les entreprises privées de production, de transport et de distribution de gaz et créait un service national dénommé « Gaz de France ». Certaines sociétés ou certains organismes restaient cependant en dehors de la nationalisation : régies municipales, sociétés d’économie mixte, exploitations de faible importance. En fait, 615 usines à gaz, gérées par 127 sociétés et représentant 95 p. 100 du potentiel gazier français, étaient transférées au Gaz de France. Cet organisme n’est pas une administration dépendant directement de l’État, mais un établissement autonome géré par un conseil d’administration et dont le fonctionnement doit avoir, aux termes de la loi de nationalisation, un caractère industriel et commercial.

Par la même loi était créé pour l’électricité un établissement de même nature, « Électricité de France ». Le personnel des deux établissements bénéficie du même statut ; une partie de celui-ci est mixte, notamment dans les services de distribution. Après avoir supprimé la plupart des petites exploitations, le Gaz de France a concentré la production de gaz manufacturé dans de grandes centrales gazières. Après la découverte, en 1951, du gisement de Lacq, le gaz naturel s’est substitué progressivement au gaz manufacturé à partir de 1957 sur une partie du territoire. Plusieurs stockages souterrains ont été mis en exploitation. Les techniques du méthane liquide, notamment le transport par navire, ont été mises au point, et, en 1965, le premier méthanier français, Jules-Verne, assurait la liaison entre Arzew, sur la côte algérienne, et le terminal méthanier du Havre. En 1967, le Gaz de France recevait le gaz naturel de Groningue aux Pays-Bas. En 1971, un contrat a été signé avec l’Algérie pour la livraison de 3,5 milliards de mètres cubes par an de gaz naturel dans le nouveau terminal méthanier de Fos.

Le Gaz de France est ainsi devenu une entreprise intégrée d’achat, de transport et de commercialisation du gaz naturel, tout en continuant à assurer un certain nombre de distributions publiques de gaz manufacturé ou de propane.

En 25 ans, ses ventes se sont accrues de 450 p. 100, tandis que le nombre de ses clients augmentait de 36 p. 100 et que celui de son personnel diminuait de 27 p. 100.

L. S.

L’essor du gaz naturel

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les experts estimaient que le marché mondial de l’énergie allait être marqué par de profondes mutations. Ils annonçaient le développement des usages du pétrole (qui s’est confirmé). Ils prévoyaient l’essor rapide de la production d’énergie nucléaire (qui ne s’est pas réalisé au rythme prévu). Ils négligeaient ce qui apparaît comme la nouveauté essentielle des dix dernières années : la poussée rapide du gaz naturel, qui cesse d’être un sous-produit encombrant, difficile à transporter, donc à écouler, pour devenir une des sources essentielles d’énergie.

Ne fournit-il pas à l’heure actuelle 35 p. 100 des besoins énergétiques des États-Unis ? Ne représente-t-il pas au niveau mondial, avec 1 000 milliards de mètres cubes, une production comparable aux deux tiers de celle de la houille, à la moitié de celle du pétrole ? N’explique-t-il pas dans une large mesure les succès industriels des États-Unis (600 milliards de mètres cubes par an, l’équivalent de 900 millions de tonnes de houille) comme la croissance rapide de la production soviétique (300 milliards de mètres cubes) ? N’a-t-il pas été un des éléments du miracle italien (11 milliards de mètres cubes) ?

Qu’est-ce qui explique la prodigieuse poussée de la production et de la consommation au cours des dernières années ? Des facteurs qui agissent sur l’offre, tout d’abord, et d’autres qui stimulent la demande, ensuite.

Les conditions de gisement

On commence à mieux comprendre l’évolution de la matière organique dans les zones sédimentaires. Sous l’action de bactéries, la matière organique donne naissance, dans la zone supérieure des dépôts (moins de 20 m), à du méthane, ou, lorsque la matière ligneuse est particulièrement abondante, à des dépôts où domine la lignine.