Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

gaz (suite)

• Réserves de gaz naturel. Les réserves prouvées de gaz naturel, c’est-à-dire les quantités reconnues et disponibles avec les méthodes de récupération actuelles, représentent un peu plus de 30 années de consommation au rythme présent des besoins. Or, bien loin d’être terminée, la découverte des gisements de gaz commence à peine dans d’immenses régions inhospitalières, équatoriales ou arctiques. C’est ainsi que les gigantesques dépôts d’hydrates récemment découverts en Sibérie septentrionale contiendraient, à eux seuls, l’équivalent de 100 fois les réserves prouvées actuelles, soit le chiffre fantastique de 3 millions de milliards de mètres cubes.

L’Europe occidentale, si pauvre en pétrole, se révèle en revanche, compte tenu de sa superficie, comme l’une des régions du monde les plus riches en gaz naturel. Certes, les petits gisements d’Italie du Nord et de Lacq seront bientôt épuisés, mais la découverte de gaz aux Pays-Bas en 1959, puis sous la mer du Nord en 1965 et les années suivantes en particulier dans la zone britannique peut être considérée comme un des événements majeurs de notre époque, car ces gisements sont, pour la première fois, situés à proximité immédiate de quelques-uns des plus grands centres industriels du monde.

Aux États-Unis, au contraire, les réserves ne s’accroissent plus que de 1 p. 100 par an, en dépit d’une prospection intensive : la seule solution pour éviter une pénurie d’énergie réside maintenant dans l’importation de plus en plus massive de gaz naturel par pipe-line ou par navire méthanier.

Les réserves du tiers monde, Amérique du Sud, Afrique et surtout Moyen-Orient, sont considérables, mais situées à des distances énormes de toute possibilité de consommation massive d’énergie.

Sur son immense territoire, l’Union soviétique éprouve des difficultés identiques. Actuellement, il lui est plus commode d’importer du gaz du sud de l’Iran vers les centres industriels du Caucase, dont les gisements ont tendance à s’épuiser, que de le faire venir de la lointaine Russie du Nord-Est.

Enfin, le Japon, troisième puissance économique mondiale, est pratiquement dépourvu de gaz naturel, alors que l’Australie, l’Indonésie et Bornéo possèdent des gisements en pleine expansion.


Gaz manufacturé substituable au gaz naturel

Les avantages du gaz naturel sur les autres formes primaires d’énergie, charbon ou fuel-oil, sont tels que de nombreux procédés sont maintenant proposés pour remédier à son imminente pénurie : c’est le gaz manufacturé, fabriqué à partir des sources les plus diverses, et que l’on a baptisé gaz naturel de substitution ou, paradoxalement, gaz naturel de synthèse.

• Le charbon est encore utilisé dans diverses régions comme source de gaz, mais le prix de revient est de moins en moins compétitif.

• Le gas-oil est la matière première pétrolière la plus anciennement employée pour faire du gaz, ainsi que son nom même l’indique, à l’aide d’un simple craquage thermique, procédé aujourd’hui pratiquement abandonné.

• Le naphta (essence lourde) est le produit de choix ; le procédé dit CRG (Catalytic Rich Gas) est très au point, mais les besoins de la pétrochimie sont tels que la matière première manque.

• Le pétrole brut lui-même peut être gazéifié par hydrocraquage, soit directement, soit par l’intermédiaire de naphta lourd.

• Le butane, dont il existe des surplus considérables, et, éventuellement, le propane constituent d’autres excellentes matières premières à gazéifier par le procédé CRG.

• Le méthanol, qui est aisément synthétisé à partir de gaz naturel, pourrait, selon certains projets, servir de produit intermédiaire pour le transport du gaz naturel sous forme de liquide concentré, que l’on gazéifierait à l’arrivée.

Le gaz naturel liquéfié se trouve soumis à la concurrence de ces projets rivaux du fait que la liquéfaction exige des investissements énormes, de l’ordre de 500 millions de dollars pour 10 milliards de mètres cubes par an, et qu’un méthanier coûte environ deux fois plus cher qu’un pétrolier de même dimension.


Stockage


Stockage sous forme gazeuse

Les usagers n’utilisant pas le gaz d’une façon régulière au cours d’une journée, d’une semaine, d’une année, on a été conduit à emmagasiner le gaz dans des gazomètres ou dans des réservoirs de volume fixe, dans lesquels on introduit le gaz sous très forte pression. Pour assurer une régulation saisonnière, nécessaire avec le développement du chauffage des locaux, l’idée est venue aux États-Unis d’utiliser d’anciens gisements de gaz naturel épuisés, dans lesquels on réinjectait du gaz. En poursuivant la même idée, on a recherché des formations géologiques souterraines de sables aquifères, dans lesquelles on introduit, sous forte pression, le gaz, qui repousse l’eau souterraine et prend sa place. Il faut évidemment, pour assurer l’étanchéité nécessaire, qu’un dôme argileux étanche existe au-dessus de la formation sableuse.

Enfin, une autre solution consiste à creuser dans le sol des cavernes souterraines. En France, une première cavité a été aménagée à Tersanne, dans une couche de sel située à 1 400 m de profondeur, où le gaz est stocké à la pression de 220 bar.


Stockage sous forme liquide

Quand on liquéfie un gaz, le liquide obtenu occupe un volume beaucoup plus réduit que le gaz, 600 fois moins pour le méthane par exemple. Le gaz manufacturé, qui contient une proportion d’hydrogène importante, est pratiquement impossible à liquéfier. En revanche, le gaz naturel, le propane et le butane se liquéfient plus facilement. Ainsi, à la pression atmosphérique, le butane se liquéfie à 0 °C, le propane à – 42 °C, et le gaz naturel à – 160 °C. À la température de 15 °C, on obtient la liquéfaction en comprimant le butane à 2 bar et le propane à 7 bar. Ce sont les pressions existant dans les bouteilles vendues à la clientèle.

Le gaz liquéfié peut donc être stocké dans des réservoirs de volumes variés, à la pression atmosphérique, mais calorifugés (gaz naturel dans les méthaniers) ou non calorifugés et sous pression (butane, propane). Pour des volumes importants, le stockage est réalisé dans des cavités souterraines.