Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Amazone

En esp. et en portug. Amazonas, fleuve de l’Amérique du Sud.



Le cours

L’Amazone est d’abord un immense fleuve de plaine, bien que sa source se situe à près de 5 000 m d’altitude dans la cordillère des Andes. Très vite, en effet, son cours atteint la grande dépression de l’Amazonie*, et le fleuve s’étale dans une vallée de plus en plus large, où la partie inondable est séparée des zones insubmersibles des terrasses par de petits versants dont l’altitude relative est souvent inférieure à quelques dizaines de mètres. Coulant d’ouest en est, vers l’Atlantique, l’Amazone reçoit de très nombreux affluents, souvent très importants (une vingtaine ont plus de 1 500 km de long). La largeur du lit du fleuve augmente progressivement par suite de ces apports successifs : de 4 à 5 km à 2 000 km de l’embouchure et une dizaine de kilomètres dans le cours inférieur. L’Amazone se termine par un énorme delta qui enserre l’île de Marajó et dont chacune des branches est un véritable bras de mer.

La pente longitudinale est très faible à partir du moment où l’Amazone est sortie des montagnes de la cordillère des Andes : pour les 3 000 derniers kilomètres, elle ne dépasse pas la moyenne de 20 mm par kilomètre. Aussi, la vitesse du courant est-elle réduite et ne dépasse guère 2 à 3 km par heure, sauf en période de crues, où elle atteint parfois 7 à 8 km par heure. En revanche, le lit du fleuve est très profond : de 20 à 30 m dans le cours moyen, près de 100 m dans la partie la plus resserrée du cours inférieur et de 30 à 45 m dans le delta.


Les eaux

Le bassin de l’Amazone, presque entièrement situé dans la zone de climat équatorial, reçoit des pluies très abondantes et bien réparties au cours de l’année : sur sa plus grande partie, il tombe, en moyenne, de 2 000 à 2 500 mm de pluies par an, quantité qui explique le débit.

Les variations saisonnières et spatiales du régime sont assez peu marquées. Au sortir de la montagne, la haute Amazone a des hautes eaux d’été austral, de novembre à avril, dues à la fonte des neiges des très hauts sommets andins et aux pluies d’été sur l’ensemble de la zone. L’Amazone moyenne, en amont de Manaus, montre à peine deux pulsations annuelles positives, aux équinoxes, et n’offre pas l’image typique des fleuves équatoriaux à deux maximums. Dans la basse Amazone, le régime pluviométrique est affecté d’une courte saison de pluies, moins abondantes en juillet-août, qui entraîne une baisse très relative des eaux du fleuve en août-septembre ; le reste de l’année est en général caractérisé par des hautes eaux très régulières.

L’Amazone ne connaît donc pas de véritable étiage. En revanche, elle peut être affectée de crues, rares mais assez violentes : les hautes eaux régulières, en effet, résultent de l’apport successif, au cours des mois de l’année, des eaux des différents affluents du bassin, dont les régimes varient en fonction de leur situation par rapport aux zones climatiques ; il peut arriver que des pluies exceptionnelles provoquent, au contraire, une coalescence des différents flux au niveau du cours inférieur : survient alors une crue polygénique qui atteint d’énormes débits (estimés à 280 000 m3/s).

Les eaux de l’Amazone ne transportent pas de galets, mais un peu de sable et d’assez grandes quantités de boues en suspension, qui colorent la mer jusqu’à plus de 100 km des côtes. Selon les rivières, dans le bassin de l’Amazone, on note d’ailleurs deux colorations nettement différentes des eaux, qui correspondent à deux types de matières transportées. Dans certaines, chargées de limon, les eaux sont jaunes ; dans d’autres, chargées de matières organiques, elles sont presque noires : d’où le nom fréquent de rio negro. À Manaus, à la confluence du rio Negro et du Solimões (Amazone moyenne), ces deux types d’eaux se rencontrent sans se mélanger, pendant des kilomètres, par suite de leur différence de densité.


La navigation fluviale

Par son ampleur, sa régularité et son abondance, le réseau fluvial amazonien offre de grandes possibilités à la navigation, malgré un handicap sérieux dû à la présence de rapides et de chutes dans les affluents, à plus ou moins grande distance de leur confluent avec le fleuve principal, par suite du contact entre la zone de dépôts détritiques de la plaine amazonienne et le massif ancien qui la borde des deux côtés : seuls les rios Negro, Purus, Madeira et Juruá sont navigables jusqu’à leur cours moyen ou même supérieur.

Il faut distinguer deux types de navigation fluviale : la navigation moderne, avec des navires de mer qui remontent jusqu’à Manaus, et la navigation traditionnelle, en petites barques, issue des habitudes indiennes. Le port de Manaus traduit cette double fonction : aux docks flottants qui, depuis le début du xxe s., accueillent les navires, avec un mouvement de marchandises d’environ 200 000 t par an, s’ajoute une série de petits ports de berge pour les denrées agricoles, le flottage du bois et la pêche, ports qui ne sont accessibles qu’aux petites embarcations. Le port de Belém assure le contact entre cette navigation amazonienne et le grand trafic maritime, tandis que, le long de l’Amazone et de ses affluents, divers petits ports concentrent le trafic local de la zone qu’ils desservent, le bassin de l’Amazone étant, pour le moment, dépourvu de voies de chemin de fer et de routes, à l’exception de la route Belém-Brasília.

M. R.

Amazonie

Vaste région naturelle de l’Amérique du Sud, constituée par l’ensemble du bassin drainé par l’Amazone et ses affluents, à l’exception des parties montagneuses de leurs cours supérieurs.



Un immense bassin fluvial

L’Amazonie, dans son ensemble, est constituée par un grand fossé d’effondrement, entre la cordillère des Andes et le socle guyano-brésilien, d’une part, entre le massif guyanais et le massif brésilien, d’autre part. Comblée par les dépôts détritiques arrachés à l’édifice andin au cours des ères tertiaire et quaternaire, cette dépression se présente comme une très vaste plaine, dont l’unité majeure est due au réseau fluvial de l’Amazone. Le relief, dont les altitudes ne dépassent jamais 200 m sur la plus grande partie du bassin, se différencie par suite de l’érosion fluviale. L’Amazone et ses affluents se sont légèrement enfoncés dans la masse des alluvions anciennes, provoquant la distinction entre des vallées alluviales actuelles, inondables, dont la largeur dépasse rarement une centaine de kilomètres, et d’immenses terrasses insubmersibles, plus ou moins plates ou transformées en basses collines, auxquelles se rattachent insensiblement les basses pentes des massifs périphériques. Sur l’ensemble de cette immense étendue plate règne la grande forêt équatoriale, à l’exception d’une petite zone un peu plus sèche, dans la région du rio Branco, où apparaît la savane. Dans les parties inondables, la forêt, très dense, encombrée de lianes et d’épiphytes, est difficilement pénétrable ; sur les terrasses, elle est plus haute, avec des arbres, qui, dépassant 50 m de hauteur, dominent, en taches discontinues, un étage moyen pratiquement fermé : de ce fait, le sous-bois, privé de soleil, est moins chargé, et la forêt plus utilisable.