Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

Garibaldi (Giuseppe) (suite)

L’épopée des années 60

L’année 1860 est déterminante dans la vie de Garibaldi et dans la formation du royaume d’Italie. Elle marque un retour au mazzinisme et met au jour la volonté délibérée de Garibaldi de faire repartir le mouvement unitaire, bloqué par l’armistice de Villafranca. Encouragé par la ferme attitude des exilés siciliens — avec ses hommes, 1 085 volontaires : d’où le nom des Mille qui leur est resté dans l’histoire —, Garibaldi embarque dans la nuit du 5 au 6 mai 1860 à Quarto, près de Gênes, sur le Lombardo et le Piemonte, et atteint Marsala le 11. Dès le 15, les insurgés battent les troupes royales à Calatafimi. Le 27, ils entrent à Palerme, où Garibaldi est accueilli en héros. Messine est évacuée par les Napolitains le 28 juillet. Garibaldi entend mener son action à son terme. Avec 200 000 hommes, il passe le détroit le 19 août. Reggio capitule. Naples tombe le 7 septembre. L’ultime résistance bourbonienne est vaincue au Volturno (1er-2 oct.). Mais les succès de Garibaldi inquiètent Cavour, qui redoute un heurt entre les garibaldiens et la garnison française de Rome, et craint que la conquête, malgré la devise des Mille « l’Italie et Victor-Emmanuel », n’échappe finalement à la maison de Savoie. Aussi fait-il ratifier par plébiscite (21 oct.) le rattachement du royaume des Deux-Siciles au Piémont et détourne-t-il l’enthousiasme des Napolitains sur Victor-Emmanuel* II qui, le 7 novembre, fait son entrée solennelle à Naples, accompagné de Garibaldi. Quelques jours plus tard, Garibaldi, après avoir refusé tous les honneurs, se retire à Caprera.

En août 1862, il est de nouveau en Sicile, où il réveille l’agitation en proclamant : « Ou Rome ou la mort. » Malgré l’opposition du gouvernement, il passe en Calabre, mais échoue devant Reggio et gagne la montagne. Cerné par les troupes régulières sur le plateau d’Aspromonte (29 août), il est blessé et fait prisonnier. Amnistié le 5 octobre, il rentre à Caprera. Une seconde fois, ses projets romains ont échoué. Reste la Vénétie.

Lors de la guerre austro-prussienne de 1866, Garibaldi part délivrer le haut Adige. Il est arrêté par la défaite de Custoza (24 juin). Le gouvernement italien décide de poursuivre la lutte après la bataille de Sadowa (3 juill.). À la tête d’un corps d’armée, Garibaldi bat les Autrichiens à Bezzeca (20-21 juill.) et se dirige vers Trente. L’armistice l’oblige en août à se retirer. La paix de Vienne (3 oct. 1866) donne la Vénétie à l’Italie. Seule Rome lui échappe désormais.

Une nouvelle fois, Garibaldi décide de brusquer la solution en provoquant, sans attendre le départ des Français, un conflit armé, persuadé qu’une insurrection populaire volera au secours des libérateurs dès qu’ils auront franchi la frontière. Le 16 septembre 1867, il appelle les Romains à la révolte. Sur ordre d’Urbano Rattazzi, il est arrêté à Sinalunga, près de Sienne (24 sept.), mais les troupes poursuivent sans leur chef et entrent peu après en territoire pontifical. Garibaldi, qui a échappé à la surveillance dont il était l’objet à Caprera, arrive à Florence (19 oct.). Il occupe Monterotondo, Viterbe, Velletri. Mais le 3 novembre, après une résistance sanglante et désespérée, il est mis en déroute à Mentana par l’intervention des chassepots français, auxquels le commandant des troupes pontificales a fait appel. Garibaldi se retrouve une fois de plus sur ses terres, qu’il ne quitte plus jusqu’en 1870, pour venir en aide à la France républicaine. C’est en effet pour défendre la seule république d’Europe que ce soldat de la liberté oublie ses rancœurs. Il débarque à Marseille le 7 octobre et, malgré l’accueil réticent des autorités, prend part à la campagne de France. Il est chargé d’organiser à Dole la petite armée des Vosges. Ses victoires — Châtillon-sur-Seine (20 nov.), Autun (1er déc.) — arrêtent les progrès de l’invasion prussienne en Bourgogne. Le 6 janvier 1871, il occupe Dijon. Face à la déroute générale des forces françaises, Freycinet s’exclame avec raison : « C’est notre premier général. » Député à l’Assemblée de Bordeaux, il démissionne le 13 février sans que lui soit témoigné de reconnaissance. Il décline l’offre que lui fait la Commune, le 18 mars, de prendre le commandement en chef de ses troupes et termine ses jours dans la pauvreté à Caprera.

M. T.

➙ Cavour / Italie / Risorgimento.

 G. Garibaldi, Memorie autobiografiche (Florence, 1888). / G. M. Trevelyan, Garibaldi and the Making of Italy (Londres, 1911 ; 2e éd., 1948). / I. Montanelli et M. Nozza, Garibaldi (Milan, 1960 ; trad. fr., Stock, 1964). / E. Tersen, Garibaldi (Club français du livre, 1962).

Garonne (la)

Fleuve d’Espagne et de France, tributaire de l’Atlantique.


La Garonne (en esp. Garona) naît à 1 870 m d’altitude, au trou du Toro, au pied du massif de la Maladeta, dans les Pyrénées centrales espagnoles. Au terme d’un cours d’environ 580 km, elle mêle ses eaux, au bec d’Ambès, à celles de la Dordogne, rivière de 490 km, venue du puy de Sancy : la Gironde, longue de 75 km et large au maximum de 11 km, est leur estuaire commun.

Jusqu’à Toulouse, la Garonne reste un petit cours d’eau montagnard. À son entrée en France, après avoir parcouru le verdoyant val d’Aran, elle n’est plus qu’à 575 m d’altitude, mais la pente reste forte dans le Luchonnais et, plus en aval, dans la plaine (ce qui justifie la construction d’hydrocentrales de basse chute dans la région de Saint-Gaudens). Drainant un bassin-versant alors peu étendu (et dont la partie située en plaine est peu arrosée), la Garonne est grossie d’affluents à faible débit : la Pique et la Neste (venue du Néouvielle) à gauche ; l’Ariège, descendue du massif du Carlitte, à droite. Aussi, à Toulouse, le débit moyen du fleuve n’est-il que de 200 m3/s. Les plus fortes eaux sont enregistrées au printemps et en automne (régime nivo-pluvial), et les crues sont liées à des redoux de fin d’hiver ou de début de printemps.