Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
G

gare (suite)

Gares de marchandises

Elles sont chargées de procéder à l’expédition et à la réception soit des colis isolés, soit des wagons complets, voire des trains complets.

• Les colis isolés sont généralement chargés ou déchargés sous des halles couvertes abritant des quais, dont un côté est bordé par une voie et l’autre est accessible aux véhicules de livraison. Autrefois très développé, ce genre d’acheminement a entraîné la construction de halles à proximité de la plupart des gares de voyageurs. Maintenant, ces halles sont peu utilisées en raison du développement des services routiers, qui acheminent les colis à partir d’une gare-centre importante, dans laquelle les moyens de triage et de manutention ont été mécanisés.

• L’acheminement des wagons complets s’effectue par l’intermédiaire des gares de triage, dans lesquelles ceux-ci sont triés selon l’itinéraire qu’ils doivent emprunter. Arrivés à destination, les wagons sont mis à la disposition de la clientèle, qui vient en assurer le chargement ou le déchargement dans les cours des gares de marchandises. Ce genre de transport est très exposé à la concurrence routière, qui évite le transbordement des marchandises. Aussi, les chemins de fer s’efforcent-ils de développer les transports par containers, qui évitent ces transbordements.

Des gares munies de moyens de manutention adaptés sont maintenant aménagées pour ce genre de transport. Pour les trafics importants, les usagers font établir des embranchements particuliers sur lesquels ils peuvent expédier ou recevoir directement les wagons qui leur sont destinés. Ces embranchements sont d’importance très variable. Ils peuvent se limiter à quelques dizaines de mètres de voie ou avoir un développement de plusieurs kilomètres avec de nombreuses ramifications, tels les embranchements miniers. Certains établissements spécialisés dans un trafic particulier et portant le nom de gares ne sont que des développements d’embranchements particuliers (gares frigorifiques, gares militaires, marchés-gares, etc.).

D’une façon générale, le rôle des gares de marchandises, qui ont subi une profonde évolution, est de moins en moins important, et tous les réseaux modernes recherchent des solutions plus économiques, dont le transport par containers et les embranchements particuliers sont les plus développés actuellement.

C. M.

➙ Aiguillage / Chemin de fer / Container / Dépôt.

Garibaldi (Giuseppe)

Patriote italien (Nice 1807 - Caprera 1882).



Le héros des deux Mondes

Garibaldi est issu d’une famille de marins d’origine génoise, établie à Nice. Il est d’abord mousse, puis, devenu capitaine, il voyage jusqu’en Russie. Il adopte rapidement les idées de Mazzini* et, dès 1833, adhère à la « Jeune-Italie ». Il est compromis dans une tentative de coup de main sur l’arsenal de Gênes, s’enfuit et est condamné à mort par contumace. Il parvient à gagner le Nouveau Monde : le Brésil d’abord, où, comme corsaire, il soutient l’insurrection de l’État de Rio Grande do Sul contre l’empereur Pierre II.

Vers 1841, Garibaldi s’installe comme maquignon à Montevideo, puis, avec 800 Italiens, il soutient la lutte de la jeune république d’Uruguay contre le dictateur argentin Rosas. C’est au cours de cette campagne (1845-46) que le marin se double d’un soldat et qu’apparaissent les fameuses « Chemises rouges » (un marchand de Montevideo qui vendait des chemises rouges aux ouvriers des abattoirs argentins avait soldé son stock aux garibaldiens). Les succès de Garibaldi sont tels que sa renommée parvient jusqu’en Italie. À la nouvelle de la guerre avec l’Autriche, il rentre dans sa patrie. Il est accueilli en triomphateur à Nice, où il débarque le 21 juin 1848. Mais il est reçu comme un allié embarrassant par Charles-Albert*, qui repousse ses offres de services. Il se met alors à la disposition du gouvernement de Milan. Malgré son courage et ses succès, il ne peut se livrer qu’à des escarmouches et doit finalement respecter l’armistice. Il passe en Suisse (26 août), bien décidé à ne pas abandonner la partie.

Délégué à la Constituante romaine (5 févr. 1849), il se prononce pour la république, puis, après avoir formé en Toscane son fameux « bataillon de la mort », il se rend à Rome pour défendre la République contre les Français d’Oudinot. Il les contraint à se retirer à Civitavecchia (30 avr.). Le 9 et le 19 mai, il bat les bourboniens à Palestrina et à Velletri, mais quitte Rome (2 juill.) peu avant sa chute. Il doit à une extraordinaire odyssée de garder la vie sauve. Avec quelques centaines d’hommes, il parvient à gagner San Marino (31 juill.), mais, alors qu’il se dirige vers Venise, sa flottille est décimée par les Autrichiens. Il parvient à gagner Gênes, Tunis, puis New York (été 1850), où on le retrouve employé chez un fabricant de chandelles. Il sillonne ensuite les mers. Il rentre en Italie en 1854 et s’établit en solitaire sur les terres qu’il a achetées dans l’île de Caprera (1855).

Pendant ces années d’exil, sa pensée politique a mûri. Son anticléricalisme s’est accru, car il ne peut pardonner à Pie* IX d’avoir trahi la cause de l’indépendance, puis d’avoir appelé l’étranger. Les faits lui ont, d’autre part, montré que le parti mazzinien est incapable d’entraîner l’adhésion totale du peuple et qu’il faut donner la direction du mouvement d’émancipation à un État susceptible de le mener à bien par les armes. Aussi se rallie-t-il désormais à l’idée exprimée par Daniele Manin (1804-1857) de faire du Piémont le champion de l’unité italienne. Le 24 février 1858, il devient vice-président de la « Société nationale italienne », association créée en 1857 pour soutenir les unitaires-monarchistes, et il rencontre Cavour* en décembre 1858 et en mars 1859.

Au cours de la campagne d’Italie de 1859, Garibaldi commande le corps des chasseurs des Alpes. Il bat les Autrichiens à Varese le 26 mai, à San Fermo le 27, entre à Bergame le 8 juin et à Brescia le 13. Il est surpris en pleine action par l’armistice de Villafranca (8 juill.) et les préliminaires de paix qui, en cédant la seule Lombardie au Piémont, laissent en suspens la question de l’Italie centrale et méridionale. Il est en désaccord avec ce qu’il nomme la « politique de renards » de Cavour, mais il ne croit pas alors devoir compromettre le gouvernement piémontais en reprenant la lutte sous ses formes révolutionnaires.