Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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fruit (suite)

• Fruits secs déhiscents. Ces fruits s’ouvrent spontanément à maturité pour laisser échapper les graines contenues à leur intérieur. La déhiscence est mécanique : l’action de la sécheresse sur des faisceaux de fibres généralement orientés perpendiculairement l’un à l’autre provoque des torsions dans l’épaisseur de la paroi, qui ont pour effet de faire craquer les tissus et d’assurer l’ouverture du fruit.

Suivant la disposition des fentes de déhiscence, on distingue les follicules, les gousses, les siliques et les capsules.

Les follicules sont constitués par une seule feuille carpellaire soudée sur elle-même : l’ouverture se fait le long d’une zone de suture qui se rompt en laissant échapper les graines qui bordent cette suture ; elles se détachent à ce moment des placentas. Ces follicules sont groupés par trois chez l’Hellébore et la Nigelle ; chez l’Anis, cette ouverture apparaît dans la zone dorsale des follicules.

Les gousses, également constituées par un carpelle unique, s’ouvrent à la fois par la zone de suture et au niveau de la nervure médiane, le long de laquelle il est plié. Les deux moitiés (valves) du carpelle se séparent en emportant les graines insérées sur chaque valve. Ce fruit, encore parfois appelé légume, est caractéristique de la famille des Légumineuses (pois, haricot...).

Les siliques sont issues d’un ovaire formé de deux carpelles soudés par leurs bords ; elles sont secondairement recoupées d’une ligne de soudure à l’autre par une cloison qui partage la cavité en deux. Les fentes de déhiscence se situent de part et d’autre des zones placentaires, et les deux valves, en se soulevant, laissent apparaître la cloison, les placentas et les graines qui y sont encore fixées. La position de la cloison transversale peut être parallèle soit à la grande, soit à la petite largeur. Ce fruit est surtout caractéristique de la famille des Crucifères ; on distingue les siliques stricto sensu, fortement allongées, et les silicules presque isodiamétriques.

Les capsules sont formées de plusieurs carpelles soudés ; elles s’ouvrent par des fentes ou des pores localisés différemment suivant les cas.


Fruits dérivés et « faux fruits »

La partie normalement considérée comme fruit à maturité n’a pas la paroi de l’ovaire comme seule origine. Ainsi, on l’a déjà vu, la plus grosse masse de tissus de la fraise ne provient pas des parois de l’ovaire, mais du développement du réceptacle ; le « fruit » du Rosier (cynorrhodon), rouge et charnu, est également constitué par un réceptacle, mais creux et qui contient en son intérieur des akènes très durs. Pour l’ananas, c’est toute l’inflorescence qui devient charnue (axe, bractées florales et baies). Le « fruit » du Mûrier est un akène entouré par le calice, qui est devenu charnu ; la figue est un faux capitule dont le plateau s’est creusé ; les akènes sont portés à l’intérieur de cette coupe, dont la paroi est comestible.


Rôle des fruits dans la nature

De par son origine, le fruit, en premier lieu, protège la graine pendant sa croissance ; il assure aussi la dissémination de la semence : akènes ornés de plumes ou de soies (Clématite, Pissenlit...) ; samares plus ou moins ailées, qui facilitent la dispersion par le vent (Erable) ; fruits à crochets (Carotte, Bardane) ou gluants (Gui), qui sont entraînés par les animaux. D’autres fruits (baies) attirent par leur couleur ou leur parfum les Oiseaux et divers prédateurs, qui véhiculeront les graines dans leur intestin et les rejetteront, bien plus loin, prêtes à germer. Quelques fruits (Erodium, Balsamine...) s’ouvrent brusquement et, par une certaine élasticité des valves, projettent les graines à une petite distance de la plante mère. Chez l’Ecballium, la baie se détache brutalement, et le liquide contenu à l’intérieur est projeté avec les graines à 1 ou 2 m de distance. Les fruits charnus favorisent en outre la germination de la graine en lui fournissant une masse humide dont elle a besoin et aussi, après le début de la germination, un engrais qui lui sera utile.

La formation du fruit, normalement induite par la pollinisation et la fécondation, peut parfois, cependant, s’effectuer alors qu’il n’y a pas fécondation et que les graines ne se forment pas. Ce type de croissance se trouve dans quelques espèces cultivées, telles que la banane, les oranges sans pépins, certaines espèces de raisins et de figues qui ont été isolées et gardées en culture. On a d’ailleurs pu obtenir, sur des variétés de Tabac, de Raisins et des Rosacées, des fruits sans graines grâce à des pulvérisations de diverses substances chimiques, d’hormones (acides indolebutyrique, naphtoxyacétique, phénoacétique), d’extraits polliniques...


L’Homme et les fruits

Les usages alimentaires des fruits poussent les horticulteurs à améliorer les espèces sauvages. Ce sont surtout les fruits charnus qui sont recherchés et, dans chaque espèce, ceux qui, déjà à l’état naturel, sont les meilleurs, les plus parfumés et qui contiennent le moins de graines. À cet égard, l’existence des fruits parthénocarpiques est très recherchée, et de nombreuses espèces sans graines sont cultivées (banane, orange, ananas).

Les fruits apportent à l’Homme surtout des sucres et des vitamines. Mais quelques-uns lui fournissent de l’amidon (banane) et de l’huile (olive).

J.-M. T. et F. T.

➙ Agrumes / Arboriculture fruitière / Tropicales (cultures) / Viticulture.

fruits (jus de)

Produit naturel provenant de la pression des fruits frais, sains et mûrs, non fermenté et non dilué.


Quelques additions, par exemple le sucre (pamplemousse) ou le sel (tomate), sont tolérées, ainsi que certains traitements (dont la liste est limitative) utiles pour leur fabrication et leur conservation.

La consommation des jus de fruits fabriqués en France (pomme, orange, tomate, cassis) ou importés (orange, pomelo, ananas), tout en restant modeste par rapport à celle des boissons classiques, se trouve depuis une dizaine d’années en expansion continue et rapide : 1,3 million d’hectolitres, plus 1,5 million d’hectolitres exportés sous forme de concentrés.