Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

Frost (Robert) (suite)

Sous sa simplicité apparente, sa poésie relève de plusieurs niveaux de lecture. Refusant les innovations formelles, Frost leur préfère « les anciennes manières d’être nouveau ». Il reprend à Théocrite et à Virgile les conventions de la pastorale et de l’églogue. Le goût des choses rurales est lié chez lui, comme chez les romantiques et en particulier chez Wordsworth, à une nostalgie de la vie naturelle, à un sens profond, lyrique des correspondances entre le cœur et la nature. Poète d’humeur, Frost cherche dans la nature une élévation spirituelle. Sous la simplicité rustique, sous la clarté gnomique, il cache une anxiété, un stoïcisme qui font de lui un poète souvent philosophique, qui demande à la poésie ce que d’autres cherchent dans la religion. Ses meilleurs poèmes ont une qualité de vision immanente. Dans des poèmes aussi connus que Stopping by Woods on a Snowy Evening ou Mowing, le symbolisme n’a pas besoin d’explication : description et méditation didactique ne font qu’un. Frost a un sens profond du mystère de la vie, que la poésie peut éclairer partiellement en déchiffrant comme des épiphanies les spectacles quotidiens. Au réalisme, il ajoute un mélange de lyrisme et de didactisme caractéristique de la tradition puritaine de la Nouvelle-Angleterre.

Son premier recueil, A Boy’s Will (1913), mêle déjà aphorismes et descriptions. North of Boston (1914), moins lyrique, plus dramatique, fait un usage plus libre du pentamètre iambique. Dans Mountain Interval (1916) apparaît la satire de la machine menaçant la nature (« The Line-Gang »). Avec New Hampshire (1923), Frost atteint sa maturité poétique : la pureté du vers « blanc » reflète une sérénité emersonienne. West-running Brook (1928), où s’explicitent son intérêt pour l’astronomie et son sens d’un Dieu provisoirement retiré du monde, contient son poème le plus connu : « Acquainted with the Night ». A Further Range (1936), avec le subtil « Design », méditation sur les formes, révèle la complexité de la symbolique frostienne. A Witness Tree (1942) contient « The Silken Tent », son célèbre sonnet d’amour : une seule phrase filant une seule comparaison. Dans le même recueil, « The Subverted Flower », conte de fées noir comparable au Christabel de Coleridge, révèle l’inspiration fantastique de Frost. A Masque of Reason (1945) et A Masque of Mercy (1947) sont les deux pendants d’une méditation miltonienne sur les voies obscures de la Providence et sur le triomphe ultime de la Pitié. Avec Steeple Bush (1947) et In the Clearing (1962), Frost revient à une poésie moins ambitieuse, mais où les préoccupations spirituelles sont aussi sensibles.

Entre les deux grands courants de la poésie américaine, Walt Whitman* d’une part, Pound et Eliot* de l’autre, Frost a choisi une voie à part. Il est devenu un classique, dont les écoliers américains connaissent les vers :
But I have promises to keep
And miles to go before I sleep.
Sa recherche de l’ordre, d’une sérénité sans illusion, son mélange de lyrisme et de moralisme lui assurent une audience très large dans la jeune génération. Frost a influencé de jeunes poètes comme Richard Wilbur, Donald Hall, Adrienne Rich et certains « beat », dans la mesure où son engagement est moins politique que moral et spirituel, et où son œuvre se veut à la fois littérature et sagesse.

J. C.

 L. R. Thompson, Robert Frost (Minneapolis, 1959) ; Robert Frost, the Early Years, 1874-1915 (New York, 1966). / J. F. Lynen, The Pastoral Art of Robert Frost (New Haven, 1960). / R. Asselineau, Robert Frost (Seghers, 1964). / E. Jennings, Frost (Londres, 1964). / L. Mertins, Robert Frost (Norman, Oklahoma, 1966).

fruit

Organe végétal remplaçant la fleur quelque temps après la fécondation et contenant les graines.


Le fruit est un ensemble de tissus qui a pour origine principale l’ovaire ; il protège la ou les graines lors de leur formation et favorise dans certains cas leur dispersion.


Formation du fruit

C’est à partir de l’instant de la fécondation que le fruit, en même temps que la graine, va commencer son développement. Alors que la graine dérive de l’ovule, le fruit, lui, provient de l’accroissement de la paroi de l’ovaire. Les autres parties du carpelle se modifient très peu ou même se dessèchent et disparaissent, sauf parfois lorsque le style et le stigmate se transforment en appareils de dissémination (Clématite).

Cette croissance* est sous la dépendance d’hormones (auxines*). Dès la pollinisation, on observe un développement des tissus du pistil, dû à la présence du tube pollinique. Chez les Orchidées, cela se fait dès avant la fécondation, qui est décalée de plusieurs mois par rapport à la pollinisation. Des extraits polliniques de Pétunia déclenchent le début de la formation du fruit chez le Tabac, ce qui montre que les substances actives ne sont pas spécifiques. Certains auteurs pensent que les précurseurs des hormones existent dans les tissus du style et qu’elles seraient libérées par une enzyme contenue dans les grains de pollen.

On a pu mettre en évidence également l’action des ovules, qui, par leur présence, après fécondation, induisent l’évolution du fruit ou, comme chez la Fraise, du réceptacle qui les porte. Ainsi, en supprimant les akènes au début du développement du fruit, on annihile la croissance du réceptacle qui les supporte ; en ne les enlevant que sur un côté, on obtient une fraise dont une seule face est développée. Le poids du fruit est en relation précise avec le nombre d’akènes fécondés.

On a pu analyser les hormones ainsi formées ; on a trouvé des gibbérellines et des kinines surtout au début de la croissance, puis des auxines, vraisemblablement produites par l’albumen de la graine.


Structure du fruit

On donne le nom de péricarpe à la paroi du fruit ; sa partie externe, provenant de l’épiderme externe de l’ovaire, est l’épicarpe ; le parenchyme de la feuille carpellaire prend le nom de mésocarpe, tandis que la zone interne du péricarpe est l’endocarpe. Ces couches ont des aspects différents : ainsi, dans les fruits charnus, elles sont toutes les trois succulentes, tout au moins les deux premières. Par contre, dans les fruits secs, à maturité, elles sont toutes desséchées et coriaces, parfois même complètement lignifiées, comme chez la noisette.