Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

frittage (suite)

Le frittage se pratique industriellement dans des fours à chauffage électrique munis de moufle ou de laboratoire de chauffe étanche pour le maintien de l’atmosphère de protection. Suivant le type de pièces fabriquées et leur quantité, ces fours sont discontinus ou bien continus à passage avec tabliers, tapis ou plateaux poussants, permettant ainsi la translation des pièces. Des fours à cloche sont utilisés plus particulièrement pour effectuer le frittage sous pression directe durant le traitement.

Les produits métalliques frittés sont très divers et sont utilisés dans des industries variées. C’est ainsi que l’on fabrique des pièces mécaniques, engrenages en fer ou acier fritté, des disques de friction pour l’industrie automobile, des filtres en bronze, des bagues et des coussinets poreux autolubrifiants en bronze ou en fer dans l’industrie du matériel électroménager, des éléments d’outils de coupe ou d’abrasion en carbures métalliques frittés, des filaments en tungstène ou en molybdène pour l’industrie radio-électrique et électronique, des matériaux d’alliages réfractaires (nickel, cobalt), associés ou non à des matériaux céramiques (alumine, thorine, zircone), formant les cermets utilisés dans l’industrie aéronautique et spatiale, des éléments de barres combustibles en uranium, en oxyde d’uranium et en thorium pour l’industrie nucléaire.

R. Le R.

➙ Poudres (métallurgie des).

 R. Kiefer et W. Hotop, Fers et aciers frittés (Dunod, 1951 ; 6e éd., 1963). / G. Girschig et R. Meyer, Produits métalliques frittés (Métallurgie) |Techniques de l’ingénieur, t. I, 1956]. / W. D. Jones, Fundamental Principles of Powder Metallurgy (Londres, 1960). / Hoeganaes Corp., Iron Powder Handbook (New Jersey, 1962). / J. S. Hirschhorn, Introduction to Powder Metallurgy (New York, 1969).

Froberger (Johann Jakob)

Compositeur et organiste allemand (Stuttgart 1616 - Héricourt, près de Montbéliard, 1667).


Alors que Roland de Lassus avait tenté, au xvie s., dans le domaine vocal, une fusion entre les esthétiques française, allemande et italienne, installé qu’il fut la plus grande partie de sa vie à Munich, le Bavarois Froberger semble vouloir opérer la même synthèse, mais dans le domaine instrumental. Il est à remarquer que les lieux d’origine sont maintenant changés, ce qui correspond à l’évolution générale de l’histoire de la musique. Alors qu’au xvie s. c’est un Flamand, natif de Mons, qui prend la tête du mouvement, au xviie s., c’est un Bavarois qui devient chef de file. Alors qu’hier c’était l’art vocal qui prédominait, aujourd’hui, avec Froberger, c’est l’art du clavier qui l’emporte.

Il faut dire que cet artiste est né sous une bonne étoile, dans une famille de musiciens appartenant à la cour de Stuttgart, musiciens qui l’ont initié autant à l’orgue qu’au clavecin. Il exerce dès 1637 son talent d’organiste à Vienne, mais la même année il descend en Italie et passe sans doute par Venise pour aboutir à Rome, où il travaillera quatre ans avec Frescobaldi*. Celui-ci lui transmet non pas son génie, mais sa méthode et les différentes formes qu’il exploite. Il n’y a pas à s’étonner que ce Germain emprunte surtout au maître de Saint-Pierre de Rome son style fugué. Il parfait donc ici son écriture en signant quatorze ricercari, huit fantaisies, des canzoni, dix-huit capriccios et vingt-cinq toccate. Toutes ces œuvres relèvent d’un même état d’esprit : elles sont fragmentées en un certain nombre d’épisodes, tous traités polyphoniquement et exploitant généralement un même thème. Mais il arrive aussi qu’entre deux épisodes le musicien insère quelques mesures plus libres, voisinant pour certaines le récitatif et accumulant pour d’autres des groupements d’accords chromatiques avec retards savoureux. Ici se superpose à la leçon de Frescobaldi celle de maint exemple vénitien.

Après avoir pendant quatre années emprunté à la péninsule italienne tout ce qui pouvait nourrir son talent, Froberger reprit ses fonctions d’organiste à la cour de Vienne, où il resta jusqu’en 1645. Vers 1650, nous le trouvons au service de l’archiduc Léopold à Bruxelles, et c’est là qu’il entre en contact avec le fameux Constantin Huygens (1596-1687), amateur de musique et diplomate néerlandais, encyclopédiste en rapport avec toutes les personnalités de l’heure et qui correspond notamment avec nombre de théoriciens et de compositeurs français. Il n’est pas étonnant qu’à cette date Froberger ait découvert toute la musique des virginalistes anglais, mais ce qui semble l’avoir le plus profondément marqué, c’est le séjour assez long qu’il fit à Paris en 1652. Il découvre là tout le milieu musical contemporain de Mazarin, il vit au contact des luthistes Jacques Gallot († v. 1685) et Denis Gaultier (1603-1672), des organistes et clavecinistes Chambonnières, Louis Couperin, François Roberday, pour n’en citer que quelques-uns. Non content peut-être de transmettre à ces derniers l’héritage de Rome, il découvre à Paris les danses françaises qui lui permettront d’écrire, l’un des premiers en Allemagne, de véritables suites de clavecin, groupant allemande, courante, sarabande et gigue. Il semble qu’il y ait eu une influence réciproque entre Louis Couperin et Froberger, influence qui reste à étudier par l’analyse de leurs œuvres. En tout cas, un concert triomphal fut donné à Paris en l’honneur de l’Allemand en 1652. D’ailleurs, il ne se contenta pas de suites, mais écrivit également pour son clavecin des variations. Enfin, il apparaît sous les traits d’une sorte de préromantique baroque qui aime au clavier évoquer certains événements dont il fut témoin. Dans un « tombeau », à la manière française, il dit sa compassion à l’occasion de la mort du luthiste Blancrocher (v. 1655). Partisan de la musique à programme, il inscrit ces deux mots en tête d’une de ses pièces : Memento mori. Plus loin, nous trouvons une Plainte faite à Londres pour panser la mélancolie (faut-il en déduire qu’il a séjourné également dans la capitale britannique ?). Plus loin encore, une Allemande faite en passant le Rhin dans une barque en grand péril. Enfin, l’une de ses suites ne débute-t-elle pas par un Lamento sur la mort douloureuse de Ferdinand IV, roi des Romains ?