Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

frigorifique (machine) (suite)

Machines frigorifiques à absorption

Les machines de ce type, dont la première fut réalisée en 1860 par Ferdinand Carré (1824-1900), utilisent l’affinité chimique de certains corps. Dans un bouilleur chauffé, le fluide frigorigène est chassé par vaporisation ; il va se liquéfier dans un condenseur ; sa pression est abaissée par un détendeur ; il se vaporise dans un évaporateur, qui produit le froid recherché ; il est réabsorbé dans la solution appauvrie de l’absorbeur (en dégageant de la chaleur). Une pompe refoule la solution reconcentrée de l’absorbeur dans le bouilleur, et un détendeur alimente l’absorbeur en solution diluée venant du bouilleur. Plusieurs mélanges sont utilisés dans les machines à absorption ; pour les températures inférieures à 0 °C, le frigorigène est le plus souvent l’ammoniac, et l’absorbant est l’eau ; pour les températures supérieures à 0 °C (conditionnement d’air), le frigorigène est l’eau, et l’absorbant le bromure de lithium. La première catégorie de machines a une puissance frigorifique en général limitée à quelques dizaines de milliers de frigories/heure ; les secondes offrent des puissances pouvant dépasser 4 millions de frigories/heure. Le rendement de la machine à absorption est inférieur à celui de la machine à compression ; le coût d’installation et l’encombrement sont plus grands ; en revanche, le fonctionnement est silencieux, le seul élément mécanique étant la pompe, avantage apprécié en conditionnement d’air. La machine à absorption peut trouver économiquement sa place dans les cas où l’on dispose d’une source chaude gratuite ou à très bon marché. On peut envisager son emploi en combinaison avec un compresseur centrifuge entraîné par une turbine à vapeur, dont la vapeur d’échappement est utilisée pour chauffer le bouilleur de la machine à absorption.

Les réfrigérateurs ménagers, qui utilisent le plus souvent le cycle à compression (compresseurs hermétiques à piston ou rotatifs à palettes), sont quelquefois à absorption ; l’appareil à absorption le plus répandu, à ammoniac, n’a aucun organe en mouvement : la solution « riche » est transférée au bouilleur non par une pompe, mais par un émulseur (bulles dégagées au contact de la partie la plus chaude du bouilleur) ; dans le circuit a été introduite préalablement une certaine quantité d’hydrogène dans laquelle l’ammoniac se diffuse.


Refroidissement thermo-électrique

Ce procédé est fondé sur le phénomène découvert en 1834 par le physicien Jean Charles Peltier (1785-1845) : si, dans un circuit formé de deux éléments convenablement choisis, on envoie un courant électrique continu, il y a élévation de température à l’une des jonctions et abaissement de température à l’autre. Le dégagement de chaleur par effet Joule se superpose et tend évidemment à combattre cet abaissement de température. Les « modules thermo-électriques » les plus efficaces actuellement sont constitués de semi-conducteurs, et plus particulièrement de tellurure de bismuth convenablement « dopé ». Pour obtenir des abaissements de température plus importants, on monte « en cascade » une série de modules. Le rendement du processus est faible, et les applications en sont encore très limitées : cryostats de laboratoire, réfrigérateurs ménagers, cas spéciaux de conditionnement d’air (sous-marins).

R. T.

➙ Cryologie.

 G. Vassogne, les Machines frigorifiques (Dunod, 1951). / R. Billardon, Technologie des machines frigorifiques industrielles (Baillière, 1954). / Handbuch der Kalterechnik (Berlin, 1959-1966 ; 6 vol.). / Ashrae, Guide and Data Book (New York, 1967-1970 ; 4 vol.).

Frioul-Vénétie Julienne

Région du nord-est de l’Italie.


Au contact de l’Autriche et de la Yougoslavie, s’étendant sur 7 845 km2, groupant 1 210 000 habitants (densité moyenne de 154 hab. au km2), c’est une région hétérogène. Ses limites ne correspondent pas à une division naturelle ou historique, mais sont purement administratives. La région est composée de l’unité historique du Frioul — partagée aujourd’hui entre les provinces d’Udine et de Pordenone — et, à l’est, de la Vénétie Julienne, avec les provinces de Gorizia et Trieste. Région frontalière disputée, dont les limites ont varié à plusieurs reprises (l’Italie a perdu toute l’Istrie à l’issue de la Seconde Guerre mondiale), le Frioul-Vénétie Julienne possède des caractères originaux. Les plus notables sont le maintien des parlers ladins, la présence de populations de langue allemande et de minorités slovènes. Cette originalité a été institutionnalisée par l’octroi d’un statut spécial conférant une plus large autonomie régionale. La variété des paysages physiques est grande. La montagne occupe 42,5 p. 100 de la superficie, dans la partie nord du territoire régional. Divisée en plusieurs massifs (Alpes et Préalpes Carniques à l’ouest, Alpes et Préalpes Juliennes à l’est), c’est une montagne calcaire, souvent dolomitique, culminant à près de 3 000 m (monte Coglians, 2 781 m) et dont les altitudes s’abaissent vers le sud et l’est. On la traverse à la faveur des coupures du Tagliamento et de ses affluents. Le col du Tarvis assurant la liaison avec l’Autriche n’est qu’à 810 m d’altitude. C’est aussi une montagne très arrosée, ce qui permet une végétation forestière, abondante et étagée, mais qui a subi d’importants déboisements. Les collines couvrent 19,3 p. 100 de la superficie. À l’extrémité orientale, les derniers éléments du Carso (appellation italienne du Karst) atteignent Trieste et Monfalcone ; ce sont des secteurs de plateaux calcaires, troués de vallées sèches, de dolines et de grottes (comme la Grotta Gigante). La vraie zone des collines est constituée par l’amphithéâtre morainique du Tagliamento avec ses arcs concentriques. Le climat est ici plus doux, à l’exception des environs de Trieste, où souffle la « bora », vent sec et froid. Enfin, la plaine occupe 38,1 p. 100 de la surface entre les rivières Livenza et Isonzo. Elle n’est pas uniforme. La partie nord, plus haute, formée d’alluvions grossières, est sèche. La partie basse, au sud, a des sols imperméables, ce qui permet une intense irrigation. Les conditions climatiques sont favorables, avec des températures moyennes de 12 à 14 °C, des précipitations dépassant 1 100 mm avec des maximums d’automne et de printemps. La plaine débouche sur une côte basse, sableuse, ourlée de dunes et comportant des lagunes (Marano, Grado) ; autour de Trieste, toutefois, des côtes rocheuses apparaissent.