Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

franco-allemande (guerre) (suite)

Au lendemain de la bataille de Saint-Quentin, Faidherbe pouvait tout juste se maintenir dans le « pré carré » des places du Nord, mais son armée, disloquée, était incapable de reprendre l’offensive. Sa résistance valut, du moins aux départements du Nord et du Pas-de-Calais, d’échapper à l’occupation allemande de 1871-1873.


L’armistice et la paix

Dès l’entrevue de Ferrières (19-20 sept. 1870) et le contact que Thiers* avait pris avec Bismarck le 1er novembre, on connaissait les exigences allemandes : cession de l’Alsace-Lorraine, versement d’une indemnité de plusieurs milliards, occupation d’une partie du territoire durant de longs mois. Mais l’ennemi avait, de surcroît, déclaré qu’il négocierait seulement avec un gouvernement suffisamment fort et suffisamment représentatif pour faire exécuter le traité. Le gouvernement de Défense nationale n’était donc pas considéré comme un négociateur acceptable.

Était-il possible de fléchir la volonté de Bismarck ? La prolongation infructueuse de la guerre devait, hélas ! prouver notre impuissance sur le plan militaire, tandis que, sur le plan diplomatique, nous n’obtenions aucun appui des autres nations. Dans l’intervalle, cependant, la puissance de l’adversaire s’était grandement accrue par cette proclamation de l’Empire fédéral allemand, qui eut pour théâtre la galerie des Glaces du château de Versailles le 18 janvier 1871.

L’armistice qui fut signé le 28 janvier nous livrait, poings liés, à Bismarck, et celui-ci exigea tout d’abord qu’un gouvernement recueillant l’adhésion de toute la nation française fût constitué. Des élections eurent donc lieu le 8 février, et Thiers fut désigné comme président du nouveau gouvernement. Les négociations de paix furent entamées à partir du 21 février, mais la crise de la Commune* vint encore limiter la marge de discussion qui restait. Paris était toujours entre les mains de la Commune quand le traité fut signé à Francfort le 10 mai : seul Belfort avait pu être arraché aux appétits allemands, et les Alsaciens-Lorrains avaient obtenu le droit d’opter pour la nationalité française en abandonnant leurs biens.

P. R.

➙ Bazaine / Bismarck / Commune (la) / Défense nationale (gouvernement de la) / Empire (second) / Faidherhe / Ferry / Gambetta / Mac-Mahon / Moltke / Napoléon III / Paris (siège de) / Thiers.

 Colonel Rousset, Une seconde campagne de France. Histoire générale de la guerre franco-allemande 1870-1871 (Libr. illustrée, 1895-1898 ; 6 vol.). / P. Lehautcourt, Histoire de la guerre de 1870-1871 (Berger-Levrault, 1901-1908 ; 7 vol.). / Georges-Roux, la Guerre de 1870 (Fayard, 1966). / La Guerre de 1870-1871, numéro spécial de la Revue historique de l’armée (ministère de la Défense nationale, 1971).

François de Sales (saint)

Évêque de Genève, écrivain mystique (château de Sales, près de Thorens, Savoie, 1567 - Lyon 1622).


François de Sales naît du mariage de François de Nouvelles, seigneur de Boisy, et de Françoise de Sionnaz dans une Savoie déchirée par la lutte entre le duc et les « gens de Genève ».

Dès 1573, il commence ses études au collège de La Roche ; en octobre 1575, la guerre menaçant le pays, il est placé au collège chapuysien d’Annecy. L’élève est brillant. En 1578, son père l’envoie à Paris, « sous le gouvernement » de l’abbé Jean Déage. De 1578 à 1588, François suit les cours d’humanités, puis celui des « arts », chez les « messieurs de Clermont » (les Jésuites) ; en même temps, il s’initie aux « arts de noblesse » (escrime, équitation, danse, etc.). Mais, fidèle à un appel intime, il s’adonne aussi à la théologie.

En 1586-87, François passe par une crise mystique qui marquera profondément sa pensée et son cœur ; il craint d’être « prédestiné » par Dieu à la damnation et ne se tire de cette angoisse que par un acte héroïque d’abandon et de « pur amour ». En 1588, des troubles politiques secouent Paris. M. de Boisy rappelle son fils et l’envoie à Padoue pour y étudier le droit : François, à l’insu de son père, continue ses études théologiques ; une résurgence de la crise de Paris le détourne pour toujours des thèses thomistes et augustiniennes sur la prédestination. Le 5 septembre 1591, il obtient le titre de docteur in utroque jure. La carrière la plus brillante s’ouvre devant lui.

Car il est décidé à « être d’Église ». En 1593, il est nommé prévôt du chapitre des chanoines de Genève. Après son ordination sacerdotale (18 déc.), il est installé solennellement dans sa charge : à cette occasion, il prononce sa harangue : « Il faut reconquérir Genève », véritable discours-programme qui inspirera toute son action de prêtre, puis d’évêque.

De 1594 à 1597, François missionne, seul le plus souvent, dans le Chablais, qui est passé au calvinisme. Mission périlleuse, parfois héroïque, pendant laquelle François invente ces « placards » qui deviendront les Controverses, et rencontre par trois fois, sur l’ordre du pape, Théodore de Bèze. Aux Quarante-Heures de Thonon (sept. 1598), le Chablais achève de faire retour à l’unité religieuse. François part alors pour Rome, d’où il revient évêque nommé, et coadjuteur de l’évêque de Genève.

En janvier 1602, Mgr Claude de Granier (1548-1602) envoie François à Paris ; il doit y traiter avec la Cour de France de certaines affaires concernant le pays de Gex. La négociation n’aboutit pas. Mais ce séjour révèle François de Sales à Paris, et Paris, où bourgeonne déjà le « printemps spirituel » du xviie s., à François de Sales. Tandis qu’en septembre François revient de Paris en Savoie, il apprend à Lyon le décès de Mgr de Granier. Le voici donc prince-évêque de Genève, mais avec résidence à Annecy, Genève lui étant interdite par les calvinistes. Son sacre a lieu à Thorens le 8 décembre 1602. Le désir de rétablir l’unité religieuse du diocèse inspire sa pastorale : il choisit et forme ses prêtres, réforme les monastères, prêche, catéchise, confesse, visite les paroisses, s’efforçant de réaliser le type d’évêque qu’a défini le concile de Trente*. Il prend des contacts avec les protestants. Il trouve encore le temps de rédiger l’Introduction à la vie dévote (1608) et le Traité de l’amour de Dieu (1616), d’écrire de sa main une correspondance écrasante. Dans ces ouvrages s’exprime la spiritualité salésienne, animée par l’optimisme franciscain, et qui est une expression parfaite de l’humanisme chrétien. Le style, fleuri et charmant, n’édulcore en rien la riche substance d’un texte qui porte à la pratique des plus solides vertus. En 1606, François crée avec son ami Antoine Favre (1557-1624) l’Académie florimontane ; le départ de Favre en 1610 en interrompra l’activité. En 1610, il fonde avec Jeanne de Chantal (1572-1641) un ordre religieux d’un type nouveau : la Visitation Sainte-Marie. Plusieurs de ses Entretiens avec les filles de la Visitation seront publiés après sa mort. En octobre 1618, François accompagne à Paris le cardinal Maurice de Savoie, que le duc envoie négocier, puis conclure, le mariage du prince de Piémont avec Christine de France ; à cette occasion, François rencontre mère Angélique de Port-Royal et la famille Arnauld ; on lui propose avec insistance la coadjutorerie de Paris, qu’il refuse. Le 9 novembre 1622, il accompagne en Avignon le duc de Savoie, qui s’en va féliciter le jeune Louis XIII de sa victoire sur les huguenots ; mais au retour, à Lyon, François de Sales est terrassé par une attaque d’apoplexie ; il meurt le 28 décembre.