Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Francfort-sur-le-Main (suite)

La partition de l’Allemagne a profité à Francfort, dont la situation est plus centrale à l’intérieur de la R. F. A. Le secteur tertiaire, notamment bancaire et boursier, y a gagné en importance du fait du déclin de Berlin. Parmi les réalisations de l’urbanisme moderne, on peut citer la Nordweststadt. L’aménagement linéaire a cédé la place à une conception différente, amenant une disposition des volumes moins géométrique. Les immeubles, et non les voies, sont orientés N.-S. ou O.-E. et vont du pavillon à la tour de quatorze étages. Le mélange des formes et des volumes correspond à une volonté d’associer différentes couches sociales. Le quartier qui n’est pas une « ville nouvelle » abrite 25 000 habitants. Avec un centre commercial et culturel propre, il a une certaine autonomie, mais les emplois y font défaut. C’est pourquoi l’ensemble, situé à 6 km du cœur de la ville, est relié à celle-ci par des voies rapides, et notamment une ligne de métro. À l’intérieur de la Nordweststadt, la circulation piétonnière est largement séparée de la circulation automobile.

Francfort est en train de se doter d’un métro dont le but est de mieux structurer l’énorme agglomération. Les lignes de métro servent d’axes d’aménagement.


La vie économique

La ville n’a jamais été un centre administratif commandant sa région. Par contre, lieu de foires de printemps et d’automne, elle a toujours eu un rôle commercial éminent. Mais cette activité attira l’industrie dans le voisinage. La chimie se développa à Höchst. La métallurgie de transformation s’implanta dans nombre de communes annexées plus tard. À la fin du xixe s., les édiles comprirent que le rayonnement économique devait être fondé sur de puissantes industries. Le port sur le Main a activement contribué à l’industrialisation (trafic en 1969 : 6,4 Mt). La ville, bien que ne comptant que 660 000 habitants, fournit environ 500 000 emplois, dont 60 000 à des ouvriers étrangers et 150 000 à des migrants quotidiens.


L’industrie

Elle emploie 133 000 personnes (dans les établissements de plus de 10 salariés). Son chiffre d’affaires s’est élevé à 9,2 milliards de deutsche Mark en 1969. La chimie arrive au premier rang avec des firmes comme Hoechst, Degussa, Caltex (Allemagne), Cassella, qui ont fait un chiffre d’affaires global de 3,4 milliards de deutsche Mark en 1969 (dont 43 p. 100 à l’exportation). Le secteur chimique fournit du travail à 38 000 salariés. Il utilise de plus en plus le pétrole pour l’élaboration de ses produits.

La construction de machines et de véhicules ainsi que les constructions métalliques emploient 40 000 personnes, mais ne réalisent que 1,4 milliard de deutsche Mark de chiffre d’affaires ; l’exportation entre pour 30 p. 100 dans ce total. La fabrication de machines à chaussures est célèbre. La proximité d’Opel à Rüsselsheim fournit du travail à 5 000 personnes dans des entreprises de sous-traitance pour l’automobile. La construction électrique employait 31 000 personnes en 1969. Braun AG. y joue un rôle important. Le grand konzern AEG. a son siège à Francfort, mais ses usines sont éparpillées dans toute la R. F. A. Le rôle intellectuel ressort de l’importance des industries graphiques, qui utilisent 6 700 travailleurs. Quatre grands journaux, imprimés à Francfort, totalisent un tirage quotidien de 850 000 exemplaires. La Frankfurter Allgemeine Zeitung, reflet du milieu des affaires, est un des tout premiers journaux allemands. On note même l’impression d’un journal turc tiré à 13 000 exemplaires quotidiens. L’industrie alimentaire, avec 6 000 salariés, n’est pas négligeable. La proximité des vignobles rhénans a déterminé l’installation de quelques établissements produisant du mousseux ainsi que de distilleries. Il faut y ajouter deux brasseries : Binding-Brauerei et Henninger-Brau.


La place bancaire

La banque est inséparable du commerce et des foires à Francfort. La banque Rothschild a acquis une réputation mondiale. La Bundesbank a son siège dans la ville. La Deutsche Bank, première banque allemande, y est domiciliée. La Bank für Gemeinwirtschaft, proche des milieux syndicaux, l’est également. La Caisse centrale des coopératives a son siège social à Francfort. Environ 200 instituts bancaires (dont le tiers est étranger) exercent leurs activités dans la ville. La concentration bancaire a profité à la ville et a accru son rôle international et son caractère cosmopolite. Si la Bourse n’est pas aussi importante que celle de Paris, cela tient à la décentralisation dans ce domaine en R. F. A. Près de 3 000 titres allemands et plus de 200 titres étrangers sont officiellement cotés à la Bourse de Francfort. Le capital admis à cette dernière dépassait 60 milliards de deutsche Mark en 1969.


Le commerce et les transports

L’importance commerciale se traduit par le chiffre de 95 000 salariés. On peut y ajouter les 50 500 salariés de la branche transports et communications. Toutes les grandes maisons de commerce, ou presque, sont représentées dans la vieille ville. Les grands konzerns industriels déterminent d’importantes activités commerciales. En 1970, la foire internationale a réuni 2 189 exposants allemands et 724 étrangers. Elle est complétée par des foires spécialisées (textiles, livres). Près de 50 p. 100 des visiteurs de toutes les foires viennent de l’étranger. Les foires sont le baromètre de la santé économique de la région Rhin-Main.

Si le chemin de fer a assuré l’essor de la ville au xixe s., on doit presque écrire que le relais a été pris par l’aviation aujourd’hui. Avec 9,4 millions de passagers et 291 000 t de fret aérien, l’aéroport de Francfort arrive en troisième position en Europe, après Londres et Paris. Il est l’une des grandes plaques tournantes internationales. Des travaux d’extension gigantesques ont été entrepris conjointement par l’État fédéral, le Land et la ville. L’aérogare est reliée à la gare centrale par voies ferrées rapides en surface et souterraines, de telle manière qu’on peut atteindre en neuf minutes la gare ferroviaire et en douze minutes la vieille ville. La desserte est complétée par un réseau d’autoroutes qui a complètement bouleversé le paysage. Aussi n’est-il pas étonnant que le voyageur revenant dans la ville après quelques années d’absence ne s’y retrouve plus facilement. Francfort est une araignée urbaine qui gagne les régions voisines. La ville est à la tête d’une agglomération de 2 millions d’habitants, mais la zone sur laquelle elle exerce son influence est bien plus importante. Son université, créée par la bourgeoisie, subventionnée par la ville, est un des grands foyers intellectuels allemands. La vie intellectuelle et artistique repose sur de nombreuses institutions montrant le dynamisme et le caractère rhénan de la cité. Musée, instituts spécialisés, bibliothèques, théâtres sont des éléments de rayonnement international. Francfort, par l’importance de ses relations internationales, est plus qu’une métropole allemande.

F. R.