Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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France (suite)

Bilan de la politique économique et sociale

• C’est sous le second Empire que la France, grâce à la révolution du charbon, prend son visage moderne : industrialisation sur le modèle anglais, favorisée par le libre-échange (traité de commerce de 1860). Amélioration de la situation monétaire, essor de l’industrie manufacturière et du grand commerce, favorisé par le crédit privé et public et partiellement inspiré par le saint-simonisme. Les communications se modernisent rapidement, l’urbanisation s’intensifie. Paris est transformé par les travaux d’Haussmann.

• Mais cet essor a comme envers la paupérisation du prolétariat et la prise de conscience de ses problèmes. À partir de 1867, les nombreuses grèves — souvent écrasées par la force — témoignent de la montée d’une classe ouvrière de plus en plus hostile aux régimes conservateurs.


La chute de l’Empire et la fondation de la IIIe République (1870-1879)


La chute de l’Empire (1870)

• Elle est déterminée par le déroulement tragique de la guerre franco-allemande*.

• Mal préparées, mal équipées, les armées impériales sont rapidement refoulées d’Alsace et de Lorraine. Le 2 septembre 1870, dans Sedan investi, Napoléon III doit se rendre, suivi bientôt par l’armée de Mac-Mahon.

• 4 septembre 1870 : sans heurts mais non sans ambiguïté (le « péril rouge » les inquiète aussi), les républicains bourgeois proclament la république à Paris.


Le gouvernement de la Défense* nationale et la Commune* (sept. 1870 - mars 1871)

• Le régime républicain doit compter avec trois problèmes graves : le défaut de ralliement de la masse (rurale surtout), restée monarchiste et liée à l’influence des notables ; la menace des groupes révolutionnaires (à Paris surtout) ; la poursuite de la guerre.

• Le gouvernement de la Défense nationale, malgré les efforts de Gambetta*, ne peut desserrer le carcan que forment les troupes allemandes autour de Paris, qui capitule après un siège terrible le 22 janvier 1871. Le 28 janvier est signé l’armistice lié à l’élection d’une Assemblée nationale chargée de faire la paix.

• Cette Assemblée, élue le 8 février, est constituée massivement par des monarchistes, favorables à la paix et hostiles à Paris, la « ville rouge ». Réunie à Bordeaux, elle ratifie (1er mars) les préliminaires de paix (cession à l’Allemagne de l’Alsace sauf Belfort et d’une partie de la Lorraine, occupation militaire, indemnité de 5 milliards) qu’entérinera le traité de Francfort (mai). Le 17 février, elle a confié à Thiers* le pouvoir exécutif en attendant une restauration monarchique ; elle-même s’installe à Versailles, par méfiance à l’égard de Paris.

• Un mois plus tard (18 mars 1871) éclate la Commune* de Paris. Le mouvement, essentiellement populaire et appuyé sur la garde nationale, est écrasé par Thiers et Mac-Mahon* après une « semaine sanglante » (21-28 mai).


L’œuvre de Thiers (1871-1873)

• 5 juillet 1871 : manifeste intransigeant du comte de Chambord ; échec de la fusion orléaniste-légitimiste.

• Août 1871 : Thiers est nommé « président de la République française » (loi Rivet).

• Problème financier (règlement de l’indemnité de guerre) : impôt indirect et emprunt.

• Juillet 1872 : réforme militaire ; service obligatoire, mais tirage au sort pour un ou cinq ans et maintien des dispenses.

• 24 mai 1873 : la majorité monarchiste de l’Assemblée (de Broglie) renverse Thiers et appelle Mac-Mahon (de tendance légitimiste) à la présidence de la République.


Échec de la restauration monarchique.
L’enracinement de la république (1873-1879)

• Le duc de Broglie* forme le ministère. Accord du gouvernement, de l’Assemblée et des catholiques en faveur de la restauration.

• Août-octobre 1873 : le candidat orléaniste au trône se récuse devant le candidat légitimiste (comte de Chambord). Mais le refus d’accepter le drapeau tricolore fait avorter le projet de restauration.

• Novembre 1873 : une loi fixe à sept ans les pouvoirs du président de la République.

• Mai 1874 : chute du cabinet de Broglie : les modérés se rapprochent des républicains ; dès lors, les lois constitutionnelles vont être votées (févr.-juill. 1875).

La république est fondée (un président de la République élu par le Congrès ; un Sénat élu par un collège ; une Chambre des députés élue au suffrage universel).

• Décembre 1875 : l’Assemblée nationale se sépare.

• 1876 : les élections amènent une faible majorité de droite au Sénat, et une forte majorité de républicains à la Chambre : dès le début, conflit avec Mac-Mahon.

• 16 mai 1877 : le ministère Jules Simon, en désaccord avec Mac-Mahon, démissionne, et celui-ci dissout l’Assemblée.

• Octobre 1877 : élection d’une Chambre à majorité républicaine : Mac-Mahon se soumet et accepte le ministère Dufaure (décembre).

• Janvier 1879 : les élections au Sénat donnent la majorité aux républicains : Mac-Mahon « se démet ». L’Assemblée élit le républicain Jules Grévy à la présidence de la République. Retour des chambres et du gouvernement à Paris ; le 14 juillet devient fête nationale.


La IIIe République* jusqu’en 1914


L’organisation de la république (1879-1885) et les lois fondamentales

• Les conservateurs, hostiles à la république, gardent une grande influence (services publics, armée, industrie et clergé). Les bonapartistes ont perdu leur chef (1879).

• Les républicains se divisent en radicaux (Clemenceau*) et opportunistes (J. Ferry* et Gambetta*). Tous font de l’anticléricalisme l’arme principale contre la réaction de droite.

• Les ministères sont tous « opportunistes » jusqu’en 1885 : Freycinet (1879-1880 ; 1882) ; Gambetta (nov. 1881 - janv. 1882) ; Ferry (sept. 1880 - nov. 1881 ; févr. 1883 - mars 1885).

• L’enseignement. Primaire : gratuit (juin 1881), puis laïque et obligatoire (mars 1882). Secondaire : création de lycées de jeunes filles. Supérieur : seul l’État confère les grades. Religieux : les Jésuites doivent cesser d’enseigner (décrets de mars 1880).

• Libertés publiques : liberté de réunion (juin 1881), de la presse (juill. 1881), des associations professionnelles ou syndicales (mars 1884).

• Révision constitutionnelle. Suppression des sénateurs inamovibles (1884).

• Crise économique. Début d’une période de dépression ; crise du phylloxéra ; concurrence des blés étrangers ; crise bancaire : krach de l’Union générale (1882).

• Fondation d’un second Empire* colonial (Tunisie, Afrique noire, Madagascar, Indochine) grâce à Jules Ferry.