Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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France (suite)

La société

• Importance croissante de la bourgeoisie, soutien de l’Empire et réserve de « notables ». Condition précaire des ouvriers : interdiction des « coalitions » ; en matière de droit, suprématie de l’employeur ; dépôts de mendicité.

• Prospérité des paysans aisés (achat des biens nationaux) ; mais la révolution agricole ne se déclenche pas ; le Blocus continental et l’économie de guerre posent de graves problèmes sociaux aux campagnes, où se recrute surtout l’armée impériale. D’où la misère des ouvriers agricoles : poids de la conscription, chômage, mauvaises récoltes (1811).


La gloire des armes (1804-1811)

• Décidé à envahir l’Angleterre, Napoléon concentre son armée au camp de Boulogne. Pour détourner le danger, les Anglais suscitent la coalition de la Prusse et de l’Autriche contre la France.

• La flotte française battue à Trafalgar (oct. 1805), Napoléon ne devait plus jamais retrouver la maîtrise de la mer. Il lui reste à essayer de vaincre l’Angleterre sur le continent en combattant ses alliés. La bataille d’Austerlitz (2 déc. 1805) démantèle la 3e coalition (traité de Presbourg).

• Héritier de la mystique expansionniste révolutionnaire, Napoléon devenu monarque remplace les anciennes républiques sœurs par des royaumes vassaux qu’il distribue à ses parents au fur et à mesure de ses conquêtes. Lui-même est roi d’Italie et protecteur de la Confédération* du Rhin, d’où est exclue l’Autriche et qui est érigée sur les ruines du Saint Empire romain germanique.

• Durant dix années, c’est une suite de victoires contre une coalition toujours vaincue et toujours reformée : Iéna et Auerstedt en 1806, Eylau et Friedland en 1807 (4e coalition), Wagram en 1809 (5e coalition). Mais ni les défaites de ses alliés, ni le Blocus continental (1806), ni la guerre de course ne font plier l’Angleterre, qui, libre sur mer, gonfle encore l’Empire britannique au détriment des Français et des Hollandais.

• Plusieurs points noirs : si la Russie, en 1807, à Tilsit, a fait la paix avec Napoléon, son empire reste pratiquement intact ; en 1808, l’Empereur des Français entame en Espagne une guerre inexpiable qui va le conduire à la ruine ; en occupant Rome en 1809 et en traitant le pape Pie VII* comme un prisonnier, il pratique une politique religieuse qui va lui aliéner les catholiques de l’Empire.

• En 1810, Napoléon épouse Marie-Louise d’Autriche ; il est au faîte de sa puissance. Son empire comprend 130 départements français et s’étend de la mer du Nord à l’Adriatique ; l’Europe presque entière lui obéit. Mais la démesure empêche l’Empereur de distinguer les limites du possible.

• En 1811 naît un fils à qui, orgueilleusement, Napoléon donne le titre de roi de Rome.


La chute (1812-1814)

• En 1812, Napoléon décide d’aller forcer le tsar sur son propre sol à respecter le Blocus continental.

L’invasion de la Russie*, la bataille de la Moskova, la prise de Moscou, puis la terrible retraite et la défaite de la Berezina sont le signal attendu par l’Europe pour secouer le joug imposé par Napoléon.

• En 1813, la Prusse et l’Autriche font défection ; toute l’Europe se soulève. Les batailles de Lützen, Bautzen et Leipzig ne peuvent endiguer le flot des armées ennemies qui, en 1814, malgré l’admirable campagne de France de l’Empereur, envahissent le territoire national et forcent Napoléon à abdiquer, le 6 avril 1814.


La première Restauration* des Bourbons et les Cent-Jours* (1814-1817)

• Le frère de Louis XVI, Louis* XVIII (1814-1824), est rétabli en fait par les Alliés, qui voient dans l’ancienne monarchie un gage de repos pour l’Europe. Louis XVIII octroie au pays une Charte constitutionnelle (régime censitaire, deux chambres) et maintient l’essentiel des transformations opérées pendant la Révolution et l’Empire.

• Le 30 mai 1814, le premier traité de Paris ramène la France dans ses frontières de 1792.

• Les maladresses du nouveau régime, qui favorise ouvertement les émigrés et l’Église, lui aliènent une partie notable de l’opinion.

• Profitant de cet état d’esprit, Napoléon quitte l’île d’Elbe, débarque à Golfe-Juan (1er mars 1815) et gagne Paris, d’où s’enfuit Louis XVIII. Mais l’Empereur n’a pas le temps de mettre en place un régime plus libéral (Acte additionnel) ; il doit faire face à l’Europe, de nouveau coalisée. C’est la campagne de Belgique, Waterloo (18 juin) et bientôt la seconde abdication de Napoléon (22 juin), que les Anglais enverront mourir à Sainte-Hélène.

• La France envahie, occupée, va perdre, au second traité de Paris (20 nov. 1815), plusieurs territoires conquis.


La seconde Restauration (1815-1830)


La contre-révolution (1815-16)

• Trois tendances politiques : les ultras, partisans du retour de l’Ancien Régime, prenant appui sur le comte d’Artois, frère du roi ; les constitutionnels, partisans de la Charte ; les libéraux, coalition disparate de bonapartistes et d’héritiers de la Révolution.

• Juillet-octobre 1815 : la Terreur blanche frappe surtout des fidèles de l’Empereur.

• Août 1815 : élection d’une chambre ultraroyaliste, la « Chambre introuvable », qui pratique une politique de réaction ; Louis XVIII la dissout en septembre 1816.


Gouvernement des constitutionnels (1816-1820)

• Louis XVIII fait appel à des modérés : ministères Richelieu* (1816-1818), Decazes* (1818-1820).

• 1818 : au congrès d’Aix-la-Chapelle, la France obtient le retrait des forces militaires alliées.

• 1819 : abolition de la censure.

• 13 février 1820 : l’assassinat du duc de Berry provoque le renvoi de Decazes et oriente la politique vers la réaction (ministère Villèle*). Par contrecoup s’amorce un mouvement révolutionnaire (1820-1822), animé surtout par le carbonarisme et qui échoue en fin de compte.