Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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France (suite)

Problèmes extérieurs
Régime aux caisses vides, le Directoire utilise la guerre de conquête pour l’argent qu’elle rapporte.
1796 : échec du plan Carnot contre l’Autriche (Jourdan, Moreau).
Mars 1796 - avril 1797 : campagne victorieuse d’Italie* de Bonaparte.
18 octobre 1797 : paix de Campoformio : annexion des « Pays-Bas autrichiens » ; création d’États à influence française (les « républiques sœurs »). Surtout : naissance de la popularité de Bonaparte.
Mai 1798 : début de la campagne d’Égypte de Bonaparte, dirigée contre l’Angleterre.
1799 : deuxième coalition, qui s’amorce mal pour la France.

Fin du directoire
Difficultés intérieures, impopularité du régime, lassitude de la guerre.
Octobre-novembre 1799 : retour d’Égypte de Bonaparte, qui renverse le Directoire (coup d’État du 18 et 19 brumaire an VIII) et pose les bases du pouvoir personnel.


Bilan de la Révolution

• Si les grands principes de 89 — en particulier l’égalité — sont battus en brèche, si pour la bourgeoisie révolutionnaire sûreté et propriété priment tout, le principe de liberté reste acquis : liberté personnelle, liberté d’entreprise (base d’une société « libérale » qui sera oppressive pour les humbles), liberté politique fondée sur l’équilibre des pouvoirs.

• Naît alors la France moderne avec sa carte nouvelle (départements), ses cadres nouveaux, ses institutions nouvelles (système métrique, jalons d’une nouvelle instruction et d’une nouvelle culture).

• Se forme alors une société nouvelle, marquée diversement par l’acquisition des biens* nationaux. Se rassemblent alors le groupe des « propriétaires », qui vont fournir longtemps encore les notables du pays, celui des fonctionnaires, celui des militaires. Mais le morcellement de l’exploitation s’aggrave et les catégories paysannes inférieures se développent.

• La victoire de la Révolution sur le fédéralisme et sur toutes les forces centrifuges a favorisé l’unité nationale, encore que les disparités régionales restent grandes sur le plan politique et sociologique.


Le Consulat* (1799-1804)

• En 1799, la France, avide d’ordre et de paix, est prête pour Bonaparte.


« Les grandes masses de granit. »

• Décembre 1799 : rédaction et application de la Constitution de l’an VIII (elle est approuvée par plébiscite [févr. 1800], qui donne la réalité du pouvoir au Premier consul Bonaparte : celui-ci, en 1802, obtiendra le consulat à vie).

• Février 1800 : réorganisation administrative ; affaiblissement des institutions locales, forte centralisation (création des préfets et sous-préfets).

• Mars 1800 : réorganisation judiciaire ; centralisation et hiérarchie entre les juridictions. Suppression de l’élection des juges ; création des cours d’appel.

• Novembre 1799-1801 : réorganisation financière ; centralisation et simplification des impôts ; création de la Banque de France (févr. 1800).

• Mai 1802 : œuvre scolaire ; les lycées remplacent les écoles centrales ; organisation de style militaire.

• 1804 : promulgation du Code civil.


Politique d’apaisement et de fermeté

• À l’égard des royalistes : 52 000 émigrés sont autorisés à rentrer (oct. 1800) ; amnistie des chouans. Mais répression après l’attentat de la rue Saint-Nicaise (déc. 1800) et surtout après celui de Cadoudal (exécution du duc d’Enghien, 21 mars 1804).

• À l’égard des Jacobins : garantie des biens nationaux mais répression des conspirations vraies ou supposées.

• Pacification religieuse : concordat* de 1801. Devant le risque d’opposition anticléricale, Bonaparte ajoute les articles organiques sans consulter le pape.

• Renaissance économique : tarifs douaniers protectionnistes.


Pacification extérieure

• À l’issue d’une nouvelle campagne d’Italie* (1800), Bonaparte amène l’Autriche à signer le traité de Lunéville (1801) et récupère en Italie les territoires perdus en 1799.

• L’Angleterre isolée se décide à traiter à son tour (paix d’Amiens, 1802). La popularité du Premier consul est à son zénith. Mais, dès 1803, la paix d’Amiens est rompue par l’Angleterre, inquiète de l’expansion française en matière de colonie (Saint-Domingue) et d’économie. Bonaparte prépare l’invasion de l’île.


Le premier empire* (1804-1814)

• 1804 : Constitution de l’an XII ratifiée par plébiscite ; Bonaparte devient empereur des Français sous le nom de Napoléon Ier. Il est sacré à Notre-Dame de Paris par le pape (2 déc.).


Le régime impérial

• C’est un régime personnel avec quelques apparences libérales (maintien d’assemblées élues, mais elles sont sans pouvoir et elles sont en fait recrutées parmi les notables) et d’autres monarchiques : édulcoration de la Légion* d’honneur, qui devient un corps uni au souverain par une allégeance personnelle ; création d’une cour impériale et d’une noblesse d’Empire. Évolution dans le sens du despotisme : suppression du Tribunat (1807).

• Moyens de gouvernement : centralisation du gouvernement, magistrature nommée et surveillée, développement des impôts indirects par la création de monopoles (tabac), importance de la police (Fouché*), surveillance de la presse et des livres (censure, exil des opposants, comme Chateaubriand* ou Mme de Staël*), action de l’Église, qui soutient l’Empereur jusqu’en janvier 1808, monopole de l’enseignement par l’État (1808) et surveillance des maîtres.


L’économie

Napoléon est partisan du mercantilisme : il aide l’industrie, mais il est hostile au libre-échange. La croissance économique française repose essentiellement sur le marché intérieur.

• Progrès de l’agriculture : cultures nouvelles, betterave sucrière (rendue nécessaire par le Blocus* continental), chicorée, etc.

• Développement de l’industrie textile (cotonnade de Lille et de Charonne, toile de Jouy, drap de Sedan, etc.), de l’extraction du charbon (Sarre) et de la métallurgie (Lorraine, Liège). Création des raffineries de sucre. Industrie chimique.

• Mais l’événement capital et dramatique est l’extinction — due aux défaites navales et au Blocus continental — du grand commerce maritime de la façade atlantique (Nantes, Bordeaux) et méditerranéenne (Marseille) et de l’activité économique de son arrière-pays.

• Développement des voies de communication : Simplon, Mont-Cenis ; canal de Saint-Quentin.

• Grands travaux à Paris.