Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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France (suite)

Pour promouvoir sa politique, la D. A. T. A. R. s’appuie sur des organismes techniques et financiers. Le Fonds d’intervention pour l’aménagement du territoire (F. I. A. T.) joue un rôle fondamental. La Société centrale pour l’équipement du territoire (S. C. E. T.), dépendant de la Caisse des dépôts et consignations, et le Fonds de développement économique et social (F. D. E. S.), alimentés par le Trésor public, avancent les fonds nécessaires au lancement des grandes opérations. Quant au Fonds national d’aménagement foncier et d’urbanisme (F. N. A. F. U.), il intervient dans les grands aménagements urbains.

Depuis le IVe Plan, la planification française est régionalisée. Par-delà de nombreuses opérations de détail, plus ou moins importantes, qui ont été réalisées, quelques grandes lignes peuvent être discernées. La politique d’aménagement du territoire ne vise pas à stopper le développement des régions les plus avancées de façon à hisser les autres au même niveau ; dans le domaine de la décentralisation industrielle, où cela avait été tenté aux dépens de Paris, les mesures initiales ont dû être assouplies. Dans le cadre d’une promotion générale de l’économie française et de l’utilisation jugée la plus judicieuse des investissements, les régions sont classées en deux catégories : celles dont le dynamisme fort doit être simplement « accompagné », celles dont l’économie, insuffisamment dynamique, nécessite des moyens d’entraînement. Il reste que d’âpres conflits, notamment au cours de l’élaboration des derniers plans, ont opposé représentants des régions de l’Est et de l’Ouest : c’est un autre aspect du contraste entre les deux France.

S. L.


L’équilibre économique : balance commerciale et balance des paiements

En dépit de grandes réalisations et de progrès considérables réalisés depuis un quart de siècle dans le domaine économique, la France parvient difficilement à équilibrer sa balance commerciale et sa balance des paiements : de là l’origine des dévaluations auxquelles il a fallu procéder.


Le commerce extérieur


La balance commerciale

L’activité commerciale ne cesse de s’accroître, nourrie par l’expansion économique, accrue de façon artificielle par l’inflation, qui gonfle les prix, et stimulée à plusieurs reprises par la politique économique et financière de l’État, en particulier par les deux dévaluations de 1958-59 et de 1969. En 1950, des marchandises d’une valeur globale de 21 milliards de francs (actuels) avaient franchi les frontières ; en 1954, l’activité commerciale avait porté sur 30 milliards et, en 1959, sur 53. C’était encore peu (en valeur absolue du moins) au regard de l’expansion connue au cours de la décennie suivante : près de 73 milliards en 1962, plus de 100 en 1965, et 180 en 1970. Le montant des opérations commerciales a environ triplé (en valeur) en dix ans et a été multiplié par près de neuf en vingt ans. Mais le volume des échanges internationaux effectués par la France est encore inférieur de moitié au commerce britannique, des deux tiers à celui de la République fédérale d’Allemagne, et il est deux fois et demie plus faible que celui des États-Unis (ce qui se conçoit mieux).

L’équilibre de la balance commerciale française a toujours été précaire. Il est réalisé quand les exportations, calculées franco à la frontière (free on board ou fob) équivalent à 93 p. 100 environ des importations, dont la valeur est fixée à l’arrivée (coût, assurance, fret ou caf). Exception faite d’une courte période d’équilibre en 1954, la balance a été constamment déficitaire de 1950 à 1958. La dévaluation qui accompagna l’instauration du franc lourd donna un coup de fouet aux exportations et permit le redressement de la balance commerciale jusqu’à la fin de 1962. Suivit une lente dégradation, qui devait atteindre son paroxysme avec la crise de 1968, puis vint la relance économique (nécessitant des importations massives) : de là la dévaluation de l’été de 1969, elle-même génératrice d’une reprise des exportations et d’un redressement de la balance commerciale dans les années 1969-1971.

À l’image des autres pays industriels européens, la France vend essentiellement des produits manufacturés, ce qui lui permet d’acheter nombre de machines et d’objets qu’elle ne produit pas, ainsi que des denrées alimentaires, des produits énergétiques et des matières premières. Au cours des deux dernières décennies, ces ventes ont représenté des deux tiers aux trois quarts des exportations (près des trois quarts aujourd’hui) : les produits de la métallurgie (aciers, fontes et métaux, machines et matériel de transport, dont les automobiles) viennent nettement en tête dans ce bilan. La France vend aussi des produits agricoles (plus de 15 p. 100 des exportations), essentiellement des vins, des eaux-de-vie et des céréales ; elle réexpédie en outre des hydrocarbures raffinés sur son territoire. Plus de la moitié du montant des importations correspond aux achats de produits industriels ; là aussi, les produits métallurgiques représentent le poste le plus important (près de 15 p. 100 des importations sont des achats de machines). Ces achats pèsent au total beaucoup plus lourdement sur la balance commerciale que ceux des produits agricoles (viandes, fruits et légumes notamment), des combustibles (essentiellement des hydrocarbures) et des matières premières minérales et textiles, qui représentent 10 à 15 p. 100 des achats (en valeur). Au total, si la balance commerciale est en équilibre, voire en léger excédent pour les produits agricoles et alimentaires d’une part, les objets manufacturés d’autre part, elle est nettement déficitaire pour les matières premières et surtout pour les combustibles. On mesure quelle menace constitue pour l’économie française un relèvement des cours mondiaux de ces produits, notamment des hydrocarbures. On voit aussi combien est nécessaire l’exportation de produits industriels pour équilibrer la balance commerciale.