Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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France (suite)

Les chemins de fer

Exception faite de quelques lignes provinciales à voie unique, les chemins de fer sont exploités par la S. N. C. F., société d’économie mixte créée en 1937 et organisée en régions qui correspondent à peu près aux anciens réseaux privés. La S. N. C. F. n’exploitait plus à la fin de 1970 que 36 530 km de lignes, dont 14 700 à au moins deux voies et 9 360 électrifiés. C’est là le résultat d’une longue politique de déséquipement amorcée en 1938 ; ce déséquipement est du reste plus poussé pour le transport de voyageurs (effectué sur 25 640 km seulement) que pour celui des marchandises. Il demeure que, si les décisions de fermeture de lignes peuvent être justifiées par la faiblesse des trafics (encore accrue avec le développement des transports automobiles), elles constituent un grave déséquipement régional. Au total, la trame du réseau est beaucoup moins dense qu’il y a un demi-siècle, mais le plan général ne s’est guère modifié. Exception faite de quelques transversales (Calais-Dijon, Strasbourg-Lyon, Bordeaux-Lyon-Genève, Bordeaux-Marseille-Nice), les grandes lignes rayonnent de Paris ; autour de la capitale, une voie ferrée, la Grande Ceinture, permet l’acheminement direct des convois de marchandises d’une région à l’autre du réseau.

Depuis un quart de siècle, un vigoureux effort de modernisation a été réalisé pour lutter contre la concurrence croissante des transports routiers et aériens. La traction à vapeur a été progressivement abandonnée au profit des locomotrices Diesel et électriques : en 1970, on comptait 412 locomotives à vapeur (dont 356 étaient utilisées), 1 793 locomotrices Diesel (et 974 autorails) et 2 032 locomotrices électriques. Avant 1939 avaient été électrifiées certaines lignes du sud du pays, éloignées des mines de charbon et proches des sites hydro-électriques ; après 1945, la S. N. C. F. a équipé les lignes à trafic régulier et élevé qui étaient les seules à justifier les lourds investissements de l’électrification. Le quart du réseau seulement est électrifié, mais concentre 75 p. 100 du trafic. Ailleurs, on a recours aux locomotrices Diesel (Massif central notamment).

La S. N. C. F. a renouvelé son parc de wagons : 13 600 pour le transport des voyageurs et 253 000 pour celui des marchandises ; ces derniers sont du reste mis dans un pool commun avec ceux des autres États de la C. E. E. Leur circulation a été fortement accélérée par la mise en service de triages très modernes (principalement autour de Paris, dans le Nord et le Nord-Est). Il a été poursuivi une politique systématique de mise en circulation de trains rapides entre Paris et les grandes villes de province, ainsi qu’avec l’étranger (relations Trans-Europ-Express). Actuellement, la S. N. C. F. cherche à renforcer sa position aux dépens des transporteurs routiers en développant le trafic par containers. De nouvelles et belles possibilités s’offrent au rail.


Les routes et les autoroutes

La France possède le réseau routier le plus dense du monde (environ 700 000 km, soit plus de 120 km par 100 km2), dont plus de 80 000 km de routes nationales.

Ce réseau fortement hiérarchisé est malheureusement inadapté à la circulation moderne qui se caractérise en priorité par un trafic intense sur quelques itinéraires privilégiés unissant les grandes villes. Il l’est d’autant plus que la France ne possède, en 1974, guère plus de 2 000 km d’autoroutes* dont seulement trois grandes liaisons : Paris-Marseille (et bientôt Nice), Paris-Lille-Dunkerque (avec raccordement par Cambrai au réseau belge), Paris-Rouen. La concession, en 1970, du droit de construction et d’exploitation de nouvelles autoroutes à des sociétés privées semble ouvrir des perspectives sensiblement plus favorables au cours de la prochaine décennie (Paris-Le Mans, Paris-Poitiers, Paris-Strasbourg, Bordeaux-Narbonne, Calais-Dijon, autoroute du Mont-Blanc).

Outre les véhicules en transit, vers la péninsule Ibérique notamment, le réseau routier est utilisé par un parc automobile de plus en plus important : en 1970, on comptait 12 400 000 voitures particulières, 2 588 000 camions et camionnettes ainsi que 62 800 autocars et autobus (plus de 15 millions de véhicules au total). Les plus nombreux sont immatriculés dans les grandes agglomérations, notamment à Paris, Les véhicules utilitaires appartiennent à 33 000 entreprises de transport, dont un très grand nombre d’artisans.


La navigation intérieure

À la fin de 1970, le réseau de navigation intérieure était constitué de 3 927 km de voies naturelles, pour la plupart aménagées il est vrai, et de 4 696 km de canaux. Le relief moins accidenté et plus encore l’existence de frets de pondéreux font que les voies d’eau actuellement utilisées sont presque toutes situées à l’est d’une ligne tirée du Havre à Marseille. Le réseau du Nord est le plus dense ; il s’ordonne autour de la liaison à grand gabarit (1 350 t) de Dunkerque à Valenciennes. Le canal de Saint-Quentin et le canal du Nord au nord, l’Oise au sud permettent une liaison à moyen gabarit entre le Nord et Paris. Par ailleurs, la Seine, de Montereau à la mer, est une magnifique voie navigable, accessible aux gros automoteurs et aux convois poussés.

Les liaisons avec le Nord-Est et l’Est (Marne et canal de la Marne au Rhin ; Yonne et canal de Bourgogne) n’admettent que des unités de petit tirant d’eau (280 t) comme, du reste, les autres canaux du Nord-Est. Dans cette région, l’intérêt se porte depuis quelques années sur la réalisation d’une jonction à gros gabarit entre les bassins du Rhin et du Rhône. Dès maintenant, les automoteurs de 1 500 t remontent la Moselle jusqu’à Frouard et le grand canal d’Alsace jusqu’à Bâle ; la construction d’un canal à grosse section a été décidée jusqu’à Altkirch. Au sud, les automoteurs de 1 000 t parcourent le Rhône et la Saône en aval du confluent du Doubs. Restent à réaliser un canal de jonction moderne par la vallée du Doubs et la porte de Bourgogne vers l’Alsace et, peut-être, un autre par le seuil de Lorraine vers Nancy. Ce sera une œuvre de longue haleine. Dans le sud et l’ouest de la France, nombre de rivières, autrefois considérées comme navigables, ont été déclassées. Une faible activité est enregistrée sur quelques rares tronçons et surtout sur la longue jonction entre le Rhône et la Gironde.