Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

français (suite)

Enfin, dans des conditions obscures, le français appris par les anciens esclaves a donné naissance à des langues créoles, langues qui ont leur syntaxe, leur morphologie, leur phonétique et leur vocabulaire propres. Ce sont les langues maternelles uniques d’une grande partie des Antillais (Guadeloupe, Martinique, Haïti) et des Réunionnais, à qui le français apparaît comme une langue étrangère.

J.-B. M.

➙ Argots / Bilinguisme / Dialecte / Dictionnaire / Écrit/oral (codes) / Lexique.

 F. Brunot (sous la dir. de), Histoire de la langue française des origines à nos jours (A. Colin, 1905 et suiv. ; nouv. éd., 1966-1968 ; 20 vol. parus). / C. Bruneau, Petite Histoire de la langue française (A. Colin, 1907 ; 4e éd. revue par M. Parent et G. Moignet, 1966 ; 2 vol.). / J. Damourette et J. Pichon, Essai de grammaire française. Des mots à la pensée (D’Artrey, 1927-1950 ; 7 vol.). / P. Fouché, Morphologie historique du français, le verbe (Les Belles Lettres, 1931 ; nouv. éd., Klincksieck, 1967) ; Traité de prononciation française (Klincksieck, 1956). / F. Brunot et C. Bruneau, Précis de grammaire historique de la langue française (Masson, 1933 ; nouv. éd., 1964). / M. Cohen, Histoire d’une langue : le français (Éd. Hier et aujourd’hui, 1947 ; nouv. éd., Éd. sociales, 1968). / A. François, Histoire de la langue française cultivée des origines à nos jours (Droz, Genève, 1959). / J. Dubois et R. Lagane, Dictionnaire de la langue française classique (Belin, 1960 ; nouv. éd., Larousse, 1971). / H. Mitterand, les Mots français (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1963 ; 4e éd., 1972). / E. et J. Bourciez, Phonétique française, étude historique (Klincksieck, 1967). / L. Kukenheim, Grammaire historique de la langue française (Leyde, 1967 ; 2 vol.). / J.-C. Chevalier, Histoire de la syntaxe. Naissance de la notion de complément dans la grammaire française, 1530-1750 (Droz, Genève, 1968). / J. Fox et R. Wood, A Concise History of the French Language (Oxford, 1968). / H. Ludtke, Geschichte des romanischen Wortschatzes (Fribourg, 1968 ; 2 vol.). / P. Richard, la Langue française au xvie siècle (Cambridge, 1968). / J. Chaurand, Histoire de la langue française (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1969 ; 2e éd., 1972). / A. J. Greimas, Dictionnaire de l’ancien français jusqu’au milieu du xive siècle (Larousse, 1969). / A. Lerond (sous la dir. de), Histoire de la langue, numéro spécial de Langue française (Larousse, 1971). / J.-P. Caput, la Langue française, histoire d’une institution (Larousse, 1972-75 ; 2 vol.). / M. de Certeau, D. Julia et J. Revel, Une politique de la langue. La Révolution française et les patois (Gallimard, 1975).

France

État de l’Europe occidentale ; 550 000 km2 ; 52 millions d’hab. (Français). Capit. Paris.


Le milieu

Le territoire français, de forme hexagonale, a une configuration à la fois assez massive, articulée et équilibrée (environ 1 000 km du Nord aux Pyrénées et de la Bretagne à l’Alsace). Tant par son climat que par sa structure, la France participe au monde de l’Europe du Nord-Ouest et au monde nord-méditerranéen. Du premier, elle a les montagnes anciennes et usées, les ensembles de plaines et de bas plateaux des bassins sédimentaires ; du second, les montagnes jeunes et vigoureuses. D’où une certaine diversité, enrichie par les paysages littoraux, où alternent falaises, plages, marais, voire deltas. S’y ajoute la diversité, sans excès, des ambiances climatiques, du fait d’une large ouverture aux influences océaniques (que le relief et la continentalité dégradent inégalement) et d’une emprise du domaine méditerranéen sur les régions méridionales.

En fait, l’espace français n’est pas un puzzle. L’arrangement des reliefs est le fait de solidarités étroites entre les montagnes et leurs avant-pays, entre les reliefs et les zones sédimentaires. Les aptitudes physiques d’une région ne se comprennent, souvent, qu’avec référence aux espaces qui les environnent. La disposition de l’hydrographie majeure s’explique par les rapports et les articulations des unités traversées.

Si, aujourd’hui, les données naturelles s’estompent devant la primauté de l’économie et de la technique, et si la géographie de la France n’est plus celle des multiples « pays » qui la composent, il demeure que la variété des conditions physiques fournit encore bien des explications au développement hétérogène des régions et que la situation du pays à l’extrémité du continent donne toute leur valeur aux isthmes que la nature y a inscrits.


Traits généraux et de répartition des ensembles physiques


L’architecture

Les fondations géologiques de la France sont issues d’une longue et épaisse sédimentation responsable des terrains de l’ère primaire, vieux de 250 à 450 millions d’années. Un plissement important (dit « hercynien ») les a fait surgir durant une période longue de 20 à 30 millions d’années ; mais la surrection fut combattue aussitôt, et les chaînes qui en résultèrent, rabotées parfois jusqu’à leurs racines, ne laissent plus voir maintenant que leur tréfonds de roches cristallines ou métamorphiques ; ce sont les massifs anciens (armoricain, vosgien, ardennais, central). Déjà à la fin de l’ère primaire, ceux-ci se trouvèrent réduits à des surfaces mollement ondulées (pénéplaines). Leur aplanissement s’est poursuivi jusqu’à la formation de lagunes et de cuvettes, où une nouvelle sédimentation les a fossilisés, ou jusqu’à ce que de nouvelles déformations et d’autres phases d’érosion les défigurent ou les retouchent.

Durant l’ère secondaire, qui débuta il y a quelque 190 millions d’années (et s’étendit sur 130), la sédimentation domina. Les mers submergèrent alors une bonne partie des massifs anciens ; très profondes au sud et au sud-est du territoire français actuel, elles accumulèrent dans des géosynclinaux les matériaux qui constitueront les Alpes et les Pyrénées. Ailleurs, elles emplirent des cuvettes plus stables et moins profondes, les bassins sédimentaires, où se déposèrent des couches assez régulières de terrains souvent à faciès alternant : marnes ou argiles et calcaires. Cependant, la submersion ne fut ni totale ni exempte d’interruptions dans le temps et dans l’espace ; épisodiquement, certaines parties des anciennes chaînes ont subi de nouvelles, mais modestes déformations.