Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

Fourier (Charles) (suite)

 H. Bourgin, Fourier (Société nouvelle de librairie, 1905). / F. Armand et R. Maublanc, Fourier (Éd. sociales internationales, 1937 ; 2 vol.). / F. Armand, les Fouriéristes et les luttes révolutionnaires de 1848 à 1851 (P. U. F., 1948) ; Fourier, textes choisis (Éd. sociales, 1953). / E. Lehouck, Fourier aujourd’hui (Denoël, 1966). / R. Schérer, Charles Fourier (Seghers, 1970). / P. Bruckner, Fourier (Éd. du Seuil, coll. « Microcosme », 1975). / Actualité de Fourier (Anthropos, 1975).

Fourmis

Insectes vivant en société dans une habitation commune, la fourmilière, où coopèrent les individus neutres (ouvrières) et les individus reproducteurs (reines).


Les Fourmis appartiennent à l’ordre des Hyménoptères* et constituent la super-famille des Formicoïdes, rassemblant 6 500 espèces actuellement décrites. Beaucoup d’entre elles révèlent une biologie étonnante, témoin d’un psychisme élevé. Non moins extraordinaires et variées sont les relations que plusieurs entretiennent mutuellement entre elles (parasitisme, esclavagisme) ou avec d’autres Insectes (commensalisme, symbiose). Les Fourmis sont répandues partout, surtout dans les régions tropicales et équatoriales, où vivent les trois quarts des espèces ; on compte une centaine d’espèces en France et guère plus de 200 en Europe ; les zones froides du globe sont relativement peu colonisées par ces Insectes. Souvent transportées par l’Homme et capables de se satisfaire de conditions variées, certaines Fourmis sont devenues cosmopolites, telles la Fourmi d’Argentine (Iridomyrmex humilis), la Fourmi des pharaons (Monomorium pharaonis).


Les habitants de la fourmilière : adultes (ouvrières et sexués), couvain

Le nombre d’individus constituant une société varie d’une façon considérable d’une espèce à l’autre. Si certaines colonies ne groupent que quelques dizaines ou quelques centaines d’Insectes, d’autres en rassemblent des centaines de milliers, voire des millions. Ainsi, une colonie de Ponera coarctata, qui s’établit dans le sol de nos régions, peut n’avoir qu’une vingtaine d’individus ; dans les forêts de Conifères, les dômes édifiés par Formica rufa peuvent en recouvrir 300 000.


Les ouvrières

La très grande majorité de la population active de la société est constituée par des femelles aptères généralement stériles et couramment qualifiées d’ouvrières. Ce sont elles qui assurent les divers travaux : construction, soins aux jeunes, collecte de nourriture. Leur taille est généralement modeste et, en Europe, n’excède pas 15 mm ; cette petitesse rend malaisée pour le profane la distinction des espèces par des critères morphologiques, d’autant plus que les teintes restent dans une gamme limitée : rougeâtre, brun, jaunâtre ou noir selon les cas.

La tête porte deux antennes coudées formées d’une douzaine d’articles, le premier, ou scape, étant aussi long que l’ensemble des autres ; ce sont des organes tactiles et, plus encore, olfactifs, capables de réagir aux nombreux messages odorants, qui jouent un rôle essentiel dans la vie de la société et dont nous ne connaissons pas encore toute la richesse. Les yeux, composés, n’occupent qu’une petite partie de la surface céphalique et ne possèdent guère plus de quelques centaines d’ommatidies, nettement moins que chez d’autres Hyménoptères, comme les Abeilles et les Guêpes ; chez les Dorylidés, les yeux manquent totalement. Les pièces buccales sont du type broyeur-lécheur ; les mandibules, toujours fortes, sont munies de denticules ou de tubercules, tandis que le labium porte une langue courte, pouvant laper les aliments liquides. Chez les neutres, le thorax, dépourvu d’ailes, est relativement étroit ; il porte trois paires de pattes, longues et fines ; à leur extrémité distale, les tibias des pattes antérieures sont munis d’une petite brosse destinée au nettoyage des antennes. L’abdomen se compose de deux parties : la première, ou pétiole, très mince et formée d’un ou de deux segments, relie le thorax à la seconde, ou gastre, qui montre généralement quatre anneaux ; l’abdomen est ainsi rendu très mobile, pouvant se relever au-dessus du thorax ou s’incurver entre les pattes. Si toutes les Fourmis possèdent des glandes venimeuses sécrétant de l’acide formique, seules les plus primitives (Ponéridés, Dorylidés, Myrmicidés) sont dotées d’un aiguillon ; les autres projettent leur venin à quelque distance en repliant l’abdomen vers l’avant ou le déposent sur les plaies provoquées par les mandibules sur la victime.

Dans la même espèce, il s’en faut de beaucoup que tous les neutres soient exactement semblables. Deux cas peuvent se présenter : ou bien il y a deux types de neutres nettement séparés (on parle alors d’ouvrières et de soldats) ou bien on rencontre des intermédiaires entre les types extrêmes, que l’on désigne sous les noms d’ouvrières minor et major. Ces formes se distinguent en effet d’abord par une différence de taille parfois considérable, une « major » transportant sans peine plusieurs « minor » ; de plus, les grands individus ont souvent une grosse tête et des mandibules très développées ; ils ne sont pas forcément spécialisés dans la défense de la colonie — et c’est pourquoi le terme de soldat reste discutable —, mais dans la trituration des graines dures, comme c’est le cas chez les Fourmis moissonneuses.


Les sexués

Dans la fourmilière, la reproduction est assurée par les sexués, seuls individus munis d’ailes, au moins pendant une partie de leur existence. Les femelles, ou reines, vivent constamment à l’intérieur du nid, sauf au moment de l’essaimage. Leur longévité dépasse plusieurs années : on l’estime à quinze ans chez Formica fusca, alors que les ouvrières ne vivent pas plus de quelques mois. Morphologiquement, la reine se distingue des ouvrières par sa taille supérieure, par son thorax plus large et par son gastre plus volumineux. Dans la famille exotique des Dorylidés, qui renferme les célèbres Fourmis légionnaires, la femelle porte un abdomen énorme, qui n’est pas sans rappeler celui d’une reine de Termites. Un grand nombre d’espèces sont monogynes, c’est-à-dire que chaque société ne comporte qu’une seule reine, mais, dans certains cas, surtout lorsque la population est abondante, plusieurs femelles peuvent cohabiter ; ainsi, après le vol nuptial, des femelles fécondées de Formica polyctena peuvent être adoptées par une société de même espèce et contribuer à sa prolifération ; on a pu dénombrer jusqu’à 5 000 reines dans un nid géant, alors que l’espèce voisine Formica rufa ne montre généralement qu’une reine par société.