Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
A

Alpes (suite)

Finalement, c’est le tourisme qui présente les chances d’avenir les plus grandes, et il est à prévoir que, de plus en plus, il deviendra soumis non seulement à l’impulsion des divers États, mais aussi aux spéculations des capitaux nationaux et internationaux. D’ores et déjà, les montagnards n’ont plus le principal rôle dans l’exploitation des Alpes, et la situation ne peut que s’amplifier. La population a été fixée, quand elle n’a pas augmenté, soutenue d’ailleurs par une immigration plus ou moins saisonnière. Mais, surtout, le tourisme a puissamment incorporé les Alpes aux courants économiques généraux ; les capitaux affluent vers l’équipement de la montagne, parce qu’il se révèle particulièrement rentable ; un effort habile de publicité appelle les touristes étrangers et leurs devises, ce qui entraîne une concurrence constante dans l’hôtellerie, les diverses écoles d’enseignement du ski, l’état des routes, la densité des remontées mécaniques. Les États ne restent pas insensibles à cette part du revenu national que le tourisme représente, surtout les pays de peu de ressources naturelles, comme la Suisse et l’Autriche. Enfin, le tourisme a vivifié nombre de villes alpines.

J. M.

➙ Allemagne (République fédérale d’) / Alpes françaises / Autriche / Géosynclinal / Italie / Orogenèse / Suisse / Tectonique / Yougoslavie.

 R. Blanchard, les Alpes occidentales (Arthaud, 1938-1957 ; 13 vol.). / A. Tollmann, Ostalpensynthese (Vienne, 1962). / P. Gabert et P. Guichonnet, les Alpes et les États alpins (P. U. F., coll. « Magellan », 1966). / P. et G. Veyret, Au cœur de l’Europe : les Alpes (Flammarion, 1968). / P. Veyret, les Alpes (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1972).


Les villes des Alpes

Un grand nombre de petites et de moyennes villes parsèment les Alpes. Cette abondance s’explique par le cloisonnement du relief, qui, en limitant la portée des échanges, imposait une densité exceptionnelle de centres locaux. La plupart des villes sont fort anciennes, beaucoup d’origine romaine.

Leur situation est imposée par le relief. On peut distinguer ainsi plusieurs types d’installations urbaines. D’abord au contact de l’avant-pays : Thoune, Interlaken, Lucerne en Suisse ; Garmisch-Partenkirchen en Bavière ; les villes du Vorarlberg rhénan et Salzbourg en Autriche ; Cuneo, Saluces, Pignerol, Rivoli, etc., en Italie ; Aix-les-Bains, Grenoble en France. Beaucoup sont des villes de lac (Stresa, Varèse, Annecy).

Les villes intérieures sont soit de bassin alluvial (Albertville, Gap, Martigny, Sion, Coire, Landeck, Klagenfurt, Bolzano), soit des villes de cluses, propices autrefois à la défense, surtout si un site de pont ou de verrou s’y ajoute (Grenoble, Suse), soit encore des villes au croisement de vallées (Albertville, Sisteron, Innsbruck, Grenoble surtout). Enfin viennent les villes d’altitude, souvent récentes et animées par le tourisme (Chamonix, Davos, Kitzbühel, Cortina d’Ampezzo).

Les activités de ces villes ont été longtemps celles de marchés. Cette fonction demeure, bien que les petites villes soient concurrencées aujourd’hui par les grandes, rendues plus proches par la facilité des transports. C’est pourquoi les plus actives sont celles que l’industrie et le tourisme ont revivifiées.

Les villes industrielles sont plus nombreuses en Autriche, en France, en Italie qu’en Suisse. Ce sont par exemple Eisenerz, la ville du minerai de fer, en Autriche, Cluses, Ugine en France, Aoste en Italie. Par leur nature, les villes touristiques sont plus propres, plus belles : Interlaken, Chamonix, Megève, etc.

Quelques grandes villes se sont implantées dans les Alpes. Cinq dépassent ou approchent 100 000 habitants : Grenoble, Salzbourg, Bergame, Bolzano, Innsbruck. Toutes se trouvent dans des positions excellentes de communications, toutes présentent des fonctions multiples : villes-étapes du tourisme, capitales régionales, villes industrielles. Leur croissance est régulière à cause de ces activités, mais surtout parce qu’elles appellent l’industrie.

J. M.

Alpes (Hautes-). 05

Départ. de la Région Provence - Côte-d’Azur ; 5 520 km2 ; 97 358 hab. Ch.-l. Gap. S.-préf. Briançon.


Les altitudes, comprises entre 500 et 4 000 m, en font un département montagnard aux paysages contrastés : les vallées étroites montrent la dissymétrie classique entre l’adret détritique, maigrement cultivé, et l’ubac boisé ou couvert de pâturages. Des pluies assez faibles, un fort ensoleillement rappellent les influences méditerranéennes : paysage végétal dépouillé et dégradé par l’homme, mais cédant insensiblement la place aux forêts de pins, de sapins et de mélèzes. La complexité de la structure (nappes de charriage de l’Embrunais et du Queyras), la présence du massif cristallin du Pelvoux et de chaînes calcaires ravinées par l’érosion torrentielle, la variété lithologique permettent de distinguer quatre secteurs.

Le Champsaur, haute vallée du Drac, présente entre 900 et 1 500 m deux types de paysages ; à l’aval, l’évidement de la vallée permet les cultures (pommes de terre) et l’élevage bovin ; à l’amont, les sites sont plus sauvages et plus déboisés, l’aspect montagnard s’affirme. Le Dévoluy ferme l’horizon à l’ouest ; cette dalle de calcaire épais et percé de gouffres n’offre qu’un paysage désolé, sans arbres (les trois quarts du sol sont recouverts par une maigre lande) ; l’accès en est resté longtemps difficile. Le Valgodemar permet une ouverture vers l’est, mais cette auge glaciaire, limitée par des versants abrupts et rocailleux, est restée longtemps inhospitalière avant de se tourner vers le tourisme estival, qui bénéficie d’étés frais dans un cadre reposant. Le Queyras, bassin du Guil, est encore plus isolé entre de hautes barrières montagneuses, et Saint-Véran revendique le titre de plus haute commune d’Europe (2 000 m).

Trois microrégions s’organisent en fonction de petites villes qui gravitent dans l’orbite de Grenoble : l’Embrunais, le Briançonnais et le Gapençais. Embrun n’est plus qu’une ancienne métropole ecclésiastique déchue, dont le « roc » avait fixé une place forte sur le passage durancien ; c’est désormais un centre secondaire dans la zone d’influence de Gap, et il n’atteint pas 5 000 habitants. Briançon se situe au centre d’une région qui a connu un trafic intense, transformé au xixe s. par le déclin de la vie pastorale et l’exode rural. Cette ancienne place militaire, sur son verrou fortifié par Vauban, jouit d’un climat sain qui a favorisé la multiplication des maisons de repos et des sanatoriums, ainsi que l’implantation d’un lycée d’altitude. Dépassant de peu 11 000 habitants, Briançon reste un carrefour commercial sur les routes d’Italie et du Dauphiné, de Savoie et de Provence. Gap approche les 30 000 habitants ; c’est le seul centre régional important au cœur de l’arrondissement ayant la population la plus dense. Autour de la ville s’organise une constellation de centres sous-régionaux : Saint-Bonnet, Embrun, Laragne-Montéglin et Veynes. Centre commercial animé au carrefour de la route Napoléon et de la R. N. 94 allant de Valence à Briançon, Gap compte quelques industries, dont l’usine de la société Nestlé, qui recueille le lait du Briançonnais et du Queyras.

Les Hautes-Alpes ont enregistré un gain récent de population (plus de 5 000 personnes entre 1968 et 1975). Le solde migratoire positif (+ 0,2 p. 100 par an depuis 1962) contribue aujourd’hui à l’augmentation d’une population dont l’accroissement naturel est désormais faible (0,6 p. 100 par an). Le département reste le moins peuplé de la Région Provence - Côte-d’Azur.