Alpes (suite)
Finalement, c’est le tourisme qui présente les chances d’avenir les plus grandes, et il est à prévoir que, de plus en plus, il deviendra soumis non seulement à l’impulsion des divers États, mais aussi aux spéculations des capitaux nationaux et internationaux. D’ores et déjà, les montagnards n’ont plus le principal rôle dans l’exploitation des Alpes, et la situation ne peut que s’amplifier. La population a été fixée, quand elle n’a pas augmenté, soutenue d’ailleurs par une immigration plus ou moins saisonnière. Mais, surtout, le tourisme a puissamment incorporé les Alpes aux courants économiques généraux ; les capitaux affluent vers l’équipement de la montagne, parce qu’il se révèle particulièrement rentable ; un effort habile de publicité appelle les touristes étrangers et leurs devises, ce qui entraîne une concurrence constante dans l’hôtellerie, les diverses écoles d’enseignement du ski, l’état des routes, la densité des remontées mécaniques. Les États ne restent pas insensibles à cette part du revenu national que le tourisme représente, surtout les pays de peu de ressources naturelles, comme la Suisse et l’Autriche. Enfin, le tourisme a vivifié nombre de villes alpines.
J. M.
➙ Allemagne (République fédérale d’) / Alpes françaises / Autriche / Géosynclinal / Italie / Orogenèse / Suisse / Tectonique / Yougoslavie.
R. Blanchard, les Alpes occidentales (Arthaud, 1938-1957 ; 13 vol.). / A. Tollmann, Ostalpensynthese (Vienne, 1962). / P. Gabert et P. Guichonnet, les Alpes et les États alpins (P. U. F., coll. « Magellan », 1966). / P. et G. Veyret, Au cœur de l’Europe : les Alpes (Flammarion, 1968). / P. Veyret, les Alpes (P. U. F., coll. « Que sais-je ? », 1972).
Les villes des Alpes
Un grand nombre de petites et de moyennes villes parsèment les Alpes. Cette abondance s’explique par le cloisonnement du relief, qui, en limitant la portée des échanges, imposait une densité exceptionnelle de centres locaux. La plupart des villes sont fort anciennes, beaucoup d’origine romaine.
Leur situation est imposée par le relief. On peut distinguer ainsi plusieurs types d’installations urbaines. D’abord au contact de l’avant-pays : Thoune, Interlaken, Lucerne en Suisse ; Garmisch-Partenkirchen en Bavière ; les villes du Vorarlberg rhénan et Salzbourg en Autriche ; Cuneo, Saluces, Pignerol, Rivoli, etc., en Italie ; Aix-les-Bains, Grenoble en France. Beaucoup sont des villes de lac (Stresa, Varèse, Annecy).
Les villes intérieures sont soit de bassin alluvial (Albertville, Gap, Martigny, Sion, Coire, Landeck, Klagenfurt, Bolzano), soit des villes de cluses, propices autrefois à la défense, surtout si un site de pont ou de verrou s’y ajoute (Grenoble, Suse), soit encore des villes au croisement de vallées (Albertville, Sisteron, Innsbruck, Grenoble surtout). Enfin viennent les villes d’altitude, souvent récentes et animées par le tourisme (Chamonix, Davos, Kitzbühel, Cortina d’Ampezzo).
Les activités de ces villes ont été longtemps celles de marchés. Cette fonction demeure, bien que les petites villes soient concurrencées aujourd’hui par les grandes, rendues plus proches par la facilité des transports. C’est pourquoi les plus actives sont celles que l’industrie et le tourisme ont revivifiées.
Les villes industrielles sont plus nombreuses en Autriche, en France, en Italie qu’en Suisse. Ce sont par exemple Eisenerz, la ville du minerai de fer, en Autriche, Cluses, Ugine en France, Aoste en Italie. Par leur nature, les villes touristiques sont plus propres, plus belles : Interlaken, Chamonix, Megève, etc.
Quelques grandes villes se sont implantées dans les Alpes. Cinq dépassent ou approchent 100 000 habitants : Grenoble, Salzbourg, Bergame, Bolzano, Innsbruck. Toutes se trouvent dans des positions excellentes de communications, toutes présentent des fonctions multiples : villes-étapes du tourisme, capitales régionales, villes industrielles. Leur croissance est régulière à cause de ces activités, mais surtout parce qu’elles appellent l’industrie.
J. M.