Fontainebleau (suite)
De Louis XIII à nos jours
Après la mort d’Henri IV, la seule construction notable du xviie s. fut l’escalier dit « du fer à cheval », dont Jean Ier Androuet Du Cerceau (1585-1649) établit en 1634 la double rampe mouvementée devant le pavillon central de la cour du Cheval-Blanc. Il y eut en revanche d’importants travaux à l’intérieur. Sous le règne de Louis XIII, André Gobert (1635-1672) sculpta des portes de chêne pour le vestibule de la chapelle de la Trinité, et un lambris pour la chapelle basse de Saint-Saturnin. La chambre de la Reine fut surmontée d’une coupole en bois sculpté et doré.
Louis XIV ne négligea pas la vieille demeure, qui devint un séjour d’automne. S’il apporta mainte retouche aux appartements, son intervention se lit surtout dans les jardins, qu’il fit redessiner par Le Vau* et Le Nôtre* dans un style plus sobre et plus ample (grand parterre, pièce d’eau du Bréau).
Le règne de Louis XV amena des transformations importantes et parfois regrettables. C’est ainsi que fut démolie l’aile sud de la cour du Cheval-Blanc, avec la galerie d’Ulysse ; Gabriel* le père la rebâtit vers 1740, dans un style un peu monotone. Plus élégant, le « gros pavillon », de Gabriel* le fils, remplaça vers 1750 le pavillon des Poêles, à l’angle sud-ouest de la cour de la Fontaine. Dans les appartements, le style Louis XV a laissé quelques-uns de ses plus beaux témoignages : ainsi la salle du Conseil, avec ses panneaux peints par Jean-Baptiste Pierre (1713-1789), Carle Van Loo* et Alexis Peyrotte (1699-1769), ses plafonds de Boucher* et de Jean-Jacques Lagrenée (1740-1821) ; ou bien la chambre du roi (salle du Trône), enrichie de lambris sculptés par Jacob Verberckt (1704-1771).
Louis XVI fit doubler en 1786 la galerie François-Ier, du côté du nord, par un bâtiment où il voulait aménager une série de petites pièces. Il n’en eut pas le temps, et c’est l’appartement de Marie-Antoinette qui permet de goûter le style de l’époque dans tout son éclat. Il faut citer au moins le salon des Jeux, décoré à l’antique et meublé avec faste ; la chambre de la Reine, revêtue d’une soierie tissée d’après Philippe de La Salle (1723-1804) ; le délicieux boudoir aménagé par Richard Mique (1728-1794).
La Révolution avait laissé Fontainebleau à l’abandon. Napoléon entreprit de donner une vie nouvelle à la « maison des siècles », qui devint sa principale résidence en dehors de Paris. La cour du Cheval-Blanc fut convertie en cour d’entrée ; à cet effet, l’aile occidentale fut démolie et remplacée par une grille assez pauvre. L’aménagement intérieur, dont l’architecte Fontaine* eut la direction, donne une plus haute idée de l’œuvre impériale. On remeubla les grands appartements, les petits appartements du rez-de-chaussée et celui que vint habiter Pie VII de 1812 à 1814 dans l’aile occidentale de la cour de la Fontaine. Le lourd mobilier doré de la salle du Trône est le témoignage le plus officiel du style Empire.
Sous la monarchie de Juillet, les fresques de la Renaissance furent fâcheusement repeintes. Il y eut d’autres restaurations sous le second Empire, auquel on doit le charmant petit théâtre aménagé par Hector Lefuel (1810-1881) dans l’aile Louis XV de la cour du Cheval-Blanc. Récemment, le château a fait l’objet d’une restauration exemplaire ; c’est ainsi que les fresques de la Renaissance ont été débarrassées des repeints qui les dénaturaient.
La ville de Fontainebleau s’est formée à côté du château royal. Seuls y méritent mention les anciens hôtels des personnages de la cour. Il ne reste qu’un beau portail du plus considérable, celui que Serlio éleva au xvie s. pour le cardinal de Ferrare. L’« ermitage » de Mme de Pompadour est une gracieuse construction de Jacques Ange Gabriel.
B. de M.
L. Dimier, le Château de Fontainebleau (Calmann-Lévy, 1930 ; nouv. éd. revue par B. Lossky, Fontainebleau, 1967). / C. Terrasse, le Château de Fontainebleau (Laurens, 1946) ; Fontainebleau (Draeger-Verve, 1951). / S. Béguin, l’École de Fontainebleau (Gonthier et Seghers, 1961). / P. Lemoine, Fontainebleau (Sun, 1963). / R. Héron de Villefosse et B. Lossky, Fontainebleau (Hachette, 1967). / H. Zerner, l’École de Fontainebleau, gravures (Arts et métiers graphiques, 1969). / L’École de Fontainebleau, catalogue de l’exposition au Grand Palais, à Paris (Éd. des Musées nationaux, 1972). / L’Art de Fontainebleau (C. N. R. S., 1975).