Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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folklore (suite)

Les danses les plus primitives de la période paléolithique (animalières, curatives, astrales, funéraires, guerrières, magiques) et de la période néolithique (agraires, d’initiation sexuelle) se sont en partie transmises, et l’on retrouve une certaine filiation dans plusieurs grands thèmes folkloriques (danse des moissons, danse du feu, danse des saisons, etc.). Si les danses d’initiation restent les plus attachantes par la symbolique même qui les anime, on ne saurait, toutefois, reconnaître le même degré de raffinement dans l’exécution de ces danses.

Toutes les danses populaires de tous les pays se ramènent à un très petit nombre de types. Mais, depuis de nombreux siècles, les danses populaires subissent des destructions, des amputations, et bien des pratiques s’estompent dans le temps. Les guerres, le progrès, les nouveaux modes de vie étouffent les traditions et le sens folklorique de certaines cérémonies. Certaines survivances que l’on rencontre dans quelques régions préservées sont, sans aucun doute, menacées par l’intérêt commercial du tourisme. Et l’on pense à l’Espagne et à ses « bailes » spontanés, aux Indiens des réserves d’Amérique du Nord, aux « yodleurs » d’Autriche et de Suisse, aux danses des vahinés de Tahiti...

Quelques danses et instruments du folklore international

Danse

bourrée (Massif central) : danse de rythme binaire (Berry et Bourbonnais) ou ternaire (Limousin et Auvergne). Chaque reprise est précédée d’une ritournelle au cours de laquelle les danseurs échangent un « poutou » (baiser).

csardas (Hongrie) : danse à deux, considérée comme une danse nationale. D’abord dansée par la jeunesse paysanne réunie dans l’auberge du village, elle connut une certaine désaffection devant la montée des rythmes modernes.

fandango (Espagne et Pays basque) : danse de rythme vif, exécutée par couple, avec accompagnement de castagnettes.

farandole (Provence) : danse exécutée surtout dans la région d’Arles et d’Aix-en-Provence, et conduite avec galoubet et tambourin. Elle se déploie en figures « enroulées » et « déroulées », et se compose de pas sautés complexes.

gigue (Écosse, Irlande) : danse de rythme vif, caractérisée par des mouvements alternatifs des pointes et des talons.

hopak ou gopak (Ukraine) : danse d’hommes traditionnelle, très spectaculaire et ponctuée de nombreux sauts.

jabadao (Bretagne) : sorte de ronde, dansée avec un pas de gavotte et une figure de quadrille.

jarabe (Mexique) : danse dérivée du zapateado espagnol, et qui est devenue la danse nationale, après avoir été interdite pendant la guerre d’Indépendance.

jota (Espagne) : danse de rythme ternaire, avec accompagnement ininterrompu de castagnettes.

kalamatianos (Grèce) : assez voisine du syrtos, danse de l’Antiquité. Danse nationale grecque, que pratiquent fréquemment les Evzones.

pericón (Argentine) : danse nationale.

sardane (Catalogne française et espagnole) : danse très populaire et encore pratiquée dans les rues et sur les places publiques ; elle semblerait être née dans la région de l’Ampurdán dès l’époque de l’invasion grecque.

square dance : danse populaire des États-Unis, interprétée par quatre couples disposés en carré.

tarentelle (Italie) : danse gaie et bruyante, dansée en Campanie, Lucanie, Calabre, Pouilles, Sicile et Sardaigne. De caractère national.

Instruments

baïan (Russie) : accordéon chromatique à boutons.

balalaïka (Russie) : sorte de luth de forme triangulaire, à trois cordes.

bandoura (Ukraine) : sorte de cithare.

cabrette (Auvergne) : cornemuse à soufflet confectionnée en peau de chèvre.

castañuela (Espagne) : castagnettes du folklore fixées au majeur

cornemuse : instrument à réservoir d’air, répandu en Europe (bagpipe écossais, encore utilisé actuellement ; ancien biniou breton).

crotales (Espagne) : espèces de petites cymbales accrochées au pouce et au majeur.

czimbalum ou cymbalum (Hongrie) : sorte de xylophone à cordes frappées.

domra (Russie) : instrument à cordes pincées associé aux balalaïkas dans les ensembles folkloriques.

dulzaina (Navarre) : hautbois rustique.

flûte de Pan ou syrinx (Hongrie, Roumanie, Grèce) : flûte à tuyaux juxtaposés.

galoubet (Provence) : sorte de flûte droite, dont le tambourinaire joue en la tenant de la main gauche, tandis qu’il bat sa caisse de la main droite avec une seule baguette.

kaval ou caval (Bulgarie) : flûte oblique à chanfrein.

pandereta (Espagne) : petit tambourin avec grelots.

pandero (Espagne) : grand tambourin.

tambura (Bulgarie) : sorte de luth.

tchougour (Kirghizistan) : sorte de guitare à deux cordes.

txistu (Pays basque) : flûte traditionnelle à trois trous.


Folklore spectaculaire et ensembles folkloriques

La reconstitution des danses populaires pour les porter à la scène, si elle est œuvre d’historien, d’archéologue même, est aussi œuvre d’homme de théâtre, qui sait parfaitement que l’adaptation doit être faite de telle sorte que le spectateur assiste à une fête quelle qu’elle soit, « comme si » il était lui-même au cœur de la fête, au sein d’une communauté qui vit cette fête. C’est cette distinction qui fait la valeur des groupes folkloriques.

Il s’ensuit que le choix des costumes ne relève pas de la stylisation, mais de l’authenticité, que la musique utilise des instruments originaux et que les chorégraphies — même si elles sont parfois des adaptations — font appel aux mêmes motivations et à la même dynamique que leurs modèles.

Les ensembles folkloriques sont relativement nombreux, et l’on ne saurait les citer tous. La plupart des pays de civilisation ancienne disposent d’un ou même de plusieurs groupes folkloriques. La richesse du folklore russe a doté toutes les républiques socialistes soviétiques d’ensembles officiels. Les républiques d’Europe centrale sont également pourvues de troupes d’État. Le Ballet national grec se réclame des survivances de la danse antique, et la tradition — modelée par l’influence byzantine — ne s’est pas laissée attaquer par l’Occident. L’Amérique latine a à son origine les civilisations aztèque et maya, puis la conquête espagnole et portugaise (Pérou, Argentine, Mexique, Brésil). Le Canada peut se trouver, lui aussi, un folklore propre (troupe des « Feux-Follets »), issu d’un fonds mi-européen, mi-indien. La France, qui, par son histoire et la diversité de ses provinces, pourrait offrir un ensemble cohérent de danses populaires, n’a pas encore mis sur pied sa troupe nationale. L’Espagne a une place à part, chaque troupe espagnole ayant à son répertoire un fonds de danses traditionnelles ou même de flamenco*. L’Asie aussi — hors sa danse sacrée de tradition millénaire — a ses danses populaires. L’Inde, la Corée, le Cambodge, Bali, Java, le Japon ont des ensembles qui se produisent dans le monde entier.

H. H.