Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

Foix

Ch.-l. du départ. de l’Ariège, sur l’Ariège, à sa sortie des Pyrénées ; 10 235 hab. (Fuxéens).


Foix s’est développé autour de l’abbaye de Saint-Volusien, qui gardait les restes d’un évêque martyr. Les abbés, vassaux du comte de Carcassonne, furent ses premiers seigneurs. Au début du xie s., Bernard-Roger, comte de Carcassonne, bâtit un château au sommet du rocher qui domine de 58 m le confluent de l’Ariège et de l’Arget. En 1036, son fils Roger prend le titre de comte de Foix.

Un siècle plus tard, Roger-Bernard Ier agrandit le château et construit sur l’Ariège le pont à deux arches inégales toujours en service. Le comte Raimond-Roger participe à la troisième croisade à côté de Philippe Auguste, puis il épouse Philippa d’Aragon et se bat en 1213 à Muret contre Simon de Montfort. Sa fille, Esclarmonde de Foix, adhère au catharisme, fonde une maison de Parfaites et reçoit le consolamentum de l’évêque hérétique Guillabert de Castres. Aussi tout le comté endure-t-il la croisade contre les albigeois.

En 1229, Roger-Raimond II reconnaît la suzeraineté du roi de France. Roger-Bernard III tente de s’y soustraire, mais se soumet en 1272 à Philippe le Hardi, qui assiège sa ville. À partir de 1278, les vallées d’Andorre sont placées sous la suzeraineté indivise de l’évêque d’Urgel et du comte de Foix, et c’est en vertu du pariage conclu alors que le président de la République française, héritier des droits du comte de Foix, est coprince d’Andorre.

Un mariage unit en 1290 la maison de Foix à celle de Béarn, et Gaston III, dit Phébus (1331-1391), se fixe à Orthez. Dès lors, l’histoire du comté de Foix se confond avec celle du Béarn*. À la Révolution, la plus grande partie de son territoire forme le département de l’Ariège. Foix en est le chef-lieu, et Pamiers, siège de l’évêché, la ville la plus active.

Les trois tours du château des comtes, des xiie et xive s., dominent l’agglomération. Le donjon, haut de 42 m, abrite le musée départemental dans ses salles voûtées d’ogives.

Foix est situé à l’entrée de la haute vallée de l’Ariège, sur le grand axe de communication de Paris et Toulouse à Bourg-Madame par Ax-les-Thermes et le col de Puymorens, à proximité de l’Andorre et des hauts sommets des Pyrénées ariégeoises (Montcalm et Montvallier), au centre d’une région pittoresque et riche en grottes préhistoriques, en églises romanes et en châteaux, dont la fameuse forteresse cathare de Montségur.

J. P.

➙ Ariège / Béarn.

Fokine (Michel)

Danseur, chorégraphe et pédagogue russe (Saint-Pétersbourg 1880 - New York 1942).


Admis à l’école de ballet du théâtre Mariinski de Saint-Pétersbourg, où il est l’élève de Platon Karsavine, de Pavel Gerdt et de Nikolaï Legat, Fokine est nommé premier danseur en 1898 sans le passage traditionnel dans le corps de ballet et fait ses débuts la même année dans Paquita (de Joseph Mazilier). Brillant interprète, il est également un artiste cultivé, sensible aux arts plastiques et à la musique. Malgré des succès prometteurs, il se tourne vers la composition chorégraphique et suit les cours de Christian Johansson (1817-1903). Professeur à l’école impériale dès 1902, il fait déjà preuve d’une grande originalité. Un concours de circonstances lui permet de révéler sa personnalité : la venue en Russie des Ballets siamois et le passage d’Isadora Duncan (1905) ont été les catalyseurs d’une modification que Fokine pressentait depuis un certain temps déjà. La direction des Théâtres impériaux semble ignorer l’importance de l’apport de Fokine, tandis que le souvenir de Marius Petipa* est toujours vivace.

Les idées qu’avancent et défendent les auteurs de la revue Mir iskousstva (le Monde de l’art), fondée par S. de Diaghilev en 1898, sont en accord avec celles de Fokine. Sa rencontre avec Diaghilev est déterminante et pour lui et pour les Ballets russes, dont, pendant plusieurs années, les existences se confondent (1909-1913). C’est le succès. Fokine s’impose comme un grand chorégraphe et produit toute une suite de chefs-d’œuvre, dont certains sont encore au répertoire de nombreuses compagnies.

Marié en 1905 à Vera Antonova (1886-1958), il trouve en elle une de ses meilleures disciples. Premier partenaire de la Pavlova* en Russie, il créera pour elle et pour Tamara Karsavina la plupart de ses ballets.

Sur le plan artistique, par son inspiration et ses conceptions, il se montre rapidement un chorégraphe différent de ses maîtres et de ses prédécesseurs. Ses théories et ses réformes lui font jouer au début du xxe s. un rôle analogue à celui de Noverre* au xviiie s. Il s’insurge contre toute la virtuosité gratuite, les schémas « passe-partout », le non-sens des pas de deux incorporés sans lien dans un ballet et le manque de cohésion entre la danse et la musique. C’est dans une lettre au Times (6 juill. 1914) qu’il énonce les principes fondamentaux de sa théorie (originalité de style et autonomie de chaque œuvre, expressivité totale dans la danse et la mimique, qui doit dépasser les conventions traditionnelles, cohérence entre l’action des groupes et celle des solistes, fusion de tous les arts qui concourent à la création d’un ballet, recherche de l’unité de l’œuvre). Libérant la composition chorégraphique d’une longue routine, refusant le carcan d’un académisme figé dans ses limites, Fokine n’a jamais rejeté le fondement même de la danse d’école.

Après une première période de créations remarquables, Fokine se sépare de Diaghilev (1913), revient pour une saison aux Ballets russes (1914), rentre en Russie (jusqu’en 1918) et travaille ensuite en Europe, puis aux États-Unis où il se fixe, avec différentes compagnies. À ce moment, il connaît une éclipse qui présage mal de la fin de sa carrière. Il donne pourtant pour sa propre compagnie, le Fokine Ballet, les Elfes (1924), qui obtiennent un certain succès. Ce n’est, cependant, qu’en collaborant avec les Ballets russes du colonel W. de Basil (1937), puis avec le Ballet Theatre (1941) qu’il retrouve son inspiration d’antan.

Fokine tombe malade au cours d’un séjour à Mexico, où il remonte Petrouchka et prépare Helen of Troy pour le Ballet Theatre. Dix jours après son retour à New York, il meurt, laissant sa dernière œuvre inachevée.

En 1961 a été publié son ouvrage Memoirs of a Ballet Master.

H. H.

➙ Ballets russes.