Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
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Finlande (suite)

Cet essor profite aux classes moyennes et explique sans doute les succès des conservateurs et le mouvement russophobe et anticommuniste, dit « mouvement de Lapua » (1929). Celui-ci, nationaliste et antibolchevique, mène une intense propagande. En 1930, des milliers de paysans marchent sur Helsinki, et les élections portent au pouvoir une majorité conservatrice. L’ancien chef des conservateurs en 1918. Svinhufvud, est élu président de la République (1931) ; la loi Kallio résout la question agraire en permettant aux petits tenanciers de racheter leurs terres.

Après l’agitation entretenue par le parti national patriotique, de tendances fascistes, le calme revient, et c’est un progressiste, Toivo M. Kivimäki, qui gouverne. À la différence des autres pays baltes, la Finlande ne s’est pas orientée vers un régime autoritaire.

L’année 1939 voit de nouveau la nation engagée dans une guerre contre la Russie. Pour améliorer la protection de Leningrad, qui se trouve à 25 km de la frontière finlandaise, l’U. R. S. S., après la mainmise sur les États baltes, entend contrôler cette partie du territoire. Juho Kusti Paasikivi négocie avec Staline, qui se montre très exigeant, au point que la Finlande ne peut accepter toutes ses conditions. Aussi, le 30 novembre 1939, les troupes soviétiques, sans déclaration de guerre, franchissent la frontière. Malgré l’inégalité des forces, les troupes finlandaises, commandées par le vieux maréchal Mannerheim, résistent à toutes les attaques et même repoussent les Russes sur le lac Ladoga.

Mais, faute de l’appui réel des Occidentaux, la résistance ne peut se prolonger indéfiniment, et, le 12 mars 1940, la Finlande signe à Moscou un traité de paix qui lui enlève la Carélie et une partie de la Laponie. La Finlande perd 11 p. 100 de ses ressources agricoles et industrielles, et doit reloger 500 000 Caréliens.

Hitler, profitant du ressentiment finlandais contre les Russes, entraîne la Finlande du président Risto Heikki Ryti dans l’orbite de l’Allemagne, qui assure le ravitaillement alimentaire du pays, mais dont l’industrie de guerre a besoin des nickels finlandais de Petsamo ; le 25 juin 1941, la Finlande vote l’état de guerre et participe bientôt à l’invasion de la Russie et au siège de Stalingrad. Cependant, le gouvernement et le maréchal Mannerheim entendent faire admettre que leur guerre contre la Russie est distincte de celle du Reich.

Lors de la grande offensive de l’armée rouge en juin 1944, vingt-neuf divisions russes sont engagées dans l’isthme de Carélie. Toute résistance est vouée à l’échec ; le 1er août, le président Ryti donne sa démission, et le maréchal Mannerheim est élu président de la République ; le 2 septembre, ce dernier se plie aux exigences soviétiques. L’armistice est signée à Moscou le 19 septembre 1944. La Finlande perd de nouveau la Carélie et le district minier de Petsamo ; elle cède le port de Porkkala, sur la Baltique, pour cinquante ans et s’engage à payer une forte indemnité de guerre. En outre, elle doit aider les Russes à chasser les troupes allemandes de son territoire. La paix avec les Alliés est signée à Paris en 1947.


Depuis 1947

Après la guerre, la Finlande se relève rapidement, et se montre prudente avec sa puissante voisine. En 1950, elle signe avec l’U. R. S. S. un accord commercial ; en 1952, elle a payé toutes ses dettes de guerre. Ses bons rapports avec la Russie lui valent dès 1955 la restitution de Porkkala ; elle entre à l’O. N. U. (déc. 1955), au Conseil nordique (1956), et, comme associée, dans la zone européenne de libre-échange (A. E. L. E.) en 1961.

En 1960, la visite à Helsinki de Khrouchtchev témoigne de l’importance des rapports soviéto-finlandais.

Trois personnages dominent la vie politique depuis 1945 comme présidents de la République : le maréchal Mannerheim jusqu’en 1946, J. K. Paasikivi jusqu’en 1956, puis Urho Kaleva Kekkonen ; aux yeux des Finlandais, ce dernier, dont le mandat, le 18 janvier 1973, a été exceptionnellement prorogé de quatre ans, incarne la prospérité et une politique d’entente avec les voisins de la Finlande, particulièrement l’U. R. S. S. Cependant, une certaine instabilité ministérielle est liée aux problèmes sociaux provoqués par l’industrialisation d’un pays traditionnellement agricole. À partir de 1958, la parti agrarien recule au profit des sociaux-démocrates et des communistes. Après les élections de 1966, ces derniers participent pour la première fois au gouvernement. Les relations avec l’U. R. S. S. en sont encore améliorées, comme en témoignent la visite à Helsinki de Kossyguine (juin 1966), celle de Kekkonen en U. R. S. S. (juill. 1970) et le renouvellement du traité réciproque de sécurité de 1948 (1970). Cependant, la Finlande reste attachée à la Convention d’Helsinki (mars 1962), qui a scellé l’accord de coopération entre les cinq pays nordiques. Les gouvernements Mauno Koivisto (1968), Ahti Karjalainen (1970), Rafael Paasio (1972), Kalevi Sorsa (1972), Martti Miettunen (1975) sont restés fidèles à la même ligne politique.

P. R. et P. P.


La population

La Finlande fut peuplée plus tardivement que les autres États du Nord. Au ier s. vinrent s’installer dans le Sud des peuplades d’origine finno-ougrienne. Refoulant les Lapons, chasseurs de rennes, vers le nord, elles se heurtèrent vers l’ouest aux marins-pêcheurs scandinaves. La Suède imposa sa domination politique et économique, et unit les tribus finnoises, créant ainsi la nation finlandaise, amorçant la colonisation de la forêt et du Nord, tandis que les Suédois s’implantaient sur le littoral méridional, seule région vraiment peuplée au début du xvie s.

Au milieu du xviiie s., le front pionnier finlandais atteignait les bords du lac Inari. Les vrais Lapons, maintenant éleveurs de rennes, n’étaient plus que 1 312 en 1960, avec une diminution de 60 p. 100 par rapport à 1950, tandis que la population encore bilingue de souche suédoise, résidant actuellement dans l’archipel d’Ahvenanmaa et sur la bordure maritime sud-ouest de la Finlande, ne comptait plus en 1960 que 331 000 personnes, soit 7,4 p. 100 de la population finlandaise, contre 14,3 p. 100 en 1880 et 20 p. 100 à la fin du xviiie s. Le finnois, parlé par la grande majorité de la population, fait partie du groupe linguistique finno-ougrien. La population appartient pour 95 p. 100 à l’Église évangélique luthérienne.