Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

fièvre (suite)

Ces renseignements et l’étude de la courbe thermique vont permettre de préciser le type de fièvre. Il peut s’agir :
— d’une fièvre oscillante, avec alternance de pics et de chutes thermiques au cours de la journée ou entre matin et soir ;
— d’une fièvre en plateau : température plus ou moins élevée (38-40 °C) et variant faiblement ;
— d’une fièvre intermittente (type palustre [v. paludisme]), avec succession, à intervalles de quelques heures ou jours, d’accès thermiques séparés par des périodes d’apyrexie brève ;
— d’une fièvre récurrente, où les poussées fébriles durent plusieurs jours et sont séparées par des périodes d’apyrexie prolongée ;
— d’une fièvre ondulante, où le début et la fin des périodes fébriles sont progressifs.

Bien souvent, en fait, l’aspect de la courbe thermique ne reproduit pas ces schémas. Une simple fébricule peut s’observer. Quoi qu’il en soit, l’aspect de la courbe de température peut évoquer d’emblée certaines maladies. La démarche diagnostique doit alors se poursuivre pour confirmer et préciser les faits.

Les signes généraux (amaigrissement, sueurs, asthénie) ont une valeur indicative. Des frissons évoquent une septicémie ; une fébricule avec altération de l’état général fait envisager une tuberculose ou un cancer.

L’interrogatoire recherche des signes négligés ou oubliés par le malade. Il s’enquiert également des maladies antérieures, pulmonaires, cardiaques, génito-urinaires, la fièvre pouvant témoigner du réveil d’une maladie préexistante. Il tend à découvrir des faits inhabituels dans le mode de vie, l’alimentation.

L’examen recherche des signes méningés, apprécie l’état du foie, de la rate, des aires ganglionnaires. Les fosses lombaires sont palpées. On ausculte les poumons, le cœur. Les jambes sont examinées en vue de dépister une phlébite. La gorge, les oreilles sont inspectées, surtout chez l’enfant.

Au terme de l’examen, le diagnostic peut être parfois soupçonné. Des investigations complémentaires sont le plus souvent nécessaires pour le confirmer. Les plus importantes sont, au laboratoire :
— la numération, formule sanguine ;
— la vitesse de sédimentation des hématies ;
— la recherche d’un germe, par hémoculture, par culture des urines ou des selles ;
— la recherche d’anticorps sériques (sérodiagnostic).

On peut encore rechercher des virus (culture ou sérologie), des parasites (goutte épaisse du paludisme).

D’autres techniques, telle la radiographie des poumons, sont mises en œuvre précocement ; l’électrocardiogramme peut être très utile.

De très nombreux examens (endoscopie, biopsie, etc.) sont à la disposition du médecin. Mais l’enquête doit être progressive, raisonnée. Il importe d’éviter la prise de médicaments modifiant la symptomatologie.

Dans certains cas, le bilan ne retrouve aucune cause ; on peut évoquer la simulation (enfant), surtout si les examens sont normaux ; mais il peut s’agir d’une fièvre médicamenteuse ou surtout d’une fièvre symptomatique d’une maladie débutante. Cependant, certaines fièvres restent inexpliquées et régressent spontanément.

Enfin, la grande probabilité d’une affection, malgré l’absence de certitude, peut conduire à faire une « épreuve thérapeutique », dont le médecin est seul juge de l’indication.


Thérapeutique des états fébriles

L’abstention thérapeutique est fondamentale, nous l’avons vu, pour éviter de décapiter la maladie causale tant qu’un diagnostic précis n’est pas posé. Cependant, il faut savoir qu’une hyperthermie importante et prolongée est dangereuse ; chez l’enfant, pour éviter des convulsions hyperthermiques, le bain à 36 °C (quelques minutes) est utile. L’application de vessies de glace (tête, racine des membres) sur la peau talquée est efficace.

Seul le médecin pourra prescrire des médicaments antithermiques (quinine, aspirine) et surtout il entreprendra le traitement de la maladie en cause.

P. V.

figuration (nouvelle)

Ensemble de tendances avancées dans la peinture figurative contemporaine.


Parmi tous les termes utilisés couramment par la critique d’art, l’expression nouvelle figuration, si elle est d’un emploi commode, est sans doute l’une des plus difficiles à préciser. Elle désigne, en gros, le renouveau de la figuration qui s’est formé sur la décadence de l’art abstrait lyrique, arrivé au début des années 60 à l’extrême fin de l’informel (v. abstraction), et regroupe pêle-mêle le pop’art* anglo-américain et ses séquelles européennes, ainsi que les formes issues de l’expressionnisme*, du surréalisme* et du réalisme*. L’enflure du concept provient sans doute d’un malentendu de départ. On trouve en effet cette expression utilisée pour la première fois dans le titre d’une exposition organisée en novembre 1961 à Paris (galerie Mathias Fels) par le critique Jean-Louis Ferrier. Le sens restrictif qu’on voulut alors lui donner, puisque l’intitulé exact de cette manifestation était « Une nouvelle figuration », se trouvait confirmé par le choix des peintres présentés : Appel (v. Cobra), Bacon*, Corneille, Dubuffet*, Giacometti*, Jorn, Robert Lapoujade, Maryan, Matta*, Antonio Saura et Staël*. Le préfacier, constatant la raison de cette résurgence (« Il était inévitable que la conscience impose à nouveau ses structures aux végétations de toutes espèces et aux cours d’eau, aux foules, aux plissements géologiques et que resurgisse la figure humaine »), insistait par ailleurs sur les caractères formels communs à ces toiles, où « stridences de couleurs vives et affrontements de rythmes » tentaient de rompre avec les académismes, instituaient un « langage de formes-psychismes », privilégiaient la caricature, le transitoire, l’irrationnel. Il fallut bien remarquer, cependant, que, dans les références picturales choisies comme dans les caractères mis en valeur, c’était en fait une figuration déjà ancienne qui trouvait là son illustration. Elle possédait simplement la particularité d’avoir traversé la période abstraite lyrique, pourtant si propice aux exclusives, en jouissant d’une sorte de tolérance. Tous les peintres cités inaugurèrent en effet leur œuvre et la firent évoluer parallèlement aux différentes phases de l’abstraction.