fièvre (suite)
Ces renseignements et l’étude de la courbe thermique vont permettre de préciser le type de fièvre. Il peut s’agir :
— d’une fièvre oscillante, avec alternance de pics et de chutes thermiques au cours de la journée ou entre matin et soir ;
— d’une fièvre en plateau : température plus ou moins élevée (38-40 °C) et variant faiblement ;
— d’une fièvre intermittente (type palustre [v. paludisme]), avec succession, à intervalles de quelques heures ou jours, d’accès thermiques séparés par des périodes d’apyrexie brève ;
— d’une fièvre récurrente, où les poussées fébriles durent plusieurs jours et sont séparées par des périodes d’apyrexie prolongée ;
— d’une fièvre ondulante, où le début et la fin des périodes fébriles sont progressifs.
Bien souvent, en fait, l’aspect de la courbe thermique ne reproduit pas ces schémas. Une simple fébricule peut s’observer. Quoi qu’il en soit, l’aspect de la courbe de température peut évoquer d’emblée certaines maladies. La démarche diagnostique doit alors se poursuivre pour confirmer et préciser les faits.
Les signes généraux (amaigrissement, sueurs, asthénie) ont une valeur indicative. Des frissons évoquent une septicémie ; une fébricule avec altération de l’état général fait envisager une tuberculose ou un cancer.
L’interrogatoire recherche des signes négligés ou oubliés par le malade. Il s’enquiert également des maladies antérieures, pulmonaires, cardiaques, génito-urinaires, la fièvre pouvant témoigner du réveil d’une maladie préexistante. Il tend à découvrir des faits inhabituels dans le mode de vie, l’alimentation.
L’examen recherche des signes méningés, apprécie l’état du foie, de la rate, des aires ganglionnaires. Les fosses lombaires sont palpées. On ausculte les poumons, le cœur. Les jambes sont examinées en vue de dépister une phlébite. La gorge, les oreilles sont inspectées, surtout chez l’enfant.
Au terme de l’examen, le diagnostic peut être parfois soupçonné. Des investigations complémentaires sont le plus souvent nécessaires pour le confirmer. Les plus importantes sont, au laboratoire :
— la numération, formule sanguine ;
— la vitesse de sédimentation des hématies ;
— la recherche d’un germe, par hémoculture, par culture des urines ou des selles ;
— la recherche d’anticorps sériques (sérodiagnostic).
On peut encore rechercher des virus (culture ou sérologie), des parasites (goutte épaisse du paludisme).
D’autres techniques, telle la radiographie des poumons, sont mises en œuvre précocement ; l’électrocardiogramme peut être très utile.
De très nombreux examens (endoscopie, biopsie, etc.) sont à la disposition du médecin. Mais l’enquête doit être progressive, raisonnée. Il importe d’éviter la prise de médicaments modifiant la symptomatologie.
Dans certains cas, le bilan ne retrouve aucune cause ; on peut évoquer la simulation (enfant), surtout si les examens sont normaux ; mais il peut s’agir d’une fièvre médicamenteuse ou surtout d’une fièvre symptomatique d’une maladie débutante. Cependant, certaines fièvres restent inexpliquées et régressent spontanément.
Enfin, la grande probabilité d’une affection, malgré l’absence de certitude, peut conduire à faire une « épreuve thérapeutique », dont le médecin est seul juge de l’indication.
Thérapeutique des états fébriles
L’abstention thérapeutique est fondamentale, nous l’avons vu, pour éviter de décapiter la maladie causale tant qu’un diagnostic précis n’est pas posé. Cependant, il faut savoir qu’une hyperthermie importante et prolongée est dangereuse ; chez l’enfant, pour éviter des convulsions hyperthermiques, le bain à 36 °C (quelques minutes) est utile. L’application de vessies de glace (tête, racine des membres) sur la peau talquée est efficace.
Seul le médecin pourra prescrire des médicaments antithermiques (quinine, aspirine) et surtout il entreprendra le traitement de la maladie en cause.
P. V.