Grande Encyclopédie Larousse 1971-1976Éd. 1971-1976
F

fibrome (suite)

La symptomatologie des fibromes utérins est très variable. Tantôt ceux-ci sont absolument latents et constituent une découverte fortuite au cours d’un examen gynécologique. Tantôt ils se manifestent par des ménorragies (hémorragies au moment des règles), signe fonctionnel majeur des fibromes. Il s’agit soit d’une augmentation d’abondance des menstruations, soit d’une augmentation de leur durée ; des métrorragies (hémorragies en dehors des règles) peuvent s’y associer, mais un certain rythme persiste presque toujours. L’indolence est habituelle : toute douleur, spontanée ou provoquée, témoigne de l’existence de complications ou de lésions associées.

Le toucher vaginal, combiné au palper abdominal, met aisément le fibrome en évidence par la perception d’une tumeur irrégulière, d’une dureté caractéristique, solidaire de l’utérus. L’hystérométrie révèle un agrandissement de la cavité. L’hystérographie permet de préciser la forme et la disposition du ou des fibromes.

L’évolution des fibromes est variable. Certains peuvent atteindre un volume considérable sans provoquer d’hémorragies ni de douleurs ; certains disparaissent momentanément après la grossesse ou définitivement après la ménopause ; certains petits fibromes situés sous la muqueuse sont à l’origine d’hémorragies graves ; certains sont cause de compression de l’uretère, de la vessie ou du rectum ou encore de gêne à l’accouchement. La dégénérescence maligne (cancer) est exceptionnelle.

Le traitement médical est essentiellement hormonal, mais, en fait, il n’agit que sur les phénomènes hémorragiques et n’a pas d’action sur le fibrome lui-même.

Le traitement chirurgical peut soit retirer le ou les fibromes seulement (myomectomie), soit retirer l’utérus malade lui-même (hystérectomie).

Un très grand nombre de fibromes dont la taille est modérée, qui ne sont pas compliqués et dont la croissance est lente ne sont justiciables que d’une simple surveillance. Il faut opérer, au contraire, les fibromes dont les saignements répétés sont rebelles au traitement médical, ceux qui deviennent douloureux ou se compliquent, ceux dont le volume augmente.

Ph. C.

Fichte (Johann Gottlieb)

Philosophe allemand (Rammenau, Saxe, 1762 - Berlin 1814).


Élevé chez un pasteur de campagne, puis au collège de Schulpforta, il manifeste, par une fugue célèbre, un ardent amour de la liberté. La lecture des écrits de Lessing, défenseur de la liberté de pensée, a une grande influence sur son esprit. À dix-huit ans, Fichte étudie la théologie à l’université d’Iéna, mais sa réflexion personnelle le tourne vers la philosophie. N’ayant pu obtenir une place de pasteur dans son pays, il doit accepter une situation de précepteur, en Suisse d’abord, puis en Pologne. De cette époque date son étude enthousiaste de Kant. D’humeur inquiète et insoumise, Fichte ne peut se faire au métier de précepteur. En passant à Königsberg en 1792, il rend visite à Kant, qui le reçoit froidement. Après trois mois de privations, il remet à son maître un manuscrit sur la Critique de toute révélation (Versuch einer Kritik aller Offenbarung). C’est le début de la gloire. Il épouse à Zurich, en 1793, la nièce de Klopstock. Sa réputation de libéral et de démocrate ne l’empêche pas d’être appelé en 1794 à l’université d’Iéna, où il occupe jusqu’en 1799 la chaire de philosophie. Obligé de quitter Iéna à la suite d’une accusation d’athéisme, il se rend à Berlin. En 1805, il est professeur à l’université d’Erlangen et, en 1806, il enseigne à Königsberg ; après une fuite à l’étranger pour échapper aux troupes de Napoléon, il revient en 1807 à Berlin, où il prononce ses Discours à la nation allemande, manifeste du nationalisme allemand ; en 1810, il est élu recteur de l’université de Berlin.

La Théorie de la science (Wissenschaftslehre) de 1794 s’efforce de fonder la philosophie de Kant sur un principe unique et inconditionné : le moi transcendantal, à la fois position absolue d’existence (intuition que le sujet a son unité) et principe réel de l’action dans le monde. Le problème central consiste à retrouver l’absolu idéal au sein de la conscience réelle ; cette forme concrète de la conscience qu’est la perception du monde s’épanouit dans l’action, où l’absolu comme possible se transforme en un absolu existentiel. C’est la philosophie du moi fichtéenne à son origine : elle est généralement qualifiée d’idéalisme absolu.

Un second stade commence avec la Destination de l’homme (Die Bestimmung des Menschen, 1800) et la Théorie de la science de 1801. La première œuvre s’efforce de dégager, au-delà de la philosophie du moi, une intuition de l’être absolu. Ici prend corps de façon explicite l’intention religieuse : le fondement de la pensée n’est plus l’intuition objective, mais la croyance au sens de sentiment absolu, sur laquelle la spéculation, qui a pour rôle d’éclairer la part du déterminisme et celle de la liberté, doit s’appuyer pour découvrir l’unité absolue de l’homme et du monde dans l’action. L’ouvrage débouche sur un panthéisme moral affirmant la réalisation de Dieu par les actions humaines correspondant aux exigences spirituelles. La seconde œuvre se veut une histoire de l’esprit envisagée comme dialectique de l’être et de la liberté : effort de l’esprit pour s’affirmer dans un système de connaissance. La liberté ne l’emporte sur l’être donné qu’en y pénétrant, matérialisée par l’action ; être et liberté fusionnent dans le savoir conçu comme acte de découverte. À l’idéalisme absolu succède maintenant un réalisme absolu. On parle de « réalisme absolu » en 1801, parce que le « savoir absolu » correspond à un acte ou à un sentiment qui est vécu, mais non encore compris.

Les deux volets du système sont synthétisés dans la Théorie de la science de 1804. Le principe que Fichte s’emploie à démontrer dans cette « exposition de l’absolu » est celui-ci : la théorie du savoir philosophique est la théorie absolue, puisque la réflexion s’y exerçant sur la réflexion devient ainsi absolue. Cette réflexion aboutit à la découverte, elle aussi absolue, de l’unité de l’homme avec lui-même et avec le monde, connaissance qui engendre la béatitude.